Sur les deux années de gestion des affaires publiques par le président de la République IBK, les Maliens sont divisés. Réactions contrastées de Bamakois.
Moussa Dolo, cadre de l’administration : “Les Maliens souffrent beaucoup, mais IBK fait de son mieux”
“La situation que nous vivons est très difficile. Les événements de janvier 2012 nous ont mis dans le noir. Le président IBK a beaucoup fait depuis son accession au pouvoir et aujourd’hui on est sorti de là. Mais il y a encore beaucoup d’efforts à faire et à tous les niveaux. Il doit, pour les trois années à venir, essayer de mettre l’accent sur les secteurs stratégiques, notamment la défense, l’agriculture, l’économie, la technologie, etc., pour le bien-être des populations.
Il est évident aujourd’hui que les Maliens souffrent. D’abord mentalement, parce que nous avons l’impression que nous sommes sous tutelle. Et physiquement parce que les jihadistes sont toujours là, on n’arrive pas à les éradiquer. Ils continuent toujours à commettre des crimes chaque fois qu’ils veulent partout dans le pays. C’est très grave ça. Je crois que des efforts doivent être faits dans ce sens. La paix et la sécurité font toujours défaut, le président doit en faire sa priorité. En un mot, je crois qu’il est en train de faire son mieux pour nous mais il lui reste beaucoup à faire”.
Gabriel Tiénou, journaliste : “Des avancées, mais aussi beaucoup d’attentes”
“Il y a eu beaucoup d’avancées ces deux années, mais il reste beaucoup choses à faire. Je pense que le président avait de très bonnes intentions quand il venait au pouvoir en 2013. Certainement la pression des puissances que nous connaissons tous pèse lourdement sur lui dans la prise des décisions. Ces puissances mettent tout en œuvre pour que la situation ne s’améliore pas rapidement. Elles mettent tout en œuvre pour que la crise persiste dans notre pays dans leur intérêt.
Pour changer la situation, le président doit se confier à sa population. Dire tout ce que peut être dit à la population pour qu’elle apporte sa contribution. Je pense qu’il est de son devoir de passer par ce chemin pour lui-même, de se libérer de la pression de ces puissances que la plupart des populations ignore.
C’est à nous les populations de relever le défi. Nous les journalistes, les consommateurs, les commerçants, tout le monde, qu’on se mette en tête que nous sommes aussi des soldats. La guerre n’est plus seulement aux militaires, mais à chaque Malien, qui a une responsabilité qui peut faire changer quelque chose. Nous sommes appelés aujourd’hui à manifester comme il se doit pour le changement, en restant toujours derrière le président de la République. Nous avons toujours qu’IBK a de bonnes intentions mais il subit une pression internationale qui ne lui permet pas de faire ce qu’il doit faire. Tous les Maliens doivent le comprendre et l’aider pour que les trois prochaines années soient meilleures pour le pays”.
Boubacar Coulibaly, diplômé sans emploi : “Une déception totale”
“Les 2 ans ont été une déception totale. On pensait qu’IBK était l’homme de la situation, mais il nous prouve le contraire depuis son élection. Il est inacceptable de voir toujours que des localités du Nord soient entre les mains des groupes armés. Il faut qu’il change sa politique sur le Nord pour l’honneur du Mali.
Il tarde dans la réalisation de ses promesses de campagne. La promesse de création de 200 000 emplois, qu’on espérait tous avoir de travail, est aujourd’hui sans effet. Et la corruption s’accroit toujours malgré ses mises en gardes. On ne sait même plus où va le pays. Je suis vraiment déçu”.
Mamoutou Diallo, chauffeur : “Le président a beaucoup fait”
“Je pense que le président la République a fait beaucoup de choses en deux ans. Les populations doivent comprendre qu’il a pris le pays dans un trou profond et il est très difficile dans ce contexte de poser des actes que nous voulons. Il est venu trouver que pays est entre les mains de la communauté internationale et il est obligé de coopérer avec elle, même s’ils n’ont pas souvent la même vision des choses. Je ne dirais pas que je suis satisfait de sa gestion des affaires mais je sens qu’il y a eu un peu de changement. Les Maliens, de l’opposition ou de la majorité, on doit tous le soutenir dans l’intérêt du pays. Je prie pour lui afin qu’il réussisse à sortir définitivement le Mali de cette situation avant la fin de son mandat”.
Souleymane Konaté, vétérinaire : “ IBK a pris le pays dans le feu …”
“IBK a pris le pays dans le feu. Je vois que les Maliens sont trop pressés de voir le bout du tunnel, de voir le pays se développer. Cela n’est pas pour aujourd’hui, car la crise a été trop profonde et a touché tous les secteurs. En 2 ans, je ne pense pas s’il est possible d’arriver là où nous rêvons tous. Selon mes constats, le pays s’en sort doucement bien que la situation reste toujours préoccupante au Nord. J’invite seulement mes compatriotes à la patience. Comme le disent les bambara il très facile de tomber malade, mais souvent très difficile de se rétablir voire jamais. Il ne faut pas que la population se désolidarise de lui, sinon la situation risque de perdurer encore longtemps”.
Coulibaly, gendarme : “Je n’ai plus d’espoir”
“Je me sens trahi par celui que je tenais en grande estime. Le président IBK ne pourra rien changer dans notre malheur. J’étais personnellement fâché contre lui, mais son discours devant mes frères d’armes à Sikasso m’a permis de comprendre beaucoup de choses, notamment en ce qui nous concerne. Il a clairement dit que des puissances l’empêchent d’équiper l’armée. Ce discours a été salué par tous les militaires car nous avons compris qu’il a de bons projets pour nous mais qu’on l’en empêche. Je n’ai plus d’espoir que le Nord de notre pays va nous échapper tôt ou tard”.
Alima Coulibaly, agent municipal : “Un bilan négatif et sombre”
“Dans l’ensemble, le Mali traverse une passe très difficile, parce que nous traversons une situation qu’on n’avait jamais connue. D’abord, financièrement ça ne va pas, le panier de la ménagère est devenu vide. De ce côté rien n’a changé. Egalement sur le plan sécuritaire la situation s’est très dégradée. Bref, le bilan des 2 ans est négatif et sombre, il faut le dire. Il est temps que les décideurs prennent leur responsabilité pour que le pays sorte de cette situation”.
Issa Koné, commerçant : “ IBK doit prendre les choses “
“Le temps est dur. L’argent ne circule plus, le prix des marchandises augmente à tout moment. Les soldats meurent chaque jour au Nord alors que les vagabonds opèrent ici à Bamako et dans le reste du pays. Nous vivons dans une insécurité totale. On ne sait plus ceux que font les autorités. IBK doit prendre les choses au sérieux sinon rien n’a changé d’abord. Les gens pensaient qu’il allait venir résoudre la situation, on ne comprend plus rien dans la gestion des affaires publiques. Pour moi, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent depuis qu’il est venu au pouvoir”.
Propos recueillis par
Maliki Diallo