A Malabo, au 96e conseil des ministres du Groupe Afrique Caraïbes Pacifique (ACP), Mamadou Macky Traoré, directeur Europe du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a plaidé la cause du Mali en pleine crise sociopolitique. Nous vous proposons en intégralité le discours qu’il a prononcé au nom de l’Etat du Mali.
« C’est un réel plaisir pour moi de prendre la parole aujourd’hui devant cette auguste assemblée à laquelle j’ai l’insigne honneur de m’adresser pour la première fois.
Je voudrais tout d’abord faire part de la gratitude de la délégation que j’ai le privilège de conduire, au gouvernement et au peuple de la République de Guinée équatoriale, pour toute l’attention dont nous sommes l’objet depuis notre arrivée dans ce beau pays.
Il me plait également de remercier les pays frères d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, pour la compréhension, le soutien et l’accompagnement des efforts des autorités de la transition malienne, en ces moments particulièrement difficiles de la vie de notre nation.
Je voudrais aussi saisir l’opportunité qui m’est offerte pour vous faire le point après la démission du gouvernement malien conduit par le Dr. Cheick Modibo Diarra.
Le président de la République par intérim a nommé dès mardi soir un nouveau Premier ministre, le Dr. Diango Cissoko, ancien ministre à plusieurs titres, ancien secrétaire général de la présidence, médiateur de la République et conseiller spécial du Premier ministre sortant.
M. Cissoko a indiqué que son gouvernement sera formé d’ici la fin de la semaine.
S’agissant de l’évolution de la situation internationale, il vous souviendra que, le 29 juillet 2012, le président de la République par intérim, le Pr. Dioncounda Traoré a, dans une adresse à la nation, réitéré son choix de la voie du dialogue, comme approche privilégiée pour faire face à la double crise politico-sécuritaire qui secoue le Mali.
C’est dans cet esprit, qu’après prise en compte de la demande d’une bonne partie de la classe politique et de la société civile, le gouvernement de mission, mis en place le 24 avril 2012, a été remplacé par un gouvernement d’union nationale.
Cette évolution a notablement contribué au renforcement de la légalité constitutionnelle intervenue dès début avril 2012.
Les institutions de la République ayant repris leur fonctionnement, l’Assemblée nationale, à titre d’illustration, a pu procéder à la ratification de l’Accord de Cotonou révisé à Ouagadougou.
A travers ce rappel, je voudrais souligner ici et insister sur la particularité et la spécificité de la transition malienne, en ce sens que son socle demeure la Constitution de 1992. Il ne s’agit pas d’une transition menée par un pouvoir d’exception, mais d’une transition politique ayant ses racines dans la Loi fondamentale.
C’est dans ce cadre républicain et démocratique que peut s’établir le dialogue avec ceux des rebelles qui auront fait le choix d’y revenir, dans la limite du respect de l’unité et de l’intégrité du territoire ainsi que du caractère laïc de l’Etat.
Pour compléter ce tableau relatif à la situation politique, les autorités de la transition entendent se doter d’une feuille de route bâtie autour de deux objectifs fondamentaux ; à savoir : la libération des régions du Nord du pays et l’organisation d’élections, libres, transparentes et sincères.
L’espoir renaît également au plan de la gouvernance économique et financière, comme l’atteste la reconnaissance le mois dernier, par les institutions de Bretton Woods et d’autres partenaires multilatéraux et bilatéraux, des efforts consentis par les autorités de la transition pour éviter le dérapage macroéconomique au Mali.
La feuille de route de la transition qui attend d’être dévoilée, s’inscrit dans cette dynamique et restera la boussole des autorités maliennes pour rétablir l’unité et l’intégrité du territoire, préserver le caractère laïc de l’Etat et finalement conférer une nouvelle légitimité démocratique aux institutions de la République par l’organisation d’élections libres et transparentes.
Je voudrais donc saisir l’occasion qui m’est offerte pour exprimer ici la profonde reconnaissance du peuple malien et des autorités de notre pays à l’endroit du Groupe ACP qui n’a ménagé aucun effort pour nous soutenir dans la quête pour le retour de la paix.
Dans la persévérance sur cette voie, les autorités de la transition ont réaffirmé leur volonté de privilégier le dialogue, sans toutefois remettre en cause l’unité du pays, l’intégrité du territoire et la laïcité de l’Etat. Cependant, fermement engagé à mettre fin à l’occupation d’une partie de son territoire, notre pays fait résolument face à la guerre qui lui est malheureusement imposée.
C’est dans ce cadre que les efforts conjugués du Mali et de la communauté internationale ont permis l’adoption, sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies, par le Conseil de sécurité, des résolutions 2056 (2012) du 5 juillet 2012 et 2071 du 12 octobre 2012, allant dans le sens d’un déploiement d’une force internationale, en appui aux Forces armées maliennes, aux fins de libérer les régions du Nord. Une 3e résolution, attendue avant la fin de l’année, pourrait ouvrir définitivement la voie à cette option.
Ainsi, nous gardons espoir que le Mali se relèvera dans les mois à venir, avec la plénitude de sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire et un pouvoir issu des urnes sur la base d’élections libres et transparentes, grâce à l’aide et au soutien de la Cédéao ? De l’Union africaine, du Groupe ACP, de l’Union européenne et de toute la communauté internationale.
Pour terminer, je voudrais réaffirmer toute la détermination et tout l’engagement du peuple malien, comme indiqué à l’adresse à la nation, du 22 septembre 2012 du président de la République par intérim, je cite : ‘Depuis une vingtaine d’années, notre pays a organisé des élections dont la qualité a été unanimement reconnue et saluée par l’ensemble de nos partenaires.
Aussi, devons-nous saisir l’opportunité des élections à venir pour nous convaincre nous-mêmes et convaincre la communauté des démocraties que la rupture démocratique intervenue, courant mars 2012, n’était qu’un regrettable incident de parcours.
Pour les démocrates que nous sommes, il ne saurait y avoir d’autres modes de conquête du pouvoir d’Etat, en dehors des élections qui sont et demeurent le souffle de la démocratie ; celles à venir le seront davantage, au regard du contexte de crise d’une part et des enjeux qui y sont attachés d’autre part’« . Fin de citation.