Le 4 septembre 2013, le président Ibrahim Boubacar Keïta prêtait serment devant la Cour suprême pour un mandat de cinq années à la tête du Mali. Bénéficiant de la grande confiance de ses compatriotes qui venaient de l’élire, il s’est vite confronté à la réalité du pouvoir. Déception ! C’est ainsi que ces vingt-quatre derniers mois ont été un véritable cauchemar pour les Maliens. En effet, sans programme, ni vision claire, IBK opte pour le pilotage à vue dans tous les domaines. Conséquence : aucun jalon n’a été posé pour sortir le pays du chaos dans lequel il a été plongé depuis 2012.
Le Mali d’aujourd’hui offre l’image d’un pays au bord du gouffre à cause de la gouvernance calamiteuse instaurée par Ibrahim Boubacar Keïta. Celui-ci et son équipe, malgré les promesses faites, n’ont à présence aucune solution pour sortir le Mali de l’impasse. Pas de programme, ni d’objectif clair. IBK a déçu ses compatriotes.
Le projet ( ?) « Mali D’Abord » proposé aux Maliens par le président ?
En 24 mois, il ne peut présenter aucune preuve tangible et chiffrée… En outre, ces deux ans ont été marqués par des scandales financiers, la dilapidation des ressources de l’Etat, la délinquance financière. Que fait IBK pour éradiquer ces fléaux ? Qu’a-t-il entrepris pour sanctionner les délinquants financiers, dont certains se trouvent dans le cercle du pouvoir ?
Bien au contraire, on peut même soutenir que depuis deux ans, nous vivons une sorte d’impunité pour les auteurs de ces scandales qui ont défrayé la chronique. Au même moment, une conjoncture économique rude touche le pays. Et les Maliens souffrent le martyr à cause de la spirale inflationniste. La flambée des prix des produits, la rareté de l’argent, la paupérisation générale, plongent chaque jour les populations dans le désespoir. Jamais les Maliens n’ont connu une telle pression frisant la dépression collective.
Il aurait fallu de l’imagination depuis deux ans pour mettre en branle des schémas appropriés, afin de faire face à la conjoncture économique et soulager les populations maliennes. Mais, la réalité est là : le pilotage à vue, le manque de volonté politique et…le manque d’imagination du régime sont les seules réponses aux défis actuels et aux souffrances des Maliens. Là où il faut de l’imagination et une véritable politique économique, le président Ibrahim Boubacar Keïta a opté pour le superficiel, voire le saupoudrage. En somme, une politique trompe œil, érigée en système de gouvernance.
Paix, sécurité et réconciliation ? C’est là, une forte aspiration du peuple malien depuis les douloureux évènements de 2012. A ce sujet, qu’est-ce que IBK n’a-t-il pas promis à ses concitoyens ? Aujourd’hui, le constat est là.
Mais, c’est un truisme que d’affirmer la nécessité d’un environnement de paix et de sécurité pour construire une économie viable et un système politique moderne. Sous ce registre, on ne peut qu’éprouver tristesse et amertume devant l’échec d’IBK à résoudre la crise du nord. Après deux ans, le président, contrairement à ses engagements, a presque tout cédé à la rébellion de Kidal. Une rébellion qui continue de nous assener des coups. Or, chaque coup porté au pays est aussi un coup porté à notre orgueil…
Dans la gestion de la crise, le président a été contraint (sous la pression de la communauté internationale ?) de signer un accord qui est loin d’être accepté par les Maliens. Aujourd’hui, l’intégrité territoriale, la forme Républicaine de l’Etat, la sécurité individuelle et collective des Maliens, sont sérieusement menacés, sans que le pouvoir puisse apporter des réponses appropriées. Au même moment, les Maliens s’interrogent sur l’avenir de leur pays. Un avenir plein d’incertitudes….
En sommes, sur ce terrain (le nord), comme sur tous les autres axes majeurs des vingt-quatre mois d’IBK, les Maliens n’ont d’autres mots : gâchis, recul, regret et désillusion.
CH Sylla