Les vérités du ministre Abdoulaye Idrissa Maïga
Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Abdoulaye Idrissa Maïga n’est pas passer par quatre chemins pour haut aux maires ce que les autres pensent tout bas par rapport à la gestion domaniale et foncière et à leur doléance de report des élections communales, régionales et du District de Bamako.
Le ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Abdoulaye Idrissa Maïga, qui est connu pour sa rigueur et son franc parler a mis à profit la ‘’rencontre d’information et de sensibilisation avec les présidents des organes exécutifs des collectivités territoriales’’ (tenue les vendredi 03 et samedi 04 septembre au Cicb) pour dire ses vérités.
« L’esprit de responsabilité recule. Cet esprit recule du fait du refus de s’assumer à nos charges, du fait de l’incompétence de certains et en raison d’une dégradation regrettable de l’environnement administratif et social dû aussi à un recul manifeste du civisme », a déclaré d’entrée de jeu le ministre Maïga. A l’en croire, cette situation a eu comme conséquence de nombreuses dérives dans la gestion et la distribution du service public, dans la gestion du patrimoine foncier de l’Etat et celui des collectivités territoriales, particulièrement au niveau des communes.
Il a également insisté sur le rôle des élus pour réussir leur mission. « Il ne sera plus acceptable que les élus locaux ne soient pas présents dans les localités qu’ils doivent administrer. Cette situation est aussi valable pour les chefs de village qui ne résident pas dans leur localité. Que ça soit clairement noté et dit. Les charges de vos responsabilités exigent de vous une proximité qui vous permet de mieux appréhender le vécu des populations au quotidien », a-t-il laissé entendre.
« La terre ne doit constituer un bien monnayable… »
L’occasion était aussi bonne pour le ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Abdoulaye Idrissa Maïga, de parler du foncier qui est devenu aujourd’hui source de conflit à travers le pays. « Messieurs les maires, la terre ne doit plus constituer un bien monnayable, parce que dans bien de nos contrées la terre, loin d’être un bien (un bien connu tout court), constitue plutôt ‘’une chose’’ ; et en ce sens, elle ne devrait pas être une source d’enrichissement personnel », a affirmé tout de go le ministre Maïga. Avant d’indiquer qu’elle (la terre) doit rester comme patrimoine commun, public dont l’acquisition se fera de manière transparente et légale. Et selon lui, l’occupation de la terre devrait obéir à des règles de transparence et de légalité.
« Les compétiteurs ne peuvent définir les règles… »
Depuis quelques jours, les langues ne cessent de réclamer le report des élections générales prévues pour octobre prochain. Après les partis politiques, suivis de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (Cma), ce sont les élus communaux qui sont revenus à la charge en demandant purement et simplement à leur ministre de tutelle, un énième report de ces élections, eu égard aux conditions non réunies, singulièrement la recrudescence de l’insécurité dans les régions du Nord du pays.
Réponse du berger à la bergère :
« J’ai entendu une de vos recommandations qui pas n’est raisonnable. La rencontre n’est pas un cadre pour demander cela. Dans le cadre de concertation avec les présidents des partis politiques, avec la société civile et avec les partenaires techniques et financiers, une demande pareille pour des raisons que vous avez évoquées n’a été formulée. Il faut rester dans le cadre.
Vous, vous êtes des élus, dont le mandat est arrivé à terme. Plusieurs fois prorogé et le délai limite reporté, il ne sied pas là que ce soit votre propos de demander votre maintien dans la violation expresse des lois de la République. Dans le silence funeste de report successif des élections, se dressent le lit de complaisances, le terreau de l’illégitimité, le cercle des volontés farouches de vos efforts troubles, dédiés à assassiner tous les espoirs nourrissant l’aurore d’un changement en profondeur. Il y a des lieux pour en décider, pas là.
L’accord de paix était le seul prétexte de la légitimité des reports antérieurs. Mais, pour le reste, des exemples sont là : au Sénégal il y a la Casamance, en Espagne il y a Les Pays Basques, en France il y a la Corse, etc. Tous ces pays ont tenu des élections dans ces conditions. Il ne parait pas du tout normal que je taise sur cet aspect, il s’agit de l’autorité souveraine de l’Etat, qui suppose le sens de l’Etat, toujours lié à la notion du pouvoir souverain, à l’organisation de la République, à la question du territoire et à celle de population.
Vous êtes des acteurs intéressés par cette compétition électorale. Les compétiteurs ne peuvent définir les règles, laissez-le aux autres et dans un cadre précis. Cherchons plutôt à votre niveau que nous fassions en sorte que vous représentiez des collectivités assises territoriales réelles. C’est ce qui va aider le Mali à recouvrer l’intégrité territoriale totale. » No comment !
Aliou Touré