Un communiqué conjoint algéro-malien a été rendu public, hier, à l'issue de la visite d’amitié et de travail du Président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, à Alger, du 30 août au 1er septembre 2015, dont voici le texte intégral :
« 1. À l’invitation de Son Excellence M. Abdelaziz Bouteflika, Président de la République algérienne démocratique et populaire, Son Excellence M. Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali, a effectué une visite d’amitié et de travail, du 30 août au 1er septembre 2015.
2. La visite du Président malien s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations traditionnelles d’amitié, de solidarité, de coopération et de bon voisinage qui existent entre l’Algérie et le Mali, conformément à l’engagement de leurs dirigeants de conférer une dimension stratégique aux relations bilatérales, reflétant ainsi les aspirations des peuples algérien et malien.
3. Au cours de cette visite, les deux Chefs d’État ont eu des rencontres en tête-à-tête et des discussions élargies aux deux délégations.
4. Cette rencontre a constitué une occasion pour les deux Chefs d’État de passer en revue l’état de la coopération dans plusieurs domaines et d’affirmer leur détermination pour les renforcer davantage, à travers la mise en place de programmes de coopération mutuellement bénéfiques.
5. Les deux Chefs d’État ont confirmé la convergence totale des positions et des analyses politiques des deux pays sur les principales questions d’intérêt commun, et ont réitéré leur engagement commun d’œuvrer au renforcement des relations de coopération dans tous les domaines en vue de l’édification d’un partenariat stratégique.
6. Les deux Présidents ont procédé à un échange sur les évolutions intervenues dans chacun des deux pays, notamment les réformes et les grands programmes de développement en cours de réalisation.
7. À l’occasion de cette visite, le Président Bouteflika a réitéré ses félicitations au Président malien suite à la signature à Bamako de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali, par le gouvernement malien et les Mouvements du Nord, en rappelant la nécessité et l’urgence pour les parties maliennes de s’impliquer dans la mise en œuvre fidèle et intégrale des dispositions de cet accord en vue d’assurer un retour durable à la paix.
8. Il a réitéré à son homologue malien la disponibilité de l’Algérie à accompagner le Mali frère, à consolider la sécurité et la stabilité dans le cadre de l’intégrité territoriale et de l’unité du Mali à travers le parachèvement d’une réconciliation nationale.
9. Dans ce contexte, Son Excellence le Président Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali, a exprimé ses remerciements à Son Excellence Abdelaziz Bouteflika, pour la réussite de la médiation internationale, sous la conduite de l’Algérie, qui est parvenue à un règlement global de la crise malienne. À cet égard, le Président Ibrahim Boubacar Keïta a décoré le Président Abdelaziz Bouteflika de «la médaille de Grande Croix de l’ordre national du Mali», la plus haute distinction du Mali. À son tour, le Président Abdelaziz Bouteflika a décerné la médaille Athir au Président Ibrahim Boubacar Keïta en reconnaissance pour son rôle dans le raffermissement des liens historiques d’amitié et de bon voisinage entre l’Algérie et le Mali, la réalisation de la paix au Mali et sa contribution dans l’instauration de la sécurité dans la sous-région.
10. Abordant les relations bilatérales, les deux Chefs d’État ont réitéré leur volonté d’œuvrer à leur renforcement et à leur diversification pour qu’elles reflètent les potentialités de coopération qui existent entre les deux pays.
11. Dans cette perspective, les deux Chefs d’État ont décidé de réunir, avant la fin de l’année 2015, les différents mécanismes bilatéraux de coopération, notamment le Comité bilatéral stratégique et la 12e session de la grande Commission mixte de coopération algéro-malienne sous la présidence des deux Premiers ministres.
12. Les deux Chefs d’État sont, également, convenus de la tenue d’une réunion préparatoire à cette 12e session de la grande Commission mixte de coopération qui sera chargée d’identifier les actions concrètes de coopération. Ils ont, en outre, relevé la nécessité d’impliquer les hommes d’affaires des deux pays. Dans ce cadre, une réunion des hommes d’affaires algériens et maliens se tiendra en marge des travaux de la 12e session de la grande Commission mixte de coopération.
13. Les deux Chefs d’État ont, enfin, convenu de réunir la 13e session du Comité bilatéral frontalier.
14. S’agissant des questions régionales et internationales, les deux Chefs d’État ont relevé, avec satisfaction, la convergence de leurs analyses politiques et l’identité de leurs vues sur l’ensemble des thèmes abordés, en mettant en exergue le rôle actif que déploient les deux pays au niveau continental et dans leurs sphères d’appartenance géographique respectives pour la promotion d’un climat de paix, de stabilité et de prospérité au développement.
15. Les deux Présidents ont convenu de renforcer la concertation et le dialogue bilatéral à tous les niveaux et en toutes occasions, notamment à la veille d’échéances régionales et internationales importantes et au sein des fora d’appartenance commune.
16. Les deux Chefs d’État se sont également félicités de la coopération prometteuse qui se développe et se renforce dans le domaine sécuritaire, au niveau de la région, et ont apporté, dans ce cadre, leur appui au processus de Nouakchott visant à opérationnaliser l’architecture de paix et de sécurité au Sahel.
17. Dans ce contexte, ils ont convenu de conjuguer leurs efforts en vue de la consolidation de la coopération régionale et internationale pour poursuivre la lutte contre le terrorisme et le crime organisé et réitérer leur engagement résolu à ne ménager aucun effort pour renforcer la sécurité et la stabilité dans la région du Sahel.
18. Ils ont réitéré, à cet égard, leur profonde conviction que la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière organisée dans la région du Sahel devrait se poursuivre de manière déterminée, notamment dans le cadre des mécanismes de coopération mis en place par l’Union africaine et les pays du champ. Dans ce cadre, ils ont apporté leur soutien au Centre africain d’étude et de recherche sur le terrorisme (CAERT), au Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC) et à l’Unité de fusion et de liaison (UFL).
19. Dans ce contexte, les deux Chefs d’État ont réitéré leur ferme condamnation de la pratique du paiement des rançons aux groupes terroristes contre la libération d’otages, conformément aux décisions de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine et des résolutions pertinentes du Conseil de la sécurité des Nations unies.
20. Concernant la Libye, les deux Chefs d’État ont exprimé leur profonde préoccupation face à la détérioration de la situation dans ce pays qui menace la nation libyenne dans ses fondements, ainsi que la stabilité et la sécurité dans la région. Ils ont souligné l’impératif du respect du cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire libyen, et encouragé les parties libyennes, à l’exclusion des groupes terroristes reconnus en tant que tels par les Nations unies, à s’engager loyalement et de bonne foi dans le dialogue initié par le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Libye, M. Bernardino Leon, en vue de parvenir à une solution politique qui préserve l’unité, l’intégrité du territoire, la stabilité du pays et la cohésion de son peuple.
21. Abordant la question du Sahara occidental, les deux Chefs d’État ont réaffirmé leur soutien aux efforts du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, et son envoyé spécial, M. Christopher ROSS, visant à trouver une solution politique mutuellement acceptable qui pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies.
22. S’agissant de la situation au Moyen-Orient, les deux Présidents ont réitéré leur soutien pour un règlement juste et durable du conflit israélo-palestinien, consacrant le droit du peuple palestinien à la création d’un État indépendant avec comme capitale El-Qods.
23. Les deux parties ont plaidé en faveur d’une réforme profonde de l’Organisation des Nations unies qui permette la participation active des pays africains au processus de prise de décisions au niveau de cette organisation, conformément à la position commune africaine reflétée dans le consensus d’Ezulwini.
24. Les entretiens entre les deux parties se sont déroulés dans une atmosphère cordiale et fraternelle, empreinte de compréhension mutuelle.
25. Le Président malien, S. E. M. Ibrahim Boubacar Keïta, a remercié vivement le Président Abdelaziz Bouteflika pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité qui lui ont été réservés, ainsi qu’à la délégation qui l’a accompagnée.
26. Il lui a adressé une invitation à l'effet d'effectuer une visite officielle au Mali. Cette invitation a été acceptée avec plaisir, la date sera arrêtée d’un commun accord par voie diplomatique. »
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Le Président malien achève sa visite de travail et d’amitié en Algérie
Le Président malien, Ibrahim Boubacar Keïta a achevé, hier, une visite de travail et d’amitié de trois jours en Algérie, à l'invitation du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Le Président malien s'est entretenu, durant son séjour à Alger, notamment, avec le Président Bouteflika et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. L'Algérie et le Mali sont décidés de tout faire pour que les dividendes de la paix soient «immédiatement palpables», avait déclaré, lundi dernier, le Président Keïta, à l'issue de ses entretiens par le Président Bouteflika. M. Keïta avait déclaré également que l'Algérie et le Mali «savent très bien que le terrorisme et l’incompréhension se nourrissent beaucoup de l’amertume, à l’aune du sous-développement et du dénuement». D'ailleurs, il avait souligné que l'Accord de paix et de réconciliation ouvre la voie à d’autres chantiers, recommandant de «bâtir à présent le socle de la paix sur le développement».