Déboutée à Tabankort, chassée de Ménaka, battue et honnie à Anéfis par la Plate-forme, la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) ne sait plus désormais à quel saint se vouer. Sinon qu’à pactiser avec son allié et protecteur, la Minusma, que d’aucuns Maliens surnomment désormais «Minusmal», «Minusmerde» ou encore «Minuska» (Mission des Nations-Unies pour Kidal). Cette Cma vient de donner un coup de massue à l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus des négociations d’Alger, dont elle est pourtant signataire.
On savait que la Cma n’allait jamais tenir parole après qu’elle a signé l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Tellement qu’elle a habitué les Maliens à ses retournements spectaculaires de veste, avec la bénédiction d’une certaine communauté internationale, notamment de la France de François Hollande. En effet, c’est après de nombreux mois de manœuvres dilatoires, de malices, de propagandes, de tentatives de sabotage du processus politique, d’attaques meurtrières contre l’armée malienne, de pillages et d’attentats contre les populations civiles, qu’elle été contrainte à signer cet accord le 20 juin dernier. Mais, tout esprit averti savait qu’elle ne l’avait fait que pour une formalité, car le reniement de ses engagements est sa marque de fabrique.
Après sa dernière déroute à Anéfis face aux combattants de la Plate-forme avec comme tête de proue le Gatia, et l’occupation par ces derniers de ladite localité, son parrain, la Minusma, sous le couvert de la France, n’a trouvé mieux que de créer une «zone de sécurité» autour de Kidal où ces bandits armés et ennemis de la paix au Mali règnent en roitelets. Dans la foulée, les Maliens ont bien compris la vision impérialiste et sécessionniste, notamment de la France à travers la Minusma. Surtout qu’épaulés par ses parrains occidentaux, ils viennent de suspendre leur participation au Comité de suivi de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. Un péril donc sur le processus de la paix qui a été enclenché.
Pour rappel, l’accord pour la paix d’Alger a été signé le 20 juin dernier pour mettre fin au conflit au Mali. Il a été signé par le gouvernement et les groupes rebelles touareg du Nord du Mali. Mais, de nouveaux accrochages ont opposé le 15 août dernier des groupes armés pro-gouvernementaux aux rebelles de la Cma, faisant plus d’une dizaine de morts, chaque partie accusant l’autre d’avoir violé le cessez-le-feu. Les groupes pro-Bamako ont notamment pris le contrôle d’Anéfis, à 120 kilomètres au Sud de Kidal, bastion des rebelles touareg. C’est à la suite de cela que la mission de l’Onu au Mali, la Minusma, a établi une «zone de sécurité» autour de Kidal pour tenter de faire baisser la tension.
Maintenant, en suspendant sa participation au Comité de suivi, les bandits armés de la Cma confirment bel et bien qu’ils sont pour la partition du pays. Puisque ce Comité de suivi, dirigé par l’Algérie, avait été mis en place en juin, après la signature de l’accord de paix d’Alger par la Cma, afin de superviser sa mise en application.
«Nous venons de rencontrer la médiation internationale au siège de la mission de l’Onu au Mali. Jusqu’à ce que les groupes de la plateforme (pro-gouvernementaux) quittent la ville d’Anéfis (sous leur contrôle depuis mi-août), nous suspendons notre participation aux travaux du comité de suivi des accords d’Alger», a déclaré Sidi Brahim Ould Sidati, représentant de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma). Avant d’ajouter que, néanmoins, son mouvement armé «reste pour le dialogue, tant que sur le terrain, il n’y a pas d’autres violations de cessez-le-feu». Alors question : pourquoi son groupe armé a refusé de participer à la rencontre à laquelle il était convié à Bamako avec la Plate-forme ? Ces narco-terroristes pensent-t-ils que les Maliens sont dupes ?
Après avoir aidé le Mali, la France joue-t-elle au bourreau ?
Difficile de le faire comprendre aux populations qui ne juraient seulement hier que pour cette même France, se retourner contre une force qui aurait dû avoir encore sa confiance. C’est donc, peu de dire que, si aujourd’hui, les bandits armés de la Cma circulent avec autant d’aise et se pavanent à Kidal, c’est avec l’aide et la bénédiction de la France à travers «sa Minuski». Laquelle France a, il faut le reconnaître, considérablement aidé le Mali pour la libération des régions du Nord. Tout en ramenant aussi dans ses bottes et sous bonne garde les éléments du Mnla, lesquels étaient bottés et expulsés loin des frontières du Nord-Mali. Mais aussi, en empêchant à nos Fama l’entrée et la sécurisation de la région de Kidal. Ce qui fait que, notre sauveur de facto, se soit lui-même placé dans la position du bourreau au regard de sa grande mansuétude à l’endroit des rebelles de la Cma, particulièrement du Mnla.
Serge Bamba