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Vie de la Nation : la fuite en avant comme mode de gouvernance au Mali
Publié le samedi 12 septembre 2015  |  Le Reporter
Premier
© aBamako.com par A.S
Premier conseil des ministres du gouvernement Modibo KEITA
Le Conseil des Ministres s`est réuni en session ordinaire, le mercredi 14 janvier 2015 dans sa salle de délibérations au Palais de Koulouba sous la présidence du Président de la République, Monsieur Ibrahim Boubacar KEÏTA.




«Gouverner, c’est prévoir» dit-on. Gouverner, c’est aussi s’assumer devant les situations les plus difficiles ; c’est endosser les responsabilités quand on prend des décisions. Tel ne semble pas être le cas au Mali.
En effet, dans l’une des affaires qui défrayent la chronique au Mali, dite des engrais frelatés, personne ne veut s’assumer, alors qu’on sait bien que de hautes personnalités sont à l’origine. Et cette fameuse phrase «Qui a donné donc l’ordre de…» ! Une fuite en avant prônée par nos gouvernants.

On se rappelle encore le «cas Kidal». «Il faut impérativement reprendre Kidal quoi qu’il en coûte. C’est une question de souveraineté nationale. Il faut laver l’humiliation et redonner espoir à tous les Malines qui avaient cru un moment que notre armée n’était pas prête à rétablir l’intégrité du territoire national». Telle était la devise de nos autorités avant l’offensive lancée par notre armée nationale pour la récupération définitive de la région de Kidal aux mains des apatrides armés du Mnla et de leurs acolytes. Mais, au finish, une défaite cuisante. Et depuis lors, personne ne veut s’assumer, comme ce fut le cas sous les généraux Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré (ATT).

Mais qui a donc donné l’ordre d’attaquer ? Ce qui est incompréhensible dans cette histoire, c’est comment un groupe de militaires peuvent décider d’eux d’attaquer ces rebelles lourdement armés, sans l’aval de nos plus hautes autorités, notamment du président de la République et du Premier ministre. D’autant que le président de la République est le chef suprême des Armées et que selon l’article 53, titre IV de la Constitution malienne, c’est «le gouvernement (qui) détermine et conduit la politique de la Nation et dispose de l’administration et de la force armée». Et l’article 55 du même titre stipule : «Le Premier ministre est le Chef du gouvernement, à ce titre, il dirige et coordonne l’action gouvernementale. Il assure l’exécution des lois. Sous réserve des dispositions de l’article 46, il exerce le pouvoir réglementaire. Il est responsable de l’exécution de la défense nationale…». Sans commentaire !

Qui a donné l’ordre d’attaquer ? Cette question rappelle tristement les événements de 1991 sous le général-dictateur Moussa Traoré, après les massacres des Maliens, notamment des femmes marchant nues et des enfants. Il avait dit qu’il «n’avait pas donné l’ordre aux militaires de tirer». Et ATT, quant à lui, par rapport à cette même crise du Nord qui l’a éclaboussé, particulièrement au drame d’Aguel Hoc, déclarait qu’il n’était pas responsable. Bien dit. Mais quand il était interpellé sur des problèmes sociaux, il affirmait : «Je ne suis pas ministre de… de… pour résoudre ce problème…».

Dans quelle République sommes-nous alors ? Une République où on privilège la fuite en avant et où personne ne veut s’assumer ? Une République où personne ne veut aller au charbon ? Une République dans laquelle on ne s’assume pas ? Une République dans laquelle, comme on le dit, chacun couvre sa tête quand ça chauffe et cherche un bouc émissaire ? Non, il faut que ça change et cela doit changer, car notre survie en dépend.

Bruno E. LOMA
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