Le vol de bétail est un phénomène qui touche tous les éleveurs. Dans notre pays, l’élevage tourne au ralenti à cause de la fréquence des vols dans la périphérie du District, entre le Mali, la Guinée et la Côte d’Ivoire. En la matière, le cas le plus récent est celui survenu dans le parc de M’Baye Dramera à Djatoula où les malfaiteurs sont repartis avec deux vaches laitières. Ce phénomène appauvrit les éleveurs qui s’endettent pour améliorer leur parc.
Au niveau de la fédération nationale des groupements interprofessionnels de la filière bétail-viande au Mali (FEBEVIM), on estime que le problème du vol de bétail est d’actualité et multiforme. Selon le trésorier général de l’organisation, Modibo Bâ, ce sont 3.000 têtes de bovins maliens qui se retrouvent en Guinée. L’ampleur de la situation, dit-il, a poussé son organisation à rencontrer le président guinéen lors de sa récente visite dans notre pays. Cette rencontre, poursuit-il, a permis de mettre la main sur l’un des cerveaux de ce trafic.
Dans le district de Bamako et ses environs, il ne se passe pas un seul jour sans qu’une ferme soit braquée par des voleurs de bétail. Ils sont, pour la plupart, munis d’outils sophistiqués et même des armes de guerre pour accomplir leur sale besogne, a déclaré Modibo Bâ que nous avons joint au téléphone.
Le cas le plus récent qui nous est rapporté est survenu dans la ferme de M’Baye Dramera situé à Djatoula derrière Sénou. La ferme de Dramera a été braquée dans la nuit du jeudi au vendredi dernier. L’intéressé affirme que les voleurs ont profité de la forte pluie qui s’est abattue sur Bamako pour pénétrer et emporter deux vaches laitières dont la valeur marchande est estimée à 2,5 millions chacune. Ces vaches, selon M’Baye Dramera, produisent entre 10 et 15 litres de lait par jour.
” C’est la troisième fois que ma ferme est victime de braquage. A chaque fois, ils parviennent à repartir avec mes animaux les plus chers “, a déclaré M’Baye Dramera.
Le vol de bétail, selon les acteurs, est dû à l’absence de sécurité dans notre pays. C’est pourquoi, les éleveurs et leur organisation ont tenté de renforcer leur parc. Ils estiment que le phénomène n’est pas pris au sérieux par les plus hautes autorités. Tous ont pointé du doigt les services de sécurité qu’ils qualifient de laxistes et complices.
Du côté de la DNPIA, la directrice adjointe Mme Koné Salimata Ouattara a déclaré que des réflexions sont en cours pour renforcer l’arsenal juridique existant. Pour Modibo Bâ, son organisation exhorte l’Etat du Mali à emboiter le pas au Sénégal. Ce pays, selon lui, a criminalisé le vol du bétail à travers une loi. Ces mesures visent à sécuriser le cheptel dans ce pays. Toutefois, Modibo Bâ a salué la coopération dont son organisation bénéficie de la part des autorités ivoiriennes.
La prise en compte du phénomène du vol de bétail doit être la priorité. “Nous sommes en train d’améliorer notre parc en allant vers la technologie d’insémination. C’est pourquoi, nous demandons aux autorités de nous assister pour sécuriser notre investissement “, a ajouté Draméra. L’élevage, selon les statistiques officielles, est l’un des poumons économiques du Mali. Il contribue au trésor public, après l’or et le coton, à hauteur de plus de 250 milliards CFA par an. D’où la colère des éleveurs qui estiment que le combat contre le vol de bétail ne semble pas être la priorité des autorités du Mali à cause de la lenteur dans la prise en charge des décisions.
Moussa SIDIBE