Dérangeant, inutile et finalement déguelasse, les qualificatifs ne manquent plus pour apprécier la présence de la Mission des Nations Unies, MINUSMA. Car, non contents de séjourner gracieusement dans un pays en crise, le nôtre, aux frais des contribuables internationaux, ses patrons commencent à déborder les limites fixées. Mongi Hamdi, son chef, vient d’en donner le ton. De passage dans son pays, la Tunisie, il est sorti de son devoir de réserve pour jeter le discrédit sur les parties en présence. A sa suite, le Général Hervé Gomart (Chef de la force onusienne) et Olivier Salgado (l’un des porte-paroles), ont joué au dilatoire à Bamako lors de leur traditionnel point de presse.
Faut-il rappeler que les récents évènements survenus à Anéfis n’ont pas plu à tout le monde. Au Mali, en tout cas, l’opinion publique a fortement salué la reprise de la ville par les éléments du Gatia (Groupe d’Autodéfense Touareg, Imghad et Alliés). Les populations locales se sont vite vues désormais en sécurité.
Auparavant, soulignons-le, les populations étaient soumises au racket, aux brimades et agressions des combattants de la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad). Donc, lorsque ces derniers ont été chassés des lieux, les populations ne pouvaient que se réjouir.
Mais, c’était sans compter avec les milieux hostiles à la paix et à la sécurité au Mali, très favorables au séparatisme de fait du territoire national. On l’a vu, de fortes pressions furent exercées sur les plus hautes autorités du pays. Le peuple malien assista ainsi à un honteux ballet diplomatique auprès du Président Ibrahim Boubacar Kéïta. Reçus au palais de Koulouba, tous les diplomates occidentaux exigèrent le retrait du Gatia d’Anéfis. Ils accusaient, en effet, les autorités maliennes d’être de mèche avec le Gatia et qui aurait violé le cessez-le-feu en premier lieu. Toute chose qui ne faisait pas sérieux de leur part en l’absence de toute enquête indépendante sur le terrain.
Finalement, le Président Kéïta s’investit tant soit peu pour apaiser la situation. Publiquement, il lança un appel aux responsables du Gatia pour que leurs éléments sachent garder raison. Un appel entendu. Ces derniers s’engagèrent à se retirer des lieux, tout en demandant la protection des populations par l’Armée nationale et la MINUSMA.
Cette demande n’a pas été du goût de la MINUSMA qui insista sur le respect des positions antérieures. Depuis près d’une semaine, la presse fait cas de retrait partiel ou timide du Gatia. Pouvait-il en être autrement ?
En attendant la réponse à cette question, les patrons de la MINUSMA commencent à lever le voile. Mongi Hamdi, tout puissant chef de la mission, participant récemment à un séminaire sur la Sécurité au Maghreb et au Sahel dans son pays, la Tunisie. Des propos ont été attribués à M. Hamdi à l’issue du séminaire.
Sans démentis jusque-là. ” … Oui, il y a des liens entre quelques éléments. Je dis bien quelques uns, pas tous – du Gatia et des rebelles et les trafiquants. Leur but est de s’assurer le contrôle des routes. Ménaka, Ansongo, Tabankort : tous ces combats avaient les mêmes raisons “, ont rapporté des confrères.
De graves accusations, donc, qui devraient pourtant être étayées par des preuves. Les Maliens et le monde entier ont appris par Mongi Hamdi de telles relations. La question est aujourd’hui de savoir ce qu’avait fait la MINUSMA pour endiguer ces ” raisons ” là. Dès lors que le patron de la MINUSMA sait que le Gatia, les rebelles et les trafiquants avaient les mêmes raisons, lesquelles ne seraient pas du tout bonnes, pourquoi ne ferait-il pas quelque chose pour permettre à l’Etat malien d’assumer toutes ses prérogatives ?
Au-delà, force est de reconnaitre que Mongi Hamdi a manqué de courtoisie, d’élégance et de respect vis-à-vis du Mali. Pourrait-on imaginer, un seul instant, un diplomate malien à ce niveau parler de la situation en Tunisie ? En la matière, n’y a-t-il pas toujours le devoir de réserve ? Quels commentaires feraient Mongi Hamdi de la situation de son pays ? Le Mont Chambi ? Les morts de la plage ?
Décidément, avec ces patrons de la MINUSMA, l’on se demande où va exactement notre pays. Lors de leur traditionnel point de presse, le Général Hervé Gomart (chef d’Etat-major de la force) et Olivier Salgado (l’un des porte-paroles) parlaient, jeudi dernier, de la situation. Ils ont confirmé le début de retrait du Gatia d’Anéfis, du calme qui règne, etc. Mais, en ce qui concerne la région de Tombouctou, en proie à des attaques meurtrières de la CMA, ils ont été évasifs.
Le Général Gomont a parlé d’une ” suspicion de violation de cessez-le-feu par la CMA ” à Goundam, Cogourma, Gagand, … ” Nous allons envoyer une équipe mobile d’intervention et de vérification pour constater. Si les informations sont vérifiées et qu’il s’avère que les populations sont menacées, la Force fera tout pour envoyer des troupes les protéger “, a-t-il dit.
En a-t-il été ainsi pour le cas d’Anéfis ? Pourquoi la force onusienne n’est pas allée constater s’il y avait menace ou non sur les populations ?
Durant toutes ces dernières semaines, la présence des bandits armés a été signalée tout autour de Tombouctou (Goundam, Léré, Gourma- Rharouss,…) à Alatona, aux abords de Ténenkou, etc.
A ce que l’on sache, la MINUSMA dispose des moyens aériens. Avec ses informations, elle est au courant de tous les mouvements ça et là. La MINUSMA était certainement absente de Kidal lorsque la CMA abattait froidement des Administrateurs civils. C’est dire alors que le successeur au Néerlandais Bert Koenders, Hamdi Mongi et ses potes ne voient plus rien.
B.Koné