Plus de deux semaines après que le président de la République eut haussé le ton pour exiger “le retrait sans condition des troupes de la Plateforme d’Anéfis “, l’on continue de n’observer qu’un timide “ processus de repli “, qui n’est d’ailleurs pas achevé, de ces groupes armés.
Les mouvements républicains unionistes, qui défendent l’unicité, l’indivisibilité et la laïcité de l’Etat malien, s’apprêteraient d’ailleurs, selon certaines sources, à reconquérir d’autres localités dans les environs d’Anefis, compromettant sérieusement la mise en œuvre de l’Accord du 20 juin 2015. Est-ce pour narguer le chef de l’Etat, ardent défenseur de l’application stricte du document de paix issu du processus d’Alger ?
S’y ajoute qu’au moment où IBK rend hommage à la MINUSMA, dans sa grande interview de ses deux ans au pouvoir, vantant quasiment son intervention pour ” stabiliser le pays “, les femmes leaders et de nombreuses organisations de la société civile malienne menacent d’organiser un sit-in de protestation contre ” la partialité “ de la mission onusienne au Mali. Preuve que le chef de l’Etat et son peuple ne sont pas sur la même longueur d’onde. Ils ne semblent pas, en tout cas, avoir la même lecture de la situation que vit le pays.
Lors de cette interview, le président de la République n’a pas pu esquiver une question de notre confrère Sékou Tangara d’Africable : “ Le peuple avait cru que vous étiez l’homme de la fermeté, décidé à mater la rébellion ou à faire l’usage de la force pour résoudre le problème ; vous avez fini par vous investir dans les négociations avec les rebelles. Qu’est-ce qui s’est passé ? “. IBK a presque interrompu le confrère : ” Je n’ai pas été élu pour faire la guerre, mais pour le dialogue et faire la paix…”.
Là aussi se trouve une différence d’approche avec l’opinion publique dominante au moment de l’élection présidentielle de 2013. Plus d’un croyait dur comme fer qu’avec IBK au pouvoir, les jours des rebelles étaient comptés. Manœuvre dolosive d’un candidat envers son peuple ou mauvaise lecture d’un peuple qui a surestimé un candidat ? Nul ne saurait le dire aujourd’hui.
Constat au moins sûr : le président de tous les Maliens n’a apparemment pas la même lecture de la gestion du pays que la plupart de ses concitoyens.
Bruno D. SEGBEDJI