Dans une interview accordée la semaine passée, depuis Tunis, à notre confrère ” Jeune Afrique “, le chef de la MINUSMA, Mongi Hamdi, a déclaré qu’” il y a un lien entre quelques éléments du GATIA et les trafiquants de drogue “. Avant d’enfoncer le clou en qualifiant les éléments de ce groupe armé de ” forces négatives ” pour, estime-t-il, ” avoir pris le processus de paix en otage “. Par ces propos qui jurent avec le devoir de réserve et de neutralité que doit s’imposer le diplomate tuniso-onusien, la partialité de la MINUSMA, longtemps décriée par une écrasante majorité des Maliens, vient d’être étalée au grand jour par son premier responsable.
L’on se demande ce qui retient le président de la République, seul habilité à le faire, à déclarer persona non grata le Tunisien Mongi Hamdi. Celui-ci considère de plus en plus les groupes armés de la Plateforme, défenseurs de l’unicité et de l’indivisibilité du Mali, comme des ennemis de la mission onusienne, des ” forces négatives “. Or, nul n’ignore que ces mouvements unionistes et républicains sont farouchement opposés à la partition de la République une, indivisible et laïque du Mali.
Dans sa sortie depuis Tunis, Mongi Hamdi a cru devoir se donner une certaine liberté de ton en faisant publiquement état de connivences entre des éléments de la Plateforme, en particulier ceux du GATIA, avec les acteurs de l’économie criminelle, notamment le trafic de drogue. Pour lui, “ il y a un lien entre quelques éléments du GATIA et les trafiquants de drogue “. Et d’expliquer les combats survenus à Ménaka, Ansongo et Tabankort comme étant des affrontements pour contrôler les routes par lesquelles transitent des cargaisons de drogues et d’autres produits prohibés.
L’on se demande alors si Mongi Hamdi a une telle lecture de la situation, comment comprendre que la mission qu’il dirige s’évertue à seriner qu’elle n’est pas au Mali pour combattre le terrorisme encore moins le trafic de drogue, alors qu’elle est convaincue que l’économie criminelle est au moins en partie à la base de la crise. Comme ce forestier qui veut détruire un arbre en s’attaquant à peine à ses branchages et débitant à qui veut l’entendre qu’il ne va pas toucher à ses racines. Or, tout le monde sait que l’arbre ne doit sa survie qu’à la solidité de ses racines solidement enfouies dans le sol !
Rappelons qu’avant cette sortie du numéro un de la MINUSMA, son adjoint, qui vient de passer la main, le Béninois Arnauld Akodjénou, accusait la Plateforme, sans la nommer, de mauvaise foi. ” Nous constatons qu’on n’a pas affaire à des hommes de bonne foi “, avait-il déclaré, au cours d’une conférence de presse le 27 août, parlant de la situation de blocage créée à Anefis.
Ces prises de positions des premiers responsables de la MINUSMA laissent transparaître une partialité à peine voilée de la mission onusienne, alors que l’Accord du 20 juin prône une équidistance entre les ex-rebelles et les groupes armés républicains.
C’est cette partialité qui alimente la méfiance vis-à-vis de la MINUSMA et accorde du crédit à ceux qui pensent que la mission onusienne possède un agenda caché, qui n’est pas celui de la réaffirmation et de la consolidation de l’unité et de l’indivisibilité du Mali. Mongi Hamdi et le successeur d’Arnauld Akodjenou, le Hollandais Koen Davidse, doivent œuvrer à rectifier le tir. Avant qu’il ne soit trop tard.
Bruno D.SEGBEDJI