Il est une réalité difficilement contestable : les Peuls se sont armés et organisés, et il n’y a là rien de nouveau ni d’étonnant.
“Nous sommes dans une région marquée par de nombreux conflits communautaires, explique Boukary Sangaré, un anthropologue qui parcourt le Macina depuis sept ans. Les Peuls nomades, des bergers pour la plupart, ont souvent des problèmes avec les Touaregs ou les Dogons. Quand les rebelles puis les jihadistes sont arrivés en 2012 et que l’Etat a disparu, il n’y avait plus personne pour régler les conflits. Ils ont donc dû s’armer pour se défendre. Ils ont sollicité l’aide des autorités, mais après leur refus, ils se sont tournés vers les jihadistes et notamment vers le Mujao”. Dans le même temps, les idées salafistes gagnaient du terrain, les prêches dénonçant, comme au Nigeria, “l’éducation des Blancs” se multipliaient, et Kouffa se rapprochait d’Iyad.
Après l’intervention française et la reconquête du Nord, le Macina a été la première région réoccupée par l’armée malienne. “Les soldats, qui rêvaient de revanche, y ont exprimé toutes leurs frustrations”, indique une source française. Et les Peuls l’ont parfois payé de leur vie.
Des ONG y ont enregistré des exécutions sommaires et des rafles, mais aussi des insultes et des vols de bétail. “Dans certains cas, les villageois servaient même de boucliers humains aux soldats, glisse une source onusienne. Cela a poussé les gens à reprendre les armes et à rejoindre l’ennemi : les groupes jihadistes”.
Selon cette même source, ce qui était perçu, au début, comme des “initiatives locales d’autodéfense” a pris les traits d’un “mouvement structuré” dont on ne sait rien. La grande crainte de Boubèye Maïga, en février, était que les Peuls du Macina s’allient avec d’autres Peuls qui avaient eux aussi pris les armes pour se défendre (tout près, à la frontière entre le Mali et le Niger, ou très loin, dans les forêts centrafricaines) et que des hommes politiques en mal de publicité au Mali ne fassent de la “pulitude” leur nouvel étendard.
Avec JA