Dans un entretien qu’il nous a accordé, le mardi 1er septembre, en marge de d’une conférence de la société civile, l’universitaire et chercheur Etienne Fakaba Sissoko, connu pour ses pertinentes analyses, notamment lors des débats sur certains médias, estime que seule l’armée nationale réhabilitée peut aider à juguler la crise sécuritaire. Elle devrait aussi être appuyée par un peuple déterminé avec un leadership réaffirmé et soutenu.
r Etienne Fakaba Sissoko est le Directeur du Centre de recherche, d’analyses politiques, économiques, et sociales du Mali (CRAPES). Professeur d’université et membre influent de plusieurs organisations de la société civile, dont l’association ” Mali te tla ” (le Mali indivisible), la crise sécuritaire que traverse le pays ne doit être résolue que par les Maliens eux-mêmes. Il est impératif que les chercheurs, les politiques, les médias et toutes les autres organisations de la société civile se donnent la main pour conjuguer leurs efforts afin d’aboutir à des propositions concrètes de sortir le pays de la crise.
Commentant la situation de blocage d’aujourd’hui suite à l’occupation de la localité d’Anefis par les troupes de la Plateforme, Dr Sissoko dira que ” c’est la confirmation de toutes les craintes que les Maliens avaient en acceptant l’intervention étrangère. Malgré tout ce qui s’est passé depuis 2012 jusqu’à aujourd’hui, on a la preuve actuellement que la solution n’est pas avec les forces étrangères “.
Et de souligner qu’il faut travailler à la réhabilitation de l’armée nationale. Avant d’ajouter que les différentes résolutions qui ont été votées par le Conseil de sécurité de l’ONU mettent le Mali au devant de la scène dans le règlement de la crise. Il assure que c’est aux Maliens de saisir cette occasion pour juguler le problème. ” On ne peut pas sous-traiter notre sécurité ou notre défense avec quelque force que ce soit, ni un groupe armé national ou étranger… ”
L’armée doit prendre la relève de la Plateforme
Aujourd’hui, analyse cet économiste, la Plateforme doit quitter Anefis sous la seule condition que ce soit l’armée nationale, accompagnée peut-être d’une autre force, qui s’installe pour protéger les populations. Il exhorte à ne pas agir brutalement mais à négocier le départ du GATIA d’Anefis et permettre à l’outil de défense de la nation de sécuriser cette zone et, par la suite, tout le territoire.
Quid du rôle de la MINUSMA dans la gestion de la crise ? “ Je suis de ceux qui n’ont jamais cru en une force étrangère pour libérer un pays. Les Nations Unies interviennent aujourd’hui dans plus de 16 pays dans le monde et on voit les résultats. Jamais, elles n’ont réussi à résoudre le problème. Il ne faut donc pas s’attendre à un miracle de la part des forces onusiennes “, a-t-il indiqué.
Pour Dr Etienne Fakaba Sissoko, il est aujourd’hui urgent de travailler dans l’humanitaire, d’aider les cas sociaux, les nombreuses victimes du conflit et des atrocités avec l’appui des partenaires. “ Mais, en termes de sécurité et en matière de défense, c’est notre armée nationale qui doit jouer le premier rôle “.
Il a alors lancé un appel en direction des dirigeants à prendre leur responsabilité. “ Le peuple regarde toujours nos dirigeants. Les populations peuvent se lever, mais il nous faut aujourd’hui un leadership fort. Tant que ceux qui ont les manettes du pouvoir ne prendront pas les devants, c’est un tapage dans l’eau “, a-t-il expliqué.
Pour lui, les gouvernants doivent regarder les souffrances dans lesquelles les populations vivent pour se décider à faire quelque chose afin que le pays retrouve son unité et son intégrité territoriale.
Bruno D. SEGBEDJI