Le président malien est certainement le seul chef d’Etat au monde, ou peut-être même, le seul et unique décideur sur cette planète terre qui pense qu’une guerre se gagne dans les salons feutrés et climatisés et non sur le terrain, par le sang et la sueur. Sa naïveté ne semble décidément pas avoir de limite. Et il sème désormais un doute affreux en se dressant contre le GATIA.
Demander au groupe d’autodéfense GATIA de quitter ANEFIS afin de donner une chance à la paix est une chose. Exiger le retrait pur et simple sans condition des unionistes en question est une autre. C’est pourtant ce que le président Malien Ibrahim Boubacar Keïta a fait. Il a, en effet, sommé le GATIA d’abandonner ses positions chèrement acquises et sans conditions, s’il vous plaît !
La milice d’autodéfense n’avait pourtant pas demandé le ciel encore moins l’érection d’un monument au nom de ses combattants en contrepartie de son retrait. Elle a accepté le principe à condition que la MINUSMA et l’Armée malienne prennent le contrôle de ladite localité. Est-ce trop demander ? Assurément non ! Mais pour IBK et ses alliés de la MINUSMA et de la CMA (d’aucuns désormais parlent de complicité), aucune condition n’est recevable, disent-ils : le GATIA doit quitter, un point c’est tout !
Mais en admettant, un tant soit peu, que le GATIA s’entête à rester, que feront donc le président IBK et ses amis de la CMA et de la MINUSMA ? Les délogeront-ils par la force ? C’est le moins le plus sûr d’anticiper cette guerre civile que tout le monde craint tant. Le Groupe d’autodéfense obtiendrait en effet, dans ce cas, des soutiens jusqu’aujourd’hui insoupçonnés.
Aussi, de quel droit se prévaut le Président Malien pour exiger ce retrait sans condition ? Le GATIA n’est pas une armée régulière et il n’est pas censé sous ordre du Président ou d’une quelconque Institution de cette République. C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé Fahad Ag Almahmoud, le Secrétaire Général du GATIA sur les antennes de Studio Tamani: «la Plateforme est une entité indépendante… ». Il poursuit :Le président de
la République nous a demandé d’aller dans le même sens que la communauté internationale. C’est une sorte d’ordre de quitter Anefis, si je peux parler ainsi. Il ne nous a absolument rien proposé. Nous sommes des Maliens on ne l’a jamais nié. En tant que premier responsable, il peut nous demander de faire quelque chose, mais dans l’esprit de l’accord, on est aussi indépendant que le gouvernement du Mali dans le processus. On est une entité à part entière comme le gouvernement et la CMA. La communauté internationale a été d’une rigidité sans précédent. Nous lui avons demandé de créer un certain nombre de conditions pour que nous quittions Anefis. Nous allons faire tout ce qui peut avancer le processus, mais nous avons demandé à la communauté internationale de faire aussi quelque chose pour qu’on fasse avancer le processus. Si cette chose n’est pas faite, on attend”.
«Nous sommes une entité à part entière comme le gouvernement et la CMA » ! Vous avez bien lu ! Le GATIA n’est pas sous les ordres du Président de la République du Mali. Quelqu’un peut-il prouver le contraire ? Bien sûr que non ! Il est donc libre de ses décisions, faits et gestes. Et s’il décidait à ce jour de s’allier à la CMA, que pourra donc le Président IBK ? Rien, si ce n’est d’assister impuissant à la partition effective du pays. Et en se dressant ainsi contre la Plateforme, il pousse cette dernière dans les bras de la CMA. Fort heureusement, au GATIA, l’on semble avoir le sens de la responsabilité. Dans les mêmes conditions, la CMA n’aurait hésité un seul instant. Ne s’est-elle pas alliée aux groupes jihadistes ? Ces séparatistes et unionistes, quoiqu’on dise, savent ce qu’ils veulent. Tel n’est pas le cas du président malien.
S’il gardait encore toute sa lucidité, il aurait tiré profit de la nouvelle donne en demandant certes au GATIA de se retirer d’Anéfis, mais aussi et surtout, à la CMA de libérer Kidal. Mais hélas !
I-té pro gnê ; i-té pro-prapro gnê ; mou mana minè kadi-ima, obe tla-ila !
B. Diarrassouba