Dans une conférence de presse qu’il a animée à son domicile, à l’Hippodrome, hier mercredi, Dr Seydou Badian Kouyaté a dénoncé l’ampleur de la spéculation foncière dans notre pays. Selon lui, trois hautes personnalités ont bénéficié de 21 milliards de FCFA et s’apprêtent à recevoir le reste estimé à 39 milliards de la part du contribuable malien pour avoir gagné un procès contre l’Etat dans une affaire de litige foncier dans la zone aéroportuaire.
D’entrée de jeu, le doyen Seydou Badian Kouyaté a informé qu’il a reçu la visite d’un militaire (grade adjudant) tenant un Coran en main, il y a quelques jours. Selon lui, au cours de cette visite, le militaire a juré sur le saint Coran avant de lui faire une confidence qu’il ne peut conserver pour lui seul dans l’intérêt du Mali. Ainsi, l’ex-ministre du Plan et du Développement du président Modibo Kéita a expliqué que la zone aéroportuaire a été frauduleusement vendue en partie par le maire du district de Bamako à trois hautes personnalités du Mali.
En retour, quand le gouvernement a revendiqué la proprété de ses terres, les trois personnes ont intenté un procès qu’elles ont gagné contre l’Etat. C’est ainsi qu’elles ont réclamé 60 milliards de FCFA comme dommages et intérêts. Selon le conférencier, l’Etat a déjà versé 21 milliards de FCFA à ces trois personnes (en raison de 7 milliards de FCFA par personne).
Seydou Badian Kouyaté d’ajouter que le gouvernement s’apprête à verser le reliquat,, soit 39 milliards de nos francs, à ces personnalités. Pour lui, avec cette somme faramineuse, le gouvernement aurait pu construire quatre usines afin de créer 1.000 emplois. Et de poursuivre qu’il a tenté d’entrer en contact avec le ministre des Domaines et des affaires foncières, Mohamed Ali Bathily. En vain.
Cependant, il reconnait avoir reçu la visite du ministre de l’Urbanisme et de l’habitat, Dramane Dembélé, qui lui a confirmé qu’il a adressé une correspondance au maire du district dans lequelle il lui a demandé de restituer les terres de l’Etat. Seydou Badian Kouyaté de soutenir que son informateur d’adjudant lui a dit : “Si tu veux gagner de l’argent au Mali, il faut intenter un procès contre l’Etat puisqu’il ne gagne pas un procès dans ce pays contre un particulier “.
Le parolier de l’hymne national du Mali, non moins écrivain réputé (Sous l’orage) a dénoncé la spéculation foncière en indiquant ” qu’en tant qu’ancien ministre du Plan et du Développement du Mali, je suis écœuré de voir la tournure qu’a prise la problématique du foncier aujourd’hui. Le Mali va à vau- l’ea il est en lambeaux. Il est condamné ” a-t-il déploré.
Ainsi, il a sollicité l’appui de la presse pour dénoncer les corrompus, la délinquance financière, les prédateurs et les voleurs pour assainir le Mali. Pour finir, le doyen de la classe politique malienne et l’un des derniers survivants de la première république d’inspiration socialiste a rappelé que le drame du Mali réside dans le chômage. “Tant que les dirigeants n’industrialisent pas ce pays, les jeunes vont continuer à aller mourir dans la méditerranée, dans le Sahara et dans l’armée sans en avoir la vocation. Et, avec les voleurs de ce genre, on ne pourra pas résoudre la problématique du chômage ” a-t-il conclu.
Siaka DIAMOUTENE