Les combats meurtriers qui ont eu lieu aux portes de Kidal, en violation flagrante de l'accord de paix conclu au printemps dernier et entériné tardivement par la CMA, après l'intervention appuyée de l'Algérie et la prise en compte d'une partie des revendications formulées par les mouvements de cette composante, montrent combien la situation demeure fragile.
Quatre jours à peine après la visite du président Ibrahim Boubacar Keita à Alger, la situation s'est nettement améliorée à Kidal, avec l'amorce d'un retrait progressif des groupes armés pro gouvernementaux de la Plateforme, qui avaient investi il y a un mois environ la ville d'Anéfis, dans le nord du pays, provoquant une réaction violente de la Coordination des Mouvements de l'Azawed (CMA).
Celle-ci avait aussitôt gelé sa participation au comité chargé du suivi de la mise en application de l'Accord d'Alger et menacé de se retirer de l'instance diligentée par la Minusma. Dans un communiqué publié samedi dernier, le Gatia, groupe d'autodéfense touareg Imghad et alliés, avait annoncé le retrait d'Anéfis «à la demande du président de la République du Mali» ainsi que l'abandon de la condition initialement posée d'une passation entre ses forces et celles de l'armée régulière, de manière à empêcher la CMA de réoccuper les positions conquises. Même timide, cette opération de retrait est de nature à minimiser la méfiance, faute de restaurer la confiance, et elle offre des gages à l'action de la Minusma qui a dû parer au plus pressé en délimitant une zone d'exclusion de 20 km autour de la capitale du nord, Kidal, afin de la préserver d'une offensive des deux factions ennemies. En répondant ainsi à la demande insistante de Bamako et de la communauté internationale, résolue à sévir contre les fauteurs de troubles, les groupes armés pro-gouvernementaux semblent avoir pris la mesure de leur tentative du fait accompli qui a eu pour conséquence de mettre en péril l'Accord d'Alger, dont la signature a pourtant été aussi laborieuse que salutaire pour un pays en quête de paix et de stabilité. Contraints et forcés à ce retrait du bastion de la CMA qu'ils ont tenté de négocier en réclamant en vain la protection de la population d'Anéfis par l'armée malienne puis par les forces de la Minusma, les groupes de la Plateforme ont obtempéré sans délai aux injonctions de Bamako et du président Keita, ce qui laisse supposer que la mise en application de toutes les dispositions, sans exclusive aucune, de l'Accord d'Alger va pouvoir se poursuivre, sous la surveillance de la Commission de suivi et de la Minusma. Les combats meurtriers qui ont eu lieu aux portes de Kidal, en violation flagrante de l'accord de paix conclu au printemps dernier et entériné tardivement par la CMA, après l'intervention appuyée de l'Algérie et la prise en compte d'une partie des revendications formulées par les mouvements de cette composante, montrent combien la situation demeure fragile dès lors que de larges zones échappent au contrôle de l'armée malienne et à celui de la Minusma. Si l'on considère qu'en plus de cette caractéristique, la présence d'éléments terroristes d'Al Qaîda et l'activisme de plusieurs bandes spécialisées dans la contrebande et le trafic en tous genres rendent la situation pour le moins instable, on comprend combien il était important de clarifier la donne et de rappeler aux différentes parties leurs engagements souscrits à la signature de l'Accord d'Alger. Apparemment, c'est ce qui a été fait entre Alger et Bamako.
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