Conscient d’avoir échoué dans sa tentative de persuasion de la Plateforme à quitter la localité d’Anéfis, le président IBK s’est lancé dans une campagne de dissuasion qui ne dit pas son nom. La débandade créée par l’intransigeance de la Plateforme étant perceptible à Koulouba aussi, le chef de l’Etat n’a pas lésiné sur les moyens pour prendre son bâton de pèlerin afin de solliciter de nouveau Alger et Niamey pour une ingérence beaucoup plus accrue dans la crise du septentrion malien.
On aura beau tenter de les mettre sous le couvert de visites d’amitié et de travail avec la première sur invitation du président algérien mais ces déplacements du président IBK ont tout d’un cri de détresse ou d’un appel à la rescousse d’un sinistré en phase finale de perdition.
Le timing en dit long puisqu’on ne peut se permettre le luxe d’un simple réchauffement des relations bilatérales à une période à laquelle sa maison est sur le point de s’embraser. Au contraire seul un pressentiment d’échec de l’affirmation de son autorité peut expliquer chez le chef de l’Etat l’initiative de cette entreprise qui l’a amené depuis dimanche dernier à Alger pour choir ce jeudi même dans la capitale nigérienne. D’ailleurs, la suite des évènements a donné raison au locataire de Koulouba dans ses ébats. Pour preuve, en lieu et place de la libération d’Anefis qu’il a réussi à obtenir auprès des responsables de la Plateforme, on a plutôt assisté à des discussions à Gao où les chefs traditionnels ont été consultés, afin d'exprimer la volonté des populations. Alors que pendant ce temps, c’est la ville d’Anefis, la pomme de discorde elle-même qui se vide de ses populations qui craignent une reprise des hostilités.
C’est donc dans la peau d’un chef suprême des armées qui n’a pas su se faire entendre par des généraux censés être sous ses ordres que le chef de l’Etat s’est rendu compte qu’il s’est fait rattraper par l’histoire et qu’il lui était impératif de changer de fusil d’épaule.
« La situation du Mali appelle des politiques nouvelles. Elle appelle des solutions fortes que seul un homme d’expérience, doté d’un sens aigu de l’Etat et d’une vision claire, peut porter. Elle appelle un homme qui rassure, compétent et capable d’agir. Agir efficacement et tout de suite. Car les urgences sont nombreuses. » Avait-il déclaré le 4 septembre 2013 au CICB à l’occasion de son investiture à la magistrature suprême de notre pays. Aujourd’hui, presque deux ans jour pour jour, le président IBK se retrouve une fois de plus devant une situation qui exige de lui de faire la preuve d’une politique nouvelle. La carrure et la poigne qui lui avaient valu son accession au pouvoir sont certes rudement éprouvées par la donne d’Anefis mais elles ne sont pas pour autant mises à terre puisque Alger et Niamey pourront toutefois lui redorer le blason dans les jours à venir. Et comme à chaque situation sa politique, le chef de l’Etat a délaissé un temps soit peu son manteau de cacique qu’on ne trimbale pas pour arborer le boubou d’homme politique qui sait miser sur une solution autre que la sienne propre. Echec ou mat ??
Katito WADADA