Le retrait de la Plateforme d’Anefis n’est toujours pas effectif. Une délégation du mouvement est présente depuis trois jours à Gao « pour sensibiliser la population et ses combattants » sur ce retrait. Ses représentants qui devaient se rendre à Anéfis ont renoncé compte tenu des fortes pressions actuelles. Les responsables de la Plateforme disent « être d’accord pour quitter la ville », mais ils demandent "plus de temps".
Le Président IBK en visite à Alger, n’a pas voulu revenir sur la situation qui prévaut dans cette région. Il s’est limité à exprimer son souhait de « bâtir le socle de la paix ».
Mongi Hamdi a rencontré hier le Premier Ministre Modibo Keïta. A l’issue de l’entrevue, le Représentant spécial du secrétaire général des Nations-unies a déclaré que « la Minusma facilitera l’application du départ de la Plateforme d’Anefis » sans toutefois préciser la nature de cette facilitation.
Sur place à Anéfis, la situation reste tendue. Des observateurs indiquaient hier que les forces du Gatia et celles de la Coordination des Mouvements de l’Azawad sont à quelques kilomètres les unes des autres. Des sources locales indiquent également que les habitants favorables à la CMA auraient quitté la ville pour se réfugier dans les environs. Les autres qui soutiennent la Plateforme souhaitent toujours le maintien de Gatia dans la citée.
A ce stade, on ignore quel va être le calendrier du retrait et celui du déploiement des Casques bleus dont la présence n’a toujours pas été évoquée officiellement.
Toutefois, les responsables de la Plateforme poursuivent depuis trois jours à Gao « une mission d’explication et de sensibilisation sur son retrait d’Anéfis aux populations et à ses combattants ». Si ces responsables sont d’accord sur le principe du retrait, ils soulignent en revanche que certains combattants sont toujours opposés à cette décision. La Plateforme se donne encore du temps pour « mieux expliquer les enjeux » d’un éventuel retrait.
Hambala Ag Amzata est secrétaire général adjoint du Gatia, membre de la plate-forme. Il est joint par Issa Fakaba Sissoko.
« Quand nous sommes arrivés à Gao, nous étions dans la logique de continuer immédiatement sur Anefis. Malheureusement avant d’arriver à l’aéroport de Gao, nous avons trouvé un rassemblement de la population avec les responsables de la Plateforme. On n’a pas du tout compris ce qui se passe, il y a eu beaucoup d’intoxication autour de ce retrait. Il était important pour nous de maîtriser ce qui se passe ici à Gao. Il y a beaucoup de combattants qui ne comprennent pas cette décision, il y a beaucoup de populations qui la comprennent pas également que le fait que les gens sont rentrés chez eux, ils ont été très bien accueillis par leurs populations et qu’on leur dise retourner dans vos positions. Je pense que nous avons besoin du temps pour bien expliquer aux uns et aux autres les enjeux, pour qu’on aille de l’avant, pour sauver le processus et que les gens rentrent dans la mise en œuvre de l’accord. Je ne vois en rien, et en quoi ça gène quelqu’un, que son président de la République l’appelle pour lui donner des conseils, à cause du prix qu’on avait payé pour la paix, et à cause de tout ce qu’on a fait comme effort pour avoir l’accord. Je ne pense pas que le président de la République appartient à nous tous il doit nous conseiller ».
La localité d’Anefis est un enjeu stratégique pour la Plateforme et la CMA. Selon certains observateurs, la bataille pour le contrôle de la localité traduit aussi la guerre pour le contrôle des routes des trafics. Face à cette situation, « la médiation doit vite trouver un compromis pour gérer le conflit ».
Serge Daniel, journaliste, écrivain, était l’invité du Grand Dialogue d’hier...
" Ce qui tient Anefis aujourd’hui, bien sûr c’est l’autre enjeu de la crise : le contrôle des routes du trafic de la drogue. Vous savez qu’il pleut énormément dans le nord du Mali actuellement, et il n y a pas beaucoup de routes. J’espère que ça va se calmer assez rapidement. Vous savez que le Président de la République était à Alger, ils ont parlé de la situation pour trouver une solution où il n’y a ni vainqueur ni vaincu. Retrait ou pas retrait, ou même retrait coordonné du Gatia, il faut l’arrivée de la Minusma sur place et que cette zone soit peut-être démilitarisée. Mais si on ne règle pas vite le problème, vous l’avez appris du coté de Kidal, il y a eu des renforts qui sont venus de la Libye, des pays voisins. Ils sont surarmés. Réduire le Gatia à une milice gouvernementale, c’est très réducteur parce que c’est une armée puissante. Eux aussi sont en train de renforcer leurs positions. Vous avez également des trafiquants dans quelques groupes. Donc la situation est quand même explosive. Si on ne trouve pas la solution, on va reculer au lieu d’avancer dans le processus de paix ".