Pour justifier son projet de déstabilisation du Mali et de la sous-région ouest-africaine, les officiels français, toutes institutions confondues, ont pris l’habitude d’indexer dans leurs discours officiels « une forme de discrimination », à l’égard de la communauté touarègue au Mali à la différence du Niger où le Premier ministre actuel, Brigi Rafini, appartient à cette communauté. Leur cynisme les pousse à tordre le cou à l’histoire récente de la gestion des dossiers des soulèvements successifs de certains sous-groupes touareg, notamment les Ifoghas à Kidal.
C’était le cas du président du Sénat français, Gérard Larcher, qui a profité de son séjour algérois, la semaine dernière, pour lancer une pique aux autorités maliennes. Dans ses diatribes contre Bamako, il va jusqu’à dire que si la Communauté internationale ne veut pas que le récent Accord de paix et de réconciliation connaisse le sort des précédents accords, elle se doit de soutenir les Autorités maliennes à créer les conditions d’un développement économique et social des régions du nord du pays. Mais, il ne s’est pas empêché de faire des injonctions en demandant aux Autorités maliennes de faire plus de place
aux touaregs dans la gestion des affaires publiques au plus haut sommet de l’Etat.
Le style de plaidoirie employé ne trahit pas la méthode de duplicité qui caractérise la diplomatie française et de tout temps. En tout cas, c’est cette image qu’il a renvoyée aux auditeurs de RFI, le vendredi matin dans une interview qu’il a accordée « à la voix du MNLA » dans son édition de 6heures. Dans son intervention, il donnait l’impression de soutenir le Mali alors qu’il défendait une position erronée. Le soutien aux poulains du MNLA en difficulté sur le terrain face au GATIA, ne faisait l’ombre d’aucun doute, si l’on prêtait bien attention au contenu et au message véhiculé, dont le but est d’influencer la Communauté internationale.
Mais, il convient de redresser le cours de l’histoire. Car, Gérard Larcher s’est totalement planté. Parce que l’échec des accords passés est à l’actif des rebelles, qui ne se soucient guère du bien être de leurs frères et sœurs, mais de leur confort personnel. La preuve, pendant tout le régime d’Alpha Oumar Konaré, Iyad Ag Ghali était couché en pacha dans son harem à l’Hippodrome.
Pendant ce temps, son frangin, Bahanga martyrisait les siens entre Kidal et Tinessako. Qui été érigé en commune par Alpha pour satisfaire les caprices de deux hommes : Bahanga et Faghaga, qui a été fait colonel à la faveur du processus d’intégration à la Garde nationale. L’officier n’a pas réussi à se défaire de ses vielles habitudes. Il est retourné à ses vieilles amours, depuis les événements du 23 mai 2006. Pour dire à Gérard Larcher de s’informer avant de faire certaines déclarations sans fondements. A la différence du Niger, qu’il cite en exemple, le Mali s’est débrouillé à maintenir les Unités Méharistes de la Garde nationale, jusqu’à l’éclatement du conflit actuel. Tandis que le Niger a dissous les unités correspondantes, appelées « Unités mixtes » au sein des forces armées nigériennes.
Les Unités méharistes au Mali étaient composées de 70% de population blanche locale (Tamashek) et 30% de noir. En janvier 2012, les ¾ des Unités étaient commandées par des officiers touarègues, pour la plus part intégrés à la suite des soulèvements successifs (1990 et 2006). Ce sont ces officiers et leurs frères qui ont basculé dans la rébellion.
A titre d’exemple, c’est un capitaine intégré de la Garde nationale, qui était fraichement rentré d’une formation d’application passée en Algérie. C’est lui qui a nargué le renfort de l’armée malienne en route pour Aghel hock assiégé permettant aux ennemis de commettre leur forfait. Ce genre d’exemple peut être multiplié à l’infini. Mais, le hic qui fait tilt ici, c’est qu’un officiel français feint d’ignorer cette situation. Alors que les Unités méharistes à la Garde nationale étaient financièrement soutenues par la coopération française. Et, c’est un officier français qui a son Bureau à l’état-major de la Garde nationale, qui gère directement ces ressources.
Est-il besoin de rappeler que dans tous les pays du monde, le Mali est le seul réussir l’intégration des anciens rebelles dans les rangs des forces armées et de sécurité loyalistes. Si ce n’est quelques marionnettes entre les mains de la France, plusieurs officiers valeureux touaregs intégrés ont définitivement tourné la casquette à la rébellion pour se consacrer au développement de leurs régions en vue d’aider leurs parents à sortir de la misère. A l’instar de ces officiers, des hauts cadres civils, qui ont souci de l’avenir de leur pays et de leurs régions servent au sommet de l’Etat. L’exemple de Zahabi est plus qu’illustratif. C’est sous le couvert d’un mandat international, lancé par le gouvernement d’alors, dirigé par un certain Ibrahim Boubacar Kéita, qu’il a quitté le Mali en 1994. Mais, 20 ans après, il est retourné au pays, membre du gouvernement du même homme. Quel exemple de démocratie et de dépassement de son égo !
C’est dire que depuis la nuit des temps, le Mali ne connaît pas de problème d’intégration des communautés dans la gestion des affaires publiques. C’est pourquoi, depuis l’Indépendance, toutes les Communautés ont été impliquées dans la gestion des affaires publiques. A Kidal, par exemple la famille Intalla, qui appartient au sous-groupe des Ifoghas, une minorité parmi les minorités dans la communauté tamashek, a toujours été privilégiée par tous les régimes qui se sont succédés. La tradition a été installée par la colonisation. En dépit de son soutien voilé à la rébellion de 1963, le régime de l’US-RDA a continué de la ménager. Le régime CMLN et de l’UDPM sous la 2ème République n’a pas dérogé à la tradition. Au contraire, son pouvoir local sur « ses sujets », parce que c’est comme cela qu’il faut voir les choses, a été renforcé par Moussa Traoré. Tout cela ne l’a empêché de bénir la rébellion de 1990. Cette fois-ci encore, elle a soutenu à bras le corps la rébellion conduite par le MNLA.
La présidente du mouvement des femmes du MNLA, Nina Wallet est la fille du regretté Intalla Ag Attaher
et la petite sœur de l’actuel amenokal et Algabass Ag Intalla du HCUA. Et pourtant au moment de l’éclatement de cette crise, Nina Wallet était à son 2ème mandat de conseillère nationale, tout comme son grand frère amenokal qui est toujours député à l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, il convient de rappeler qu’au lendemain de son installation à Koulouba en 2002, comme 2ème président de la 3ème République, le président Amadou Toumani Touré, a nommé Hamed Mohamed Ag Hamani, comme Premier ministre. Du jamais vu en son temps tant au Mali, qu’ailleurs dans la sous-région. Pourquoi vouloir passer tous ces efforts en direction d’une Communauté au détriment de la majorité au nom de la paix sociale sous silence ? Simplement l’on est animé de mauvaise foi. Mais, cette attitude de la France ne doit guère surprendre. Depuis, l’Indépendance, elle n’a jamais facilité les choses au Mali. Allez savoir les raisons de ce mépris….
M. A. Diakité