Le drapeau du Mali flottant sur Gao quoi qu’il pût en coûter à sa jeunesse révoltée. Comme à Tombouctou et à Kidal, le frémissement pour la République interpelle la capitale. Elle l’interpelle pour que cessent les positionnements honteux pour le seul pouvoir avec le Mali comme prétexte. Elle l’interpelle pour que ne s’oublient pas les viols, les meurtres et la violence gratuite endurés par une partie de notre pays. Elle interpelle enfin la classe discutante et la classe dirigeante pour que la République scandaleusement égarée aujourd’hui se ressaisisse, panse ses plaies, pense à ses enfants, à son avenir, relève la tête qui tous les jours a de plus en plus de raisons de rester basse.
La belle résistance du Nord, l’imploration poignante de ce jeune de Gao hier sur l’écran de la télévision nationale à l’adresse des pouvoirs publics sont une leçon. Nous devons la méditer, s’il reste à la République encore quelque dignité et s’il reste à la classe politique tout comme la société encore un peu d’honneur pour reconnaître la dette que nous avons contractée à l’égard d’une nation qui nous a donné ce qu’elle peut pour que nous aimions et cessions la guerre infâme pour les privilèges, les postes, les fastes. Le Mali n’est la dot de personne. Elle n’est la chasse gardée de personne. Et aucun destin personnel n’est plus important aujourd’hui que les larmes qu’arrache à nos filles, à nos épouses et à nos mères, le projet inhumain à l’œuvre au Nord.
Car le pays a trop payé de nos trahisons, de nos erreurs de jugement, de nos responsabilités esquivées et de boulimies dissimulées ou étalées. Humilité et profondeur, esprit républicain et bonne foi, voici les valeurs perdues que nous devons retrouver sans tarder si nous ne voulons pas être la génération qui a tué cette nation qui fut tant solide. Nous pouvons et devons trouver en nous la sagesse d’arrêter les dégâts qui nous désignent aujourd’hui aux railleries du monde. C’est cela la leçon de Gao pour Bamako et pour Kati : la patrie, le courage, le don de soi.