Visiblement, les propos pieux tenus par les occupants des villes du Nord, notamment celle de Gao sont comparables à ceux d’un prêtre catholique qui conseille en expert un couple le comportement à tenir pour la bonne conduite et la durée de leur union.
Seulement quelques mois après leur arrivée à Gao, les hommes forts du MUJAO, dont les accointances avec AQMI et autres ne sont pas à ignorer, ont fini par se distinguer par ce qu’ils reprochaient et interdisaient à la population de la ville. Les faits signalent que les vols et autres actes de banditisme orchestrés dans la ville ne sauraient avoir pour auteurs et acteurs la population civile de Gao. Alors, la charia qui battait et bat toujours son plein avec des scènes de lapidation, d’amputation et autres sanctions qui, pour les « fous de Dieu », seraient les exigences de la religion musulmane, serait-elle infligée aux responsables de vols de portables et de plaques solaires dans la ville de Gao ? En tout cas, le samedi dernier, des voleurs ont emporté la quasi-totalité des portables et panneaux solaires dans des magasins de la ville. Les faits se sont produits entre 2 et 3 h du matin : les cambrioleurs se sont introduits par effraction dans les magasins situés entre la mairie et le commissariat islamique de la ville. D’où la stupéfaction de la population qui se demande comment cela a pu se produire alors que cette partie de la ville est placée sous le contrôle des hommes du MUJAO qui assurent jour et nuit la permanence dans la surveillance.
En tout cas, c’est avec stupeur que les habitants de Gao ont appris la nouvelle car ils se demandent comment des cambrioleurs peuvent se hasarder dans une zone sécurisée par les « fous de Dieu », ceux-là mêmes qui n’hésitent pas à couper les mains et pieds d’un voleur ? Depuis l’arrivée des islamistes à Gao, une organisation s’est formée pour sécuriser la ville. C’est ainsi que de jeunes natifs de la région surveillent quelques zones et que les éléments du MUJAO s’occupent du reste. Mais à la surprise générale, le cambriolage du samedi dernier ne s’est produit ailleurs que dans la zone contrôlée par le MUJAO. Aussi, selon des observateurs présents dans la ville, il s’agit tout simplement d’un cambriolage orchestré par le MUJAO. Sinon, à quoi sert leur présence dans cette zone qu’eux-mêmes ont décidé de sécuriser ? Par ailleurs, avant de démasquer les auteurs de ce vol, une plainte a été déposée par les victimes qui ne s’attendent pas à grand-chose après enquête car d’après un adage bambara, « une aiguille dont le chercheur a le pied posé dessus ne sera jamais retrouvée».