Entre détermination des uns, réserves, doute ou même réticence des autres, le processus de libération des régions nord de notre pays est presque dans l’impasse. De ce fait, plusieurs observateurs se demandent de nos jours si les divergences affichées par les grandes puissances sur le dossier Mali n’aura finalement sans raison de l’intervention militaire tant miroitée par la communauté internationale.
La très attendue résolution du Conseil de sécurité de l’Onu sur le Mali doit, en principe, voir le jour cette semaine. Mais, il faut dire que l’espoir que cette résolution avait fait naître chez beaucoup de Maliens se fond, de plus en plus, comme du beurre au soleil. Ce, parce que la cacophonie dont fait montre, depuis, les acteurs de la communauté internationale enfle au fur et à mesure. En effet, il est clair que les pays de la sous région ouest africaine, dès le début de la crise, n’ont jamais fait mystère de leur détermination à aider notre pays à en y sortir, y compris par la voie militaire. Ce mardi, cette volonté des Etats de la Cedeao de libérer au plus vite le Nord de notre pays a d’ailleurs été réitéré par le Président ivoirien à la faveur d’une visite que Romano Prodi effectuait dans son pays. Sauf que la position des Etats de la Communauté ouest africaine, quelque bonne qu’elle puisse être pour le Mali, reste tributaire de celle des grandes puissances, notamment la France et les Etats-Unis. C’est pourquoi, par la même occasion, Alassane Dramane Ouattara, pour l’atteinte de cet objectif de la Cedeao, a dit compter sur le soutien de l’envoyé spécial des Nations unies pour le sahel. Celui là même qui, il y a quelques semaines, émettait un probable ajournement de l’intervention des forces internationales au Mali.
Quelques jours après, le Secrétaire général de l’Onu lui emboitait le pas. De nos jours encore, la cacophonie qui a longtemps caractérisé le dossier de la libération des régions de notre pays semble aller crescendo au regard des dernières déclarations sur le plan international.
En effet, au moment où le Conseil de sécurité des Nations unies s’apprête à voter une résolution sur ce sujet, la France et les Usa viennent de montrer à la face du monde qu’ils étaient très loin de taire leurs divergences sur le dossier Mali. En tout cas, les vives critiques émises récemment par Susan Rice, Ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’Onu sur le plan français d’intervention militaire au Mali qu’elle a qualifié de « merde» a sonné fort au Mali et même au-delà. Plusieurs analystes voient d’ailleurs en cette appréciation de la responsable américaine un revers pour les efforts inlassables de la France et des pays d’Afrique de l’Ouest pour obtenir du Conseil de sécurité un mandat pour l’envoi des troupes africaines d’intervention dans notre pays. Pire, d’autres sources relèvent qu’une note confidentielle rédigée par l’agence humanitaire des Nations met en garde contre un afflux de réfugiés en cas de tentative d’expulsion des groupes armées par la force. Aussi, les auteurs de ladite note évoquent des possibles divisions au sein de l’armée malienne ou l’activation de cellules terroristes à Bamako et de graves troubles dans tout le pays. Il faut dire que ces craintes d’un dérapage s’inscrivent en droite ligne de celles émises par Ban Ki-Moon le mois dernier. Mais, selon les mêmes sources, des diplomates occidentaux se diraient agacés par les réticences de l’Onu et mettraient en garde contre les conséquences encore plus graves si le Nord du Mali reste aux mains des islamistes. Voilà la situation combien trouble qui caractérise le processus de sortie de crise au Mali. C’est pourquoi, des Maliens, entre doute et impatience, craignent qu’au moment du vote de la résolution onusienne, la montagne n’accouche que d’une souris. Mieux, certains suggèrent même que le Mali aille seul à la reconquête de ses régions occupées.