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Moussa Mara au grand débat économique : “Certains cadres se prostituent pour avoir un poste de responsabilité”
Publié le mardi 1 septembre 2015  |  L’Indicateur Renouveau
Assises
© aBamako.com par A. SECK
Assises de la Fédération internationale des experts comptables et commissaires aux comptes francophones
Dakar, le 24 Novembre 2014 - Mouhamed Boun Abdallah Dionne a présidé, lundi, en compagnie de son homologue malien, Moussa Mara, le démarrage des travaux de la quinzième édition des assises de la Fédération internationale des experts comptables et commissaires aux comptes francophones (FIDEF).




Au 3e numéro du “Grand débat économique”, Issa Fakaba recevait sur son plateau deux vieux loups des questions économiques au Mali, de par les fonctions qu’ils ont occupées. Il s’agit de la retrouvaille de l’ancien Premier ministre Moussa Mara et de l’honorable Mody Ndiaye de l’opposition. Au cours de ce débat riche en enseignements, l’expert-comptable, avec son franc-parler, a déploré le fait que certains cadres du Mali se prostituent pour avoir des postes de responsabilités.



Au cours de ce débat, dont le thème était “qu’est-ce qu’il faut changer dans la gouvernance économique actuelle ?”, les invités ont essayé chacun de dresser un bilan avant de se projeter dans le futur. Moussa Mara a estimé qu’au regard de l’état de développement actuel du Mali, qu’on ne peut pas estimer que notre dispositif de gouvernance économique est efficiente et ne peut alors être considéré comme modèle.

Il a souligné que si le but de la gouvernance économique est de faire en sorte que le pays soit développé, force est de constater au vu des résultats que notre système ne peut être un modèle pour d’autre pays éventuellement.

A la suite de l’ancien Premier ministre, Mody Ndiaye a aussi dépeint un tableau sombre de notre système de gouvernance. Pour lui, il faut d’abord se baser sur les réalisations actuelles et les référentiels en la matière est le Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté.

Au niveau des emplois, “nous sommes dans une situation de chômage très inquiétante. Et concernant le marché, le pouvoir d’achat, l’inflation va de plus belle et d’ailleurs nous connaissons une flambée de prix extraordinaire, nous n’avons pas également de maîtrise de notre politique monétaire. Il n’y a pas une volonté politique par rapport à la gouvernance économique ni de leadership au sommet, c’est pour vous dire bref, aujourd’hui que les indicateurs sont au rouge par rapport à la gouvernance économique dans notre pays”, a-t-il déploré. Et de regretter que le régime n’a apporté aucune innovation en matière de gouvernance économique, pis, il est resté sur le cadre stratégique malgré la crise, la qualité de régulation est nulle, a-t-il déclaré.

Quant aux voies et moyens à emprunter pour sortir de cette situation qu’ils estiment tous déplorable, chacun propose sa recette. Pour l’honorable Ndiaye, il faudrait fonder une économie nationale pour prendre en charge convenablement nos problèmes sociaux.

Mais pour Moussa Mara, c’est l’élite qui doit se saisir de l’économie et que le leadership s’inscrive dans la planification à long terme du développement. Aux dires de Mara, bien de cadres se prostituent pour avoir un poste de responsabilité, mais s’ils sont protégés et choisis selon un processus objectif incontestable vis-à-vis d’une hiérarchie pour des raisons x ou y qui ne voudrait plus d’eux, je pense que cela peut nettement contribuer à amélioration de la qualité de notre système de gouvernance économique, a martelé l’expert-comptable.

Il a aussi indiqué que les insuffisances de notre système fiscal doivent être rapidement corrigées. Et que nous devons arrêter de construire notre budget en comptant sur l’aide extérieure. Sur ce dernier volet l’honorable Ndiaye a une lecture. Pour lui, le crédit extérieur en soi n’est pas un problème, mais c’est plutôt la gestion qu’on en fait. “Aussi longtemps qu’on n’aura pas une vision qui a la préoccupation de la gestion de la gouvernance économique, on ne fera aucun progrès”.

Somme toute, au-delà des critiques parfois aiguës et souvent sans état d’âme au cours de ce débat, il a accouché des propositions dynamiques. Et partant de là, on est en droit d’affirmer que c’est parti pour le renforcement du niveau d’information des citoyens et de la culture du débat intellectuel qui est quasi inexistant au Mali.

Oumar B. Sidibé
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