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Rebondissement dans l’affaire d’évasion des malfrats Séga, Bako et 3 autres au 13ème arrondissement : – Un évadé repris passe aux aveux – Quatre fonctionnaires de police mis aux arrêts
Publié le lundi 31 aout 2015  |  L’Indépendant
Tangara
© Autre presse par DR
Tangara




L’évasion spectaculaire de cinq malfrats, dont deux très dangereux, en l’occurrence Mohamed Yaré dit Séga et Issiaka Sanogo dit Bako, n’a pas fini de livrer tous ses secrets. De plus en plus, le puzzle se met en place et bat en brèche la thèse selon laquelle Séga aurait le don de défaire toutes les serrures par des procédés mystiques. Les faits étant têtus, la réalité a révélé la complicité sinon la participation active d’un sergent de police du nom de Drissa Soumano de la promotion 2006. Il a été clairement identifié par un évadé repris et qui a expliqué comment il a offert une barre de fer 10 qui a permis à Séga de défoncer la serrure et de se tirer avec quatre autres détenus.

Le commissariat de police du 13ème arrondissement passe de sales moments. En effet, les révélations sur l’évasion de cinq malfrats, dont deux réputés très dangereux, ont créé un profond malaise au sein de la police dont l’image est des plus ternies parmi les forces de sécurité. Lorsque Séga et Bako se sont évadés, avec eux trois “petits bandits”, le DG de la police a, quelques heures plus tard, relevé le commissaire Siriman Tangara de ses fonctions. Ses collègues en ont fait une question d’honneur pour retrouver les bandits.

C’est ainsi qu’une patrouille de grande envergure a été lancée. Elle a permis de mettre la main sur un des “trois petits bandits” qui avaient fui en même temps que les plus dangereux. Il a été conduit au 13ème pour vol de moto Djakarta. Au lieu de le “cuisiner” comme c’est de coutume en pareil cas, les policiers ont plutôt sollicité sa collaboration car il était présent au moment des faits et a, en conséquence, tout vu et entendu.

C’est ainsi qu’il a raconté que c’est un policier qui est venu donner une barre de fer à Séga à travers la petite fenêtre d’aération du violon et un téléphone à travers lequel il lui indique les moments les plus propices pour passer à l’acte. Le premier bout de fer s’étant révélé peu résistant, le policier, rapporte le bandit, est revenu avec une portion de fer 10 qui a permis à Séga d’ouvrir les trois serrures et de s’enfuir avec son complice Bako et trois autres.

Menottés, les bandits ne pouvaient pas aller loin. Le repris rapporte que le Sergent de police les a délivrés, les a rencontrés ensuite pour leur enlever les menottes afin qu’ils puissent se mouvoir facilement. Nous étions dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 août. A la question de savoir s’il peut reconnaitre le policier en question, le bandit répond par l’affirmative. Une très longue nuit commença car tous les policiers en fonction au 13ème arrondissement furent convoqués. Ironie du sort, on les fit défiler un après un, comme des suspects défilent devant un témoin pour l’identification. Le bandit ne parvient pas à identifier le policier en question durant le premier tour au cours duquel tous portaient des bérets. On leur demande de se décoiffer pour le second tour. Et là, en moins d’une minute, il pointe le doigt sur le Sergent de police Drissa Soumano qui était de faction cette nuit, autrement dit c’était lui la sentinelle. Ce témoignage est d’autant plus à prendre au sérieux que son auteur, en regardant le policier en face lui a dit ceci : ” Après avoir remis 75.000 FCFA à Séga, tu lui as dit d’aller vers Fana sinon Bamako va lancer tous les porteurs de tenue à votre poursuite. Et à moi, tu m’as remis 2.000 FCFA pour que je m’achète une paire de chaussures “.

Le sergent Soumano est immédiatement mis aux arrêts et conduit à l’Ecole nationale de police. Lorsque l’information est parvenue au DG de la police, il aurait instruit de le ramener et le garder dans le violon d’où se sont évadés les bandits avec sa complicité. Ce qui fut fait vers 4 heures du matin. Une perquisition a été ordonnée à son domicile mais les perquisiteurs reconnaissent n’y avoir rien trouvé comme indice. Ils soutiennent toutefois que la chambre du Sergent Soumano était sens dessus-dessous, comme si quelqu’un était passé avant eux. Des sources proches de l’affaire rapportent que le Sergent Drissa Soumano aurait perçu environ 500.000 FCFA pour sa collaboration dans l’évasion de Séga, Bako et trois autres. L’intéressé continue de clamer son innocence au nom de tous les Saints mais au sein de la police on raconte qu’il n’est pas un enfant de chœur et qu’il peut faire pire que ça.

Un de ses camarades de promotion l’accable : “En janvier prochain, on devrait tous passer comme sergent-chef mais j’étais convaincu que quelque chose entraverait son cas. Ça n’a pas failli”.

Afin de tirer au clair cette affaire, le Sergent Soumano a été confié à la brigade d’investigation judiciaire de la gendarmerie.

Trois autres fonctionnaires de police ont été mis aux arrêts dans le cadre de cette même enquête et sont détenus à l’Ecole nationale de police. Il s’agit du permanent (l’Inspecteur Karim Koné), le chef de poste (Sergent-chef Idrissa Doumbia dit Ziko) et le garde-violon (Sergent-chef Ibrahima Abdoulaye Maïga).

Qu’est ce qui leur est reproché ?

Pour l’Inspecteur Karim Koné, c’est lui qui remplace le commissaire de la descente à la reprise. Pendant le week-end, il joue le rôle de commissaire. Dans la nuit de l’évasion, tous les témoignages rapportent qu’il avait été alerté par un planton. Les mêmes sources soutiennent qu’il était enfermé dans son bureau avec une femme, une fille de joie probablement. A propos, un sous-officier ironise : “Ces pratiques sont courantes chez nos chefs “.Quant au chef de poste, le Sergent-chef Idrissa Doumbia dit Ziko, il aura à s’expliquer sur son absence au moment des faits.

Enfin le garde-violon, le Sergent-chef Ibrahima Abdoulaye Maïga. Ses camarades trouvent qu’il n’est pas capable de tremper dans une affaire de ce genre. Cependant, c’est lui qui devrait avoir les clés au moment de l’évasion. Mais non seulement il ne les a pas et en plus, les clés restent introuvables. Un inspecteur du 13ème arrondissement a sa petite idée. “Le garde-violon et la sentinelle se relayent. En terme clair, au moment des faits, c’est Maïga qui était le garde-violon et Soumano la sentinelle. Quelques heures plus tôt, c’était l’inverse c’est-à-dire Soumano le garde-violon et Maïga la sentinelle. Je suis sûr que Soumano a profité de ce changement constant de poste pour garder les clés du violon par devers lui pour assouvir son dessein” confie-t-il.Cette affaire pose la problématique de la moralité des éléments des forces de sécurité et de défense en général, ceux de la police en particulier. Car, de tous les porteurs d’uniforme, le policier est celui qui est le plus en contact avec la population.

A ce titre, il se doit d’adopter un comportement exemplaire afin de contribuer à la sensibilisation et l’éducation des citoyens dont il assure la sécurité. Avec ces différents scandales qui éclaboussent la corporation, on ne cessera jamais de le répéter, la hiérarchie doit revoir sa copie.

Diakaridia YOSSI
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