Ces multiples arrestations démontrent que parmi les groupes terroristes figurent des éléments d’origine malienne qui ont pu échapper à l’opération Serval, avant de tenter de se reconstituer en petits groupes pour servir Iyad Ag Ghaly.
Joli coup de filet des forces spéciales maliennes qui viennent de mettre la main, dans la nuit de samedi à dimanche, à Bamako, sur trois cerveaux des derniers attentats qui ont ciblé la mission de la Minusma, deux postes de sécurité à Bamako et le poste de police de la gare routière. Mais selon l’AFP qui l’a appris auprès de sources gouvernementales, ils seraient cinq terroristes à être arrêtés. Il s’agit, selon un communiqué de la DGSE repris par la presse locale, de Hassan Dicko dit Abou Leila, d’Ayouba Sangaré et d’Ali Sangaré,
qui appartiennent aux cellules terroristes du Sud ayant des liens avérés, selon les
médias maliens, avec le principal groupe terroriste du Nord, Ansar-Eddine d’Iyad Ag Ghaly.
Outre les attentats qu’ils ont commis, les présumés terroristes sont également accusés d’avoir proféré des menaces contre les journalistes qu’ils accusent de travailler pour les intérêts français. Leur pedigree est également éloquent. Hassan Dicko, natif de Kadiolo, d’origine peuhle, est considéré comme le numéro deux du Front de libération de Macina qui a revendiqué le premier la prise d’otages de Sévaré, adjoint d’Amadou Kouffa qui était à la tête de la police islamique à Tombouctou occupée alors principalement par Ansar-Eddine. Il serait derrière la création du groupe Ansar-Eddine dans le Sud et dont les services de sécurité ont démantelé dernièrement la majorité des cellules.
Ayouba Sangaré, d’origine ivoirienne, est né à Sikasso, dans le sud du Mali. Il est sous la coupe de Hassan Dicko qui charge ce maçon de métier de la logistique et de l’achat des armes. C’est d’ailleurs lors de la perquisition que les enquêteurs ont découvert, enterrés, non loin de son domicile, un important lot d’armes de guerre, des grenades et des munitions. Chauffeur de taxi, le Bamakois Ali Sangaré a été utile pour le groupe, puisqu’il a mis à profit son véhicule pour transporter le groupe et les armes qui ont servi dans l’attaque du contingent de la Minusma.
Il est, rappelle-t-on, le chauffeur du taxi qui a déposé l’auteur de l’attentat contre le poste de police de la gare routière, à Bamako. Ce coup de filet intervient, presque un mois, jour pour jour, après l’arrestation de Souleymane Maïga, le 8 juillet dernier, qui servait de courroie de transmission et de financier entre Ag Ghaly et les groupuscules qui se sont constitués dans le sud du pays agissant pour le compte d’Ansar Eddine. Le même Maïga qui était à la tête de la phalange Khalid Ibn Walid sous-traitant pour Ag Ghaly.
Ces multiples arrestations démontrent que parmi les groupes terroristes ayant occupé pendant une année les principales villes du nord du Mali, à savoir Tombouctou, Gao et Kidal, figurent des éléments d’origine malienne qui ont pu échapper à l’opération Serval et disparaître dans la nature avant de tenter de se reconstituer en petits groupes n’agissant, cependant, que pour Ag Ghaly, exception faite des attentats (2015) revendiqués par El-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar.
Mais les auteurs demeurent les mêmes, le Front Macina et Katibat Ibn Walid. Mais la préoccupation majeure des services de sécurité demeure tant qu’ils n’ont pas mis la main sur Iyad Ag Ghaly, qui gère, en sous main, toute la nébuleuse terroriste au Mali. Appellent-ils d’ailleurs la population à collaborer pour l’arrêter.