A l’occasion du 2e anniversaire de son accession à la magistrature suprême, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, s’est entretenu vendredi 4 septembre, avec les journalistes de la télévision nationale, ORTM, et de la télévision panafricaine, Africable. Un entretien bilan au cours de duquel IBK est revenu sur sa vision de la paix.
Pour ses deux ans à la tête du Mali, IBK a choisi d’échanger avec les journalistes de l’ORTM et d’Africable. D’entrée de jeu, il annoncera que l’accord signé en mai dernier est “une chance pour le Mali”.
“Je l’ai dit et redit : l’accord de paix est incontournable. […] Donc je pense que l’accord est absolument une chance pour le Mali. Pour le Mali, pour le Sahel et tous nos voisins. Nous sommes tous concernés. Ce qui se passe chez ton voisin, tu as intérêt à en être solidaire et à examiner les moyens pour que vous puissiez éteindre ce feu ensemble”, a-t-il déclaré en rappelant que “la guerre n’a jamais rien réglé”.
“Je n’ai pas compris que les Maliens voulaient que je vienne comme maréchal de l’Armée malienne pour prendre la tête de quelque armée de conquête… conquête contre qui ? Contre soi-même ?Non, non… Quand les fils d’un même pays ne se comprennent pas, je crois que ce n’est pas l’arme lourde qu’il faut sortir, je crois qu’il faut parler, il faut dialoguer, il faut revenir aux fondamentaux, se retrouver sur les bases qui nous firent et qui ont fait que ce pays de tous les temps un pays d’équilibre, d’harmonie et d’entente C’est cela ma mission. Ainsi l’ai-je comprise. Et c’est ce que je bâtis”, a-t-il clarifié.
A propos du groupe d’auto-défense Gatia, qui a repris la localité stratégique d’Anéfis aux combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad, le chef de l’Etat a expliqué que “dans une République, il ne peut y avoir deux forces armées. Il n’y a que les forces armées du Mali, seules habilitées par la Constitution et les lois du pays, à prendre les armes pour la défense du Mali”.
Mais de préciser que “de façon historique, une communauté agressée dans un état de confusion et où le plus fort impose sa loi, cherche des moyens de se défendre. Je crois que c’est ce qui est arrivé. Mais en aucun cas sur une injonction gouvernementale”.
Evoquant l’outil de défense nationale, le président a dit ceci : “Vous savez, j’avais dit que ceux qu’on avait vu dans les rues de Gao au moment de l’intervention de Serval, des troupes déguenillés, des soldats sans chaussures et sans casques évidemment, bref la misère. Ce n’est pas de l’émotionnel pour l’émotionnel. Je pense que la chose avait ému tout Malien digne de ce nom et moi j’ai pris l’engament que si je bénéficiais de la confiance de nos concitoyens, plus jamais le soldat malien ne manquera du minimum nécessaire sur le champ de bataille, et ce pari est réussi”.
Outre la formation des bataillons de l’Armée réalisée par la mission européenne (EUTM), le président ajoute “ce n’est pas la rhétorique et la théorie quand un soldat a un nouvel uniforme, des 12-7 et de 14-5 dont la puissance de feu a de la signification pour le militaire. Ce qui est sûr, ma tâche régalienne dans ce domaine est en train de se faire jour après jour. Et ceux qui m’entendent qui sont les premiers concernés savent de quoi je parle”.
“J’ai pris mon bâton dès mon arrivée aux affaires pour aller dire à nos amis ce que nous voulons et où nous voulons aller, explique le chef de l’Etat. Et pas pour faire le tourisme. Il fallait contrecarrer les thèses erronées contre le Mali”.
Concernant la situation sécuritaire qui se dégrade de jour en jour avec des attaques partout sur le territoire, l’homme du jour se veut catégorique : “Nulle part au monde il n’y a la sécurité absolue”. Là aussi, il y a des efforts qui se poursuivent, pour faire du Mali un espace sécurisé.
Il a lancé des fleurs à la Mission de l’ONU au Mali, au moment où des Maliens lui jettent plutôt des flèches : “La Minusma n’est pas notre ennemi bien au contraire”, a insisté IBK. Une phrase de son lexique “la démocratie ne veut pas de la chienlit”.
Economiquement, “le pays bouge et avance”, croit le président avec un PIB de 7 % selon lui.
De par son initiative de développer et de moderniser l’agriculture malienne, “plus de 15 % du budget d’Etat ont été affectés dans ce domaine”, a-t-il fait savoir.
Pour la formation des jeunes, le président laisse entendre qu’il vient de poser la première d’un institut de formation des maîtres dans la région de Sikasso. Qu’à cela ne tienne, la mise en place de plusieurs autres instituts et centres de formation est l’une de ses priorités. Du chômage des jeunes, le président qui remue la tête reconnait que c’est un problème majeur auquel il faut s’attaquer…
Il s’est défendu contre les accusations de l’aggravation du phénomène de la corruption et des détournements du denier public comme l’atteste le rapport du vérificateur datant de 2010. “Je n’ai retenu aucun dossier et tous ont été transmis à qui de droit. Depuis que je suis à Koulouba ici, j’ai trouvé plus de 200 dossiers que j’ai transmis. Par contre, fait savoir le président, je ne crains pas ce que peuvent balancer les hommes politiques. Je crains mon créateur Allah Soubhana Wat Allah. Aucun magistrat malien ne peut dire que le Président IBK m’a enjoint de… Je ne bloque rien et je ne bloquerai rien !Aucun dossier ne fera l’objet de soustraction”, assure-t-il.
A en croire le président IBK enfin, même si ses concitoyens ne le sentent pas à sa juste valeur escomptée pour justifier leur choix, “le meilleur est à venir”. Et, il faut espérer car pour lui, tant qu’en toute bonne foi, la volonté de bien faire reste, rien n’est perdu. Deux années sont encore en reste pour redorer le blason.
Rassemblés par Maliki