Depuis l’attaque de Misseni, Fakola, la DGSE malienne est à pied d’œuvre dans la forêt de Sama. Cette forêt qui commence au Mali, et dont le prolongement va jusqu’en Côte d’Ivoire, était devenue le sanctuaire des jihadistes. L’armée malienne y avait démoli une base (côté malien), mais les rescapés s’étaient retrouvés dans la partie ivoirienne. Grâce à une collaboration militaire, un vrai partenariat, sept jihadistes maliens ont été arrêtés en Côte d’Ivoire et extradés au Mali voisin.
Ces jihadistes ont été arrêtés par les Dozos de Tenguréla qui les tenaient pour des bandits. Lesquels resteront leurs prisonniers jusqu’à l’arrivée des agents de la police de leur localité. Parmi les sept jihadistes arrêtés, quatre étaient de la police islamique à Tombouctou lors de l’occupation. Dont le plus gros poisson est Hamady Niangadou, le numéro 2 de la Katiba Ali Ibn Walib. Il est gendre de Souleymane Keïta, le numéro 1 de cette Katiba, qui s’est installé dans le sud du Mali.
Pour rappel, depuis le 19 août 2015, le service de renseignement malien avait mis la main sur certains éléments de cette Katiba à Zégoua. Certains avaient été libérés pour brouiller les pistes. Pendant que les ténors étaient fichés par la DGSE qui partageait ses informations sur le plan international avec l’organigramme de la Katiba. Leur capture a ceci de banal qu’ils étaient considérés par les Ivoiriens comme de simples bandits. Et ce, jusqu’au moment où les services maliens de renseignement ont demandé à connaître leurs noms. «Ils sont arrivés à Bamako», selon une source proche de la DGSE.
Qui ajoute que l’information a été confirmée par des confrères ivoiriens depuis la semaine passée. Lesquels affirment que les présumés jihadistes sont passés aux aveux en reconnaissant leur participation aux attaques de Misseni et Fakola. Certains étaient de l’attaque de Nara à 170 Km de Bamako. D’autres ont reconnu avoir été “membres” du groupe islamiste Ansar Dine, fondé par l’ex-rebelle touareg malien Iyad Ag Ghali, tandis que certains ont indiqué avoir été des éléments de la police islamique de Tombouctou (plus de 900 km au nord de Bamako).
Les régions de Tombouctou, Gao et Kidal, formant le vaste Nord malien, étaient tombées en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, dont Ansar Dine, jusqu’au déclenchement, en janvier 2013, d’une intervention militaire internationale. Après cette intervention, ces jeunes se sont organisés en créant leur propre Katiba, c'est-à-dire une unité combattante. Cette Katiba a porté le nom d’Ali Ibn Walid avec à sa tête un certain Souleymane Keïta. Ce dernier est activement recherché. C’est lui qui avait créé le camp d’entraînement de Samaya et Samanko avant d’être délogé. C’est ainsi qu’il s’est enfui vers la frontière Mali-Côte d’Ivoire pour installer sa base dans la forêt de Sama, en mars dernier. D’où il a organisé les attaques de Misseni et Fakola.
La DGSE malienne, à travers son unité spéciale, le cherchait partout jusqu’à la démolition de sa base dans la forêt de Sama, côté malien. Il passera ensuite, dans la même forêt, du côté ivoirien. Selon nos informations, c’est l’une des deux Katiba qui tente de s’installer dans le sud du Mali. Avec l’arrestation des responsables de cette Katiba, on sait désormais que c’est elle qui avait ciblé et envisagé l’enlèvement des ressortissants étrangers au sud du Mali. Sans compter les attaques ciblées contre certains lieux stratégiques dans la capitale malienne et dans d’autres villes du pays.
Kassim TRAORE