Alors que le Mali se trouve être à la croisée des chemins avec des défis sécuritaires, humanitaires et économiques, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta qui, apparemment est sorti de sa tour d’ivoire pour donner une interview d’explications à des radiotélévisions maliennes, n’a pas tout à fait convaincu les pauvres bouts de bois de Dieu maliens qui l’ont plébiscité en 2013.
Il n’en fallait pas plus pour comprendre pourtant le président. Assailli de toutes parts par des crises pernicieuses (insécurité généralisée, accord de paix, Ménaka, Anefis, Minusma, panier de la ménagère…), le président de la République est en réalité plus assujetti par une puissance étrangère tapis à l’ombre qui lui rend la vie difficile dans la gestion du dossier de Kidal. A-t-on compris cela dans l’opinion malienne? Ce n’est pas si sûr.
Malgré les appels aux pieds à la patience, les Maliens sont durs et implacables dans leur jugement. On a coutume d’entendre des plaintes du genre : « le pays est arrêté ; IBK nous a tués ; le président est fatigué… ». À l’image de l’opposition qui essaye de jouer son rôle en usant de tous les subterfuges pour exister et se faire entendre sur les échecs et les limites du pouvoir en place.
Ce ne sont pas les assurances données par le président dans son ‘’interview de communication’’, par rapport à l’état de la nation, qui vont changer les opinions sur l’existant. Le Malien a besoin de fait concret. Pour le moment rien à se mettre sous la dent. Rien de ce que peut voir un non averti.
Mais pourtant le président ne dort pas ! Il passe tout le clair de son temps à « bêcher » pour que demain soit meilleur, rassure son entourage. Même si le Malien ne voit rien profiler à l’horizon.
Ce qui fait qu’IBK ressemble à un président incompris. Remettre un pays comme le Mali qui sort d’une profonde crise sur les rails relève d’une sinécure. Comment redonner à l’armée son lustre d’antan, appliquer l’accord, lutter contre la corruption et booster l’économie en si peu de temps ?
L’enjeu pour le président de la République est de donner plus de crédit à l’Etat du Mali menacé dans son existence ; le rendre fort et adapté aux exigences du moment. Le président est appelé à démontrer aux Maliens en dépit des enjeux géostratégiques de l’heure et de l’appétit vorace de certaines puissances, qu’on peut être au pouvoir tout en restant soi- même et fidèle à ses convictions premières en ayant le sens élevé de l’Etat et des institutions de la République.
Connu pour être un "doer" (un "homme d’action"), Ibrahim Boubacar Kéïta est apparemment buté à l’intransigeance de ses « partenaires » occidentaux sur la question de Kidal. Or le Mali peut-il voir le bout du tunnel sans la reconquête de Kidal ? Rien n’est moins sûr.
La pression de la communauté internationale sur IBK et sur le Gatia (milice Imrad), qui avait fait une escapade sur la localité stratégique d’Anefis, montre à suffisance la complexité du problème.
Alhassane H. Maïga