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Douentza : faut-il craindre un conflit intercommunautaire ?
Publié le vendredi 28 aout 2015  |  Delta News




Hamidou ONGOÏBA B.P E 1045 Bamako
Les récents évènements survenus dans la Commune rurale de Mondoro, cercle de Douentza rapportés par Delta News du mercredi 19 août 2015 interpellent le gouvernement et plus particulièrement le ministre chargé de la Sécurité intérieure et de la Protection civile. En effet, comment peut-on venir dans un pays assassiner qui on veut et repartir effrontément sans être inquiété ? Et cela malgré la présence des forces de sécurité dans les environs. La lecture de l’article publié par Delta News nous a conforté dans les renseignements que nous avions eus récemment lors de notre descente à Douentza dont nous sommes l’un des originaires.
Situé à la lisière des régions nord du Mali, le cercle de Douentza a vécu toutes les atrocités de l’occupation et continue de vivre les séquelles de cette instabilité avec sa cohorte de désordre de spoliations et surtout d’assassinats qui restent impunis. D’après nos informations, depuis la crise survenue en 2012, il y a eu particulièrement à Mondoro plus d’une trentaine de crimes dont les plus caractéristiques ont été ceux perpétrés le 18 juillet 2015 par des individus armés : l’assassinat de 6 paisibles paysans qui étaient dans leurs champs. Leur faute ? C’est d’avoir labouré un espace qui aurait dû être réservé aux pâturages selon leurs meurtriers. Tous ces forfaits auraient été exécutés par des peuls. Le drame c’est que dans cette commune, composée de populations sédentaires (les dogons, agriculteurs et commerçants) et nomades ou semi-nomades (les peuls, pasteurs) hommes et femmes ont toujours vécu en parfaite harmonie exceptés les quelques conflits mineurs éleveurs-agriculteurs qui ont toujours été réglés sous le Toguna sans préjudice pour les uns et les autres.
La crise de 2012 a mis en mal cet équilibre intercommunautaire. En effet, à cause de cette crise, toutes les communautés se sont armées. En particulier les pasteurs peuls ont trouvé en le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) un allié naturel qui luttait contre le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) constitué selon eux de Touaregs, auteurs des actes de rezzous à leur égard. On se rappelle que certains peuls et pas des moindres, affichaient de façon ostentatoire leur lien avec le Mujao en implantant leur drapeau sur la toiture de leur case. Le cas typique et avéré de Boura Mody Diallo, chef de Boulikessi (un village peul) est connu de tous. Cet homme n’a pas hésité au moment de l’occupation de recruter et d’entraîner des jeunes gens pour les terroristes. Plusieurs d’entre eux seront des chairs à canon dans la bataille de Konna. Et même pour ces derniers évènements, on parle de sa complicité active avec les assassins. Il aurait tenu une réunion secrète avec eux et d’autres membres de sa communauté pour des desseins funestes.
Monsieur Diallo qui s’était exilé au Burkina-Faso après la débâcle des terroristes à Konna est de retour à Boulikessi. Ce retour aurait été possible, après interventions des dirigeants politiques ayant occupé de grandes responsabilités au niveau national et originaires de Douentza ou de sa communauté, c’est-à-dire des peuls comme lui.
Suite à l’accalmie intervenue en 2013 après l’intervention des forces françaises au Mali et au retour des forces de sécurité dans la Commune, l’état malien a demandé le désarmement des populations. Les quelques sédentaires qui s’étaient approvisionnés en armes ont obtempéré à la décision gouvernementale, les nomades ou semi-nomades pas. De ce fait, aujourd’hui une communauté armée se retrouve en face d’une autre dépourvue d’armes. Entre les deux, des forces dites de sécurité qui ne font aucun effort ni pour désarmer les uns ni pour protéger les autres. Cette situation peut-elle perdurer ? Je ne le pense pas. Connaissant le tempérament des populations de cette zone, nous craignons fort qu’après les travaux champêtres, si l’on ne prend garde, des batailles violentes intercommunautaires s’engagent ici et là dans toutes les communes où cohabitent dogons et peuls dans le cercle de Douentza.

C’est l’occasion pour nous d’interpeller les autorités politiques, administratives et les forces de défense et de sécurité afin qu’elles s’instruisent sérieusement du problème. Nous faisons également appelle à l’Association pour le développement de la Commune rurale de Mondoro (ADCRM) qu’il faut féliciter du reste car, elle a réagi spontanément dès qu’elle a appris la nouvelle. Elle a fait le déplacement à Mondoro pour plaider en faveur de l’apaisement en rencontrant toutes les communautés. Elle a eu le mérite de récolter la primeur des informations sur place et de faire venir une délégation de Mondoro, comprenant des parents des victimes afin d’avoir la version « non frelatée » des faits. Accompagnée de M. Maïga député élu à Douentza, cette délégation a été reçue par le ministre Sada Samaké. Nous interpellons également les bureaux locaux et nationaux de Ginna Dogon et TabitalPulaaku afin qu’ils prennent des mesures anticipatoires pour éviter un conflit intercommunautaire dans un cercle, Douentza, qui à regarder de près représente un concentré du Mali du point de vue communautés.
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