Des milices d’autodéfense peules se sont organisées depuis le début de l’année pour former le Front de libération du Macina, du nom de cette région du centre du Mali qui s’étend de la frontière mauritanienne à la frontière burkinabè et dont l’épicentre se situe autour de Mopti. Mais les membres de cette nouvelle organisation se sont rapidement radicalisés et leur rhétorique fait fâcheusement penser à celle d’une autre organisation de la région, Boko Haram.
Le Front de libération du Macina est encore très mystérieux et les autorités maliennes sont même dans l’incapacité d’affirmer que son fondateur et chef présumé, Amadou Koufa, est toujours en vie. Prédicateur connu pour ses prêches enflammées, Amadou Koufa s’est fait remarquer par ses appels à faire de Mopti la capitale d’un futur califat ainsi que pour ses références à l’empire peul du Macina, un empire théocratique qui a prospéré au XIXe siècle, en même temps que le califat de Sokoto auquel se réfèrent parfois les leaders de Boko Haram. Proche d’Iyad Ag Ghaly, le leader d’Ansar Eddine, certains disent qu’il aurait péri en janvier 2013 lors de l’offensive des djihadistes vers le sud qui avait provoqué l’intervention de l’armée française et qu’il aurait lui-même engagée dans le but de conquérir la ville de Mopti.
Le fait est qu’aujourd’hui, le Macina est l’un des principaux théâtres des violences qui minent le Mali. Ces derniers mois, les offensives contre les forces de l’ordre maliennes s’y sont multipliées, plusieurs villages dont ceux de Nampala, Ténenkou et Boulkessi ont été attaqués et une série d’assassinats ciblés y ont été enregistrés. La plus médiatisée de ces attaques a été l‘assaut d’un hôtel de Sévaré, une ville stratégique pour les militaires, au début du mois d’août.