C’est une population révoltée qui a accueilli le jeudi 3 septembre 2015 la délégation de la plateforme à Anefis. La place publique de la ville était bourrée de monde. Jeunes et femmes s’y étaient donné rendez-vous empêchant, dans un premier temps, le convoi en provenance de Gao de se frayer un chemin. Il aura fallu l’intervention des forces de sécurité afin de trouver un chemin à la file de véhicules.
Les populations ont maintenu cette effervescence en occupant la place publique jeudi et vendredi. C’est le samedi, dans l’après-midi, qu’une certaine confiance s’est établie entre les différentes parties. Au bout de longues heures de discussions entre les différentes parties, selon Aïchatou Ould Moulaye. Elle explique que «la population avait commencé à bien respirer, avec une patrouille sécurisante, tout autour de la ville».
Aïchatou Ould Moulaye affirme par ailleurs que les rackets et les pillages des boutiques étaient devenus de mauvais souvenirs pour la population. Et d’ajouter : «La foire hebdomadaire d’Anefis ne se tenait plus parce que les hommes de la Cma venaient s’approvisionner gratuitement. Chaque véhicule qui passait par Anefis payait 20000 Fcfa et chaque passager 1000 Fcfa, sans compter les menaces. Car personne ne pouvait parler du Mali. On croyait qu’avec leur signature de l’accord, le 20 juin 2015, que les choses allaient changer. Mais rien.»
C’est après avoir fait comprendre cette situation à la délégation de la Plateforme, que les populations se sont mises à sa disposition. C’est pourquoi, dans son communiqué, la Plateforme insiste sur l’implication des populations à toutes les démarches, en leur donnant la parole, mais aussi en veillant à leur sécurité. Selon les habitants d’Anefis, la Cma les avait privés de toute liberté de mouvement. D’où cette quasi-certitude de Fadh Ag Almahamoud, secrétaire général du Gatia, «le départ de la plateforme des localités qu’elle occupe ne se fera pas rapidement». Même si le président de la République le désire, c’est la réalité du terrain qui est en train de primer.
Surtout qu’après les combats qui se sont déroulés à Touzek, le 17 août 2015, et la prise d’Anefis par la plateforme, celle-ci était obligée de renforcer ses positions dans cette localité. Car après son départ de Touzek, la première localité d’Anefis qu’elle avait libérée, la population était victime de vols. Hier, dans cette zone d’Edjarer, un campement nomade a reçu la visite de quelques éléments de la Cma.
Des chefs de familles ont reçu des coups de poing d’Akli, généralement appelé par certain TERAYRAYTE. Ils ont emporté une valise contenant une somme de 385. 000 Fcfa, des bijoux d’une valeur de 2.000.000 Fcfa et deux motos, selon un ressortissant de cette localité, qui se trouvait parmi les manifestants d’Anefis. Il a aussi expliqué à la délégation la souffrance des habitants de cette localité dont l’unique véhicule 4X4, qui servait à leur approvisionnement en eau potable, a été criblé de balles.
«Tout cela se passe et c’est en ce moment que la Minusma et IBK vous demandent de nous abandonner sans chercher à comprendre, alors que la Cma viole le cessez-le feu en envoyant depuis 5 jours dans les secteurs du Lac Faguibine des anciens combattants d'Ançar-Eddine qui sont dans le HCUA, pour rançonner et terroriser les populations à Tin-Aicha (à environ 55 km au nord de Goundam) et d'autres à Koïgouma (Gargando), à environ 50 km au nord de Goundam. Ils ont même établi un check-point à Echelle pour des fins terroristes...», s’est-il indigné.
Voilà pourquoi la délégation de la Plateforme avait eu du mal à se faire comprendre par les populations. Alors qu’elle était venue échanger avec ses combattants, après ses différentes rencontres avec les forces vives de Gao et la société civile. Un autre problème demeure à Anefis, d’où sont originaires plusieurs combattants de la Plateforme ; lesquels ne souhaitent pas laisser leurs parents à la merci de la Cma. C’est dire que le retrait de la Plateforme d’Anefis se fera à un rythme très lent…
Kassim TRAORE