Genève, 7 sept 2015 (AFP) - Le Mali est "en état d’alerte" après qu’un cas
de poliomyélite dérivé d’une souche vaccinale a été confirmé, a annoncé lundi
l’Organisation mondiale de la santé (OMS), précisant qu’il s’agissait d’un
bébé de 19 mois dont la paralysie est survenue en Guinée.
"Le pays est en état d’alerte après que les autorités de Bamako, la
capitale et la plus grande ville du pays, ont détecté un cas dont la date de
paralysie remonte au 20 juillet 2015", explique l’OMS dans un communiqué.
Les résultats préliminaires révèlent qu’il s’agit d’un enfant de 19 mois,
de nationalité guinéenne dont la paralysie est survenue en Guinée environ 7
jours avant son arrivée à Bamako pour la recherche de soins.
Le virus détecté est génétiquement lié à une souche vaccinale (PVDV2)
confirmée dans le district de Siguiri, dans la région de Kankan en Guinée en
août 2014 et qui depuis plus de 2 ans circule à travers les frontières
internationales sans détection.
Le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO) contient une forme atténuée du
poliovirus. Quand le VPO est administré, la souche vaccinale affaiblie se
réplique dans l’intestin. Mais pendant ce temps, la souche vaccinale est
également excrétée et dans les zones où l’assainissement est insuffisant, ces
virus vaccinaux excrétés peuvent se propager dans la communauté locale. Dans
de très rares cas, le virus acquiert, par mutation, la capacité de provoquer
une paralysie, devenant ce que les experts appellent appelle un poliovirus
circulant dérivé d’une souche vaccinale.
Une épidémie de polio dérivée de souche vaccinale est en cours à
Madagascar, et un autre cas a aussi été signalé au Nigeria, a expliqué à l’AFP
Oliver Rosenbauer, porte-parole de l’OMS. C’est également la polio dérivée de
souche vaccinale qui vient d’être confirmée en Ukraine.
Ce virus est différent de la polio dite "sauvage". Le continent africain a
célébré à la mi-août une année sans nouveau cas recensé de poliomyélite dite
"sauvage".
Le dernier cas de polio virus sauvage au Mali remonte au 11 juin 2011 à
Goundam, région de Tombouctou.
D’après l’OMS, le risque de propagation du virus confirmé actuellement au
Mali est "élevé". Cette maladie hautement contagieuse est incurable,
invalidante et parfois mortelle.
Pour les experts de l’OMS, "l’émergence et la diffusion du PVDV2 révèlent
le faible niveau d’immunité de la population contre ce virus". "La cause
principale (...) réside dans les faibles taux de couverture vaccinale en
Guinée", poursuivent-ils.
Des opérations d’urgence sont en train d’être organisées pour arrêter la
circulation du virus. L’opération d’urgence doit comprendre au moins trois
campagnes de vaccination de haute qualité pour arrêter toute propagation
possible à d’autres communautés.
Pour l’OMS, il est très important que les populations veillent à ce que
tous les enfants de moins de cinq ans soient vaccinés au cours des trois
passages de campagne contre la polio. Au Mali, la première campagne commencera
dès cette semaine et dans les 14 jours en Guinée suivant les directives en
vigueur.
apo/nl/jhd