La paix n’a pas de prix, mais a des coûts, surtout de coûts sociaux si l’on sait que la sécrétion de l’accord pour la paix au Mali a fait des centaines de morts. On dit souvent qu’il faut en vouloir à là où tu as trébuché et non là où tu es tombé ! Le Mali a trébuché depuis le départ par des systèmes de négociations non inclusives et basées sur une démarche importée de l’occident. On analyse par les causes et les effets au lieu de passer par un système plus inclusif et systémique. On a beau dire, le pouvoir corrompt même ceux qui en ont l’habitude et l’expérience. La légitimité d’un pouvoir ne doit pas l’enfermer dans un vase clos comme si les suggestions des autres constituent une contre campagne pour eux.
Le Mali a trébuché depuis la feuille de route dictée et édictée par l’autre côté de l’océan à travers les représentants maliens. Une feuille de route dont le contenu et la démarche ne sont pas ancrés dans nos valeurs de diversité culturelle.
Apres la feuille de route, il y a eu le préaccord et l’accord même, qui ont été signés en deux étapes sinon en quatre étapes. Ces documents ont été paraphés par certains à Alger d’abord et par les autres après. Signé par certains à Bamako et l’accord final signé ensemble à Bamako sous des menaces de sanctions de part et d’autres par la communauté internationale.
Le débat n’était mûr avant la signature de l’accord. Le temps d’inter accord a été aussi très mal géré par la visite inopportune du premier ministre de l’époque Moussa Mara à Kidal. Entre temps, la diplomatie malienne dormait dans toutes ses composantes. La diplomatie parlementaire est au plus bas niveau depuis la création du Mali. La géostratégie, très mal gérée au niveau national. Ce manque de débat a donné naissance à deux types de maliens : des maliens dits « patriotes », ceux qui sont d’accord sans réfléchir sur le processus de négociation et des maliens jugés apatrides parce que tout simplement ces derniers critiquent et proposent des débats sur le processus tout en demandant de ne pas trop se précipiter sans avoir des pieds solides. Même le fait d’écrire ce présent article me classera selon certains de l’opposition politique. Le débat politique au Mali est rendue difficile car, après l’élection présidentielle, personne n’a le droit de critiquer un système même s’il va droit à la dérive. C’est ce qu’on peut appeler l’aveuglement politique d’une société et cela peut nous conduire vers des catastrophes inimaginables. Nous l’avons déjà dit, la démocratie est comme un fétiche importé et il faut savoir comment faire ses incantations. Dans le cas contraire, le fétiche agira contre le peuple et des sacrifices d’animaux ne vont pas suffire, mais des sacrifices humains dont le Mali est en train de payer de lourds tributs en vue de le calmer.
En plus de la crise de débats démocratiques au Mali, il y a également celle de la communication politique et gouvernementale. La notion de communication gouvernementale ressemble à une restitution et à des informations de formalité où les non-dits sont plus importants que les réalités du moment. Nos organes de communication et d’information sont presque toutes polarisés politiquement et cela entraîne des informations polarisées sans sens critiques. Nos systèmes de communication traditionnelle tiennent compte de l’identité culturelle contrairement à la communication démocratique qui est une sorte de communication égalitaire. Une autre crise fondamentale au Mali est celle de l’éducation. L’éducation au Mali est basée sur des substrats importés qui ont des difficultés à s’ancrer dans nos valeurs culturelles. Ceux qui ont étudié dans les écoles des autres ont la bonne place pour diriger le peuple dans un complexe de supériorité envers nous et d’infériorité envers les autres.
Enfin la crise de confiance entre la ville et la campagne ; cette crise a éclos un autre malien jamais vu depuis notre indépendance. Il s’agit, d’une nouvelle classe de bourgeoisies religieuses, politiques ou fondatrices des lieux d’habitation humaine ou « saints ». Le villageois ou le nomade n’a plus confiance même aux accords signés en noir et blanc comme il distingue la signature du Noir et celle du Blanc sur un papier des blancs venus des pays de blancs.
La politique n’est autre chose que la gestion harmonieuse de la diversité dans toutes ses formes. Celui ou celle qui arrive au plus grand équilibre est le meilleur leader pour faire traverser son peuple de l’océan même s’il n’est pas Moïse avec les pharaons.
Une description simple et non simpliste, nous donne des solutions simples :
Ouvrir de vrais débats de démocratie au Mali sans préjugés et sans stéréotypes dans toutes les sphères de la société malienne, sera un premier acte salutaire pour la mise en œuvre de l’accord pour paix signé.
Une communication vraie au vrai sens du terme sans faire semblant et sans plaire au roi, peut conduire le Mali vers des champs florissants d’espérance.
Une éducation basée sur nos langues nationales ouvertes sur les connaissances des autres où la valeur de l’enseignant sera reconnue comme la selve qui doit faire grandir l’arbre.
Une plus grande responsabilisation des populations rurales gardiennes et détentrices des connaissances de résilience, car l’école du blanc n’est pas la seule école, mais il existe d’autres écoles complémentaires et plus résilientes.
Souffrez que nous n’avez rien compris de cet article. Mais retenez une chose, faisons tout pour que l’accord n’accouche d’un monstre dont on ne connaît pas l’antidote. Ce monstre s’appellera PAYS DIVISE.
SDF