C’est aujourd’hui que prend fin l’Edition 2012 de « Migrances », organisée par le Forum pour un autre Mali (FORAM), sous le thème « Migrations, retours forcés, déstabilisation et transition démocratique au Mali ». Ce fut une occasion pour poser le lien sans ambigüité entre ce qui se passe au nord du Mali et la guerre conduite par les occidentaux en Libye.
« Nous avons inscrit cette édition dans le contexte de la crise malienne. Nous sommes convaincus qu’il y a un lien entre la problématique de la crise au nord du Mali et la migration », a déclaré Aminata Dramane Traoré, Présidente du Forum pour un autre Mali (FORAM). Selon elle, la situation sociale et politique était explosive au Mali, plus particulièrement à Bamako, au moment où, au nord, d’autres migrants dont des combattants, revenaient avec armes et bagages dans l’intention de créer un Etat : Azawad.
« Au sud comme au nord du Mali, ces retours forcés des migrants s’inscrivent dans un environnement où la poursuite et l’approfondissement des politiques néolibérales continuent d’aggraver le chômage, la pauvreté monétaire, l’insécurité alimentaire, la corruption, les inégalités et les injustices qui avaient contraint, la plupart d’entre eux, à partir », a-t-elle indiqué. Chose grave, elle a indiqué : « faute de perspectives d’avenir, ni d’interlocuteurs, la tentative est grande pour bien des candidats au départ comme des refoules et des expulsés de rejoindre les rangs des djihadistes, d’autant plus que contrairement a l’Etat, ces derniers sont en mesure de recruter et de leur payer des salaires substantiels ». Face à ce danger, Aminata Dramane Traoré a indiqué que « Migrances 2012 » a été organisée pour cerner le lien entre les retours forcés des travailleurs émigrés de Libye -les uns les mains vides, les autres avec armes et bagages- dans la déstabilisation du Mali. Elle a aussi ajouté que cette édition visait à contribuer, dans le cadre de la transition en cours, à la réflexion sur une politique migratoire malienne qui protège les migrants et contribue à la paix et à la cohésion sociale et de proposer des expériences réussies d’utilisation des fonds des migrants et de réinsertion sociale des retournés.
Démarré le 14 décembre 2012, « Migrances 2012 » a été une occasion pour d’éminents conférenciers de traiter le thème sous divers angles. Ismaël Diabaté et Clarisse Soh-Moube ont introduit le débat sur le thème : « Pourquoi partent-ils ? Similitudes et spécificités des causes des départs au Nord et au Sud ». Kaourou Doukouré, Bibi Diawara, Dominique Christian et Demba Moussa Dembélé ont développé le thème : « Le rôle des transferts de fonds des migrants dans la paix, la cohésion sociale et la stabilité politique au Mali, au Sénégal et au Maroc ». Aminata Dramane Traoré est intervenue sur le thème : « Des causes structurelles de la faillite économique et politique ». Ensuite Djibril Koné et Zeidan Ag Sidalamine ont traité le thème : « Retours forcés et rébellion armée au nord : Quelles alternatives ». Pour boucler la boucle des conférences, Karamoko Bamba, Aminata Dramane Traoré et Mandé Alpha Diarra ont entretenu l’auditoire sur le thème : « Transition, le temps de la reconstruction personnelle et collective ». Les Cinq jours de débats ont pris fin par des propositions concrètes et l’élaboration d’un plan d’action pour l’année 2013, afin de prendre en charge la gestion de la problématique.