Après la confirmation d'un cas de poliomyélite dérivé d'une souche vaccinale, le Mali est « en état d'alerte ». L'information a été communiquée lundi par l'Organisation mondiale de la santé, précisant qu'il s'agissait d'un bébé de 19 mois dont la paralysie est survenue en Guinée. Les spécialistes de santé recommandent des mesures de prévention et la « prise en charge rapide » des enfants présentant les mêmes symptômes.
Dans un communiqué, l'OMS explique que le pays est en état d'alerte, après que les autorités de Bamako aient détecté un cas dont la date de paralysie remonte au 20 juillet dernier. Les résultats préliminaires révèlent qu'il s'agit d'un enfant de 19 mois, de nationalité guinéenne, dont la paralysie est survenue en Guinée environ 7 jours avant son arrivée à Bamako pour la recherche de soins.
Le virus détecté est génétiquement lié à une souche vaccinale. Ces virus vaccinaux peuvent se propager dans la communauté locale. Dans de très rares cas, le virus acquiert, par mutation, la capacité de provoquer une paralysie, devenant ce que les experts appellent « un poliovirus circulant » dérivé d'une souche vaccinale.
Ce virus est différent de la polio dite « sauvage ». Le dernier cas de polio virus sauvage au Mali remonte au 11 juin 2011 à Goundam, région de Tombouctou. D'après l'OMS, le risque de propagation du virus au Mali est « élevé ».
Cette maladie hautement contagieuse est incurable, invalidante et parfois mortelle. Des opérations de vaccination d'urgence vont être organisées dès cette semaine pour arrêter la circulation du virus.
L'opération d'urgence doit comprendre au moins trois campagnes de vaccination de haute qualité pour arrêter toute propagation possible à d'autres communautés.
Les autorités sanitaires maliennes prennent l'alerte au sérieux et préconisent des mesures de prévention et l'intensification de la sensibilisation. Certains spécialistes recommandent aux populations « une prise en charge rapide » de tout cas de maladie dont les symptômes ressemblent ceux de la polio.
Dr Almoustapha Ismaël Maïga est virologue, chef du service laboratoire de l'hôpital Gabriel Touré de Bamako. Il est joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko :
« C'est très inquiétant pour la population. Les autorités sanitaires doivent entreprendre aujourd'hui des actions très spécifiques : des actions de sensibilisation et de prévention. La sensibilisation, elle est extrêmement importante chez tous les enfants qui ont moins de 5 ans et qui présentent des signes de poliomyélite. C'est à dire la fièvre, les vomissements, les douleurs, des rigueurs de nuque.
Tous ces enfants doivent fréquenter des structures de santé pour une meilleure prise en charge. Ceci est la première chose à faire. La deuxième action à poser, c'est une campagne de sensibilisation pour être sûr que tous les enfants qui ont moins de cinq ans sont vaccinés contre la poliomyélite. Aujourd'hui, on a la chance que le vaccin oral est disponible. Il est moins cher et l'OMS est toujours prête à aider pour cela. Donc je pense qu'aujourd'hui c'est une des actions précises que les autorités sanitaires doivent prendre en compte après ce nouveau cas qui a été détecté. Pour éviter la contamination, il faut juste éviter le contact oro-fécal qui sont l'hygiène des mains, l'hygiène des selles et éviter les contacts avec les enfants malades ».