Le président IBK a décidé, le week-end dernier, de s’impliquer personnellement et de se porter en première ligne dans le contentieux qui prévaut à Anefis, en demandant aux leaders de la Plateforme de retirer leurs troupes de la localité qu’elles contrôlent depuis la mi-août.
Il ne pouvait faire autrement étant donné que c’était l’unique option sur la table et que la pression de la médiation internationale ne lui laissait guère d’autre alternative.
Critiquée par une partie de l’opinion, la création par la MINUSMA d’une ” zone de sécurité ” autour de Kidal procède de sa mission de protection de la population civile même si force est de reconnaitre qu’elle n’a pas toujours été à hauteur de cette mission partout par le passé. Elle vise aussi et surtout à prévenir un dérapage du processus de paix qui, avait-on cru ou espéré, avait atteint un point de non-retour avec la finalisation de la signature de l’accord issu des discussions d’Alger, le 20 juin à Bamako.
Laisser les forces de la Plateforme tirer avantage de leur position dominante sur le terrain au point d’occuper Kidal et d’en chasser les ex-rebelles qui en ont fait, une brève période, la capitale de leur illusoire, fantasmagorique ” république de l’Azawad ” aurait certainement procuré un sentiment de revanche accomplie à certains de nos compatriotes qui éprouvent du mal à faire leur deuil d’un certain 21 mai 2014 de triste mémoire.
Mais cette prouesse militaire, si elle a lieu, n’apporterait pas une paix durable, encore moins définitive recherchée par nos concitoyens, nos autorités et la Communauté internationale. Bien au contraire, elle ne ferait que prolonger et aggraver les souffrances physiques et morales de nos populations, retarder le relèvement économique du pays, obérer le devenir des générations actuelles et celles à venir.
Cela, par l’avènement inéluctable de nouvelles rebellions qui pourraient pactiser avec des groupes narco-terroristes (en plus d’AQMI, du MUJAO, du Front de Libération du Macina, l’Organisation de l’Etat Islamique est déjà implantée en Libye et au Nigéria et pousse des racines dans des pays limitrophes) pour asséner des coups dévastateurs à l’Etat républicain, démocratique, fondé sur les droits de la personne humaine auquel aspire, se dédie et se consacre le Mali actuel.
Voilà pourquoi il est urgent et impérieux de faire taire les armes, de lever les écueils où ils peuvent surgir, de ne pas faire de fixation sur un passé douloureux et nourrir la haine, de tourner le dos à la guerre et d’aller résolument vers la paix des cœurs et des esprits.
Pour tout dire, il faut s’attacher à la sauvegarde et à la mise en œuvre de l’accord du 20 juin 2015 de Bamako qui – cela a fait l’objet d’un consensus universel – renferme toutes les conditions pour asseoir une paix véritable et un bonheur partagé par tous les Maliens.
Dans ce défi historique, l’appui et l’accompagnement de la Communauté internationale sont et resteront de la plus haute importance.
Saouti HAIDARA