Hier, mardi 15 septembre 2015, le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, Abdoulaye Idrissa Maïga a rencontré la classe politique pour échanger sur la problématique de la tenue des élections communales, régionales et du district de Bamako le 25 octobre 2015. Et la classe politique (opposition et majorité) dans sa majorité, en évoquant l’insécurité partout au Mali, a souhaité le report de ces élections couplées. Seulement, quelques partis politiques (CD, Adpm) , au motif que l’Etat doit rester dans le cadre de la loi, préfèrent le maintien de la date du 25 octobre. Le ministre Maïga dit avoir pris bonne note des propositions faites par les uns et les autres, mais avise que la décision du report des élections ne lui revient pas. Cette tâche, dit-il, revient au gouvernement qui décide du report. « C’est au niveau du Conseil des ministres que ça se décide », a-t-il expliqué.
Beaucoup de leaders politiques ont pris part à cette rencontre dont Tiemoko Sangaré de l’Adema Pasj, Soumeylou Boubèye Maïga de l’Asma Cfp, Pr Younouss Hamèye Dicko du Rds, Bocar Moussa Diarra de l’Um-Rda, Pr Mamadou Kassa de la convention des partis politiques de la majorité présidentielle (Cmp), Amadou Koïta du Ps Yéelen coura, Befond Cissé de l’Urd, le général Chiaka Sangaré de la délégation général aux élection, Mamdou Diamoutani de la Ceni et bien d’autres acteurs du processus électoral.
Les échanges vont durer plus de deux heures. Et la majorité des intervenants ont souhaité le report pur et simple des élections communales, régionales et du district de Bamako du 25 octobre 2015. Selon le Pr Mamadou Kassa de la majorité présidentielle, la CMP (Convention des Partis de la Majorité Présidentielle) a exprimé le report des élections lors de sa réunion avec le Premier ministre la semaine dernière. Amadou Maïga, également de la majorité présidentielle, a invité le ministre à tenir compte de la proposition de la CMP. « Aller aux élections le 25 octobre est suicidaire.
La date du 25 octobre n’est pas un bon choix, car la sécurité n’existe pas. Je propose que l’élection soit reportée », a-t-il dit. Kaba Diarra du Rpm abonde dans le même sens. Il a fait savoir que la situation actuelle du Mali est très critique. « On doit prendre conscience des épreuves du moment pour sauver le Mali. Nous proposons de dissocier l’élection communale à l’élection, d’évaluer la faisabilité des élections communales le 27 décembre 2015 ou à défaut procéder à la mise en place des délégations spéciales pour une durée de 18 à 24 mois », a-t-il dit. Cette déclaration a provoqué une colère chez l’ex ministre Bocar Moussa Diarra, non moins président de l’Um-Rda qui a signalé que ce discours ne relève que de Kaba Diarra ou de Rpm seulement.
Selon lui, la Cmp a fait une déclaration dont la teneur est le report des élections. Abba Maïga de la Codem, non moins ressortissant de Goudam, enfonce le clou. Selon lui, il est impossible d’organiser les élections au nord actuellement compte tenu de l’insécurité qui y règne. « A cause de Dieu Mr le ministre, prenez votre responsabilité et reportez les élections. Nous sommes des Maliens comme vous, on ne peut pas aller aux élections », a souligné Abba Maïga. Amadou Koïta de l’opposition, non moins président du Ps Yeelen Coura, a fait savoir que l’insécurité au Mali ne permet pas actuellement de tenir les élections.
Selon lui, tenir les élections le 25 octobre 2015, c’est de cautionner la partition du Mali. Quant au Dr Befond Cissé de l’Urd, il dira que les mobiles qui ont occasionné les reports successifs existent toujours. Le représentant du Fare Anka Wuli, Souleymane Koné a souligné que les conditions sécuritaires ne sont pas réunies pour aller aux élections le 25 octobre prochain. Pourquoi vous voulez aller aux élections ? Vous voulez régler quel problème à travers les élections, s’est-il interrogé.
Cependant, quelques partis politiques tiennent au maintien de la date du 25 octobre. Aboubacar Diallo du CD, Aboubacar Fomba de l’Apdm, Sounkalo Traoré de l’Union pour le développement du Mali, Kiabou Bamba du Coream, Amadou Coulibaly du Prvm Fasoko ont souhaité le maintien de la date du 25 octobre 2015 pour les élections. Selon eux, nul ne sait quand l’insécurité prendra fin et l’Etat malien doit rester dans le cadre de la loi.
Aucune liste déposée dans la région Kidal et dans le cercle de Tombouctou
Le ministre Abdoulaye I Maïga reconnaît que la situation sécuritaire est critique. Mais, poursuit-il : « Quel sera le sort d’un report si ce n’est pas encadré par la loi. Il y a l’exigence du renouvellement du mandat des conseillers qui sont là depuis 7 ans. L’objectif de cette rencontre était d’échanger avec la classe politique. Les propositions ont été faites, mais la décision ne sera pas prise ici. Nous respectons le point de vu de tous et chacun. Il ne m’appartient pas de trancher le report ici.
Toutes les propositions seront examinées, analysées et seront soumises en Conseil des ministres. C’est au niveau du Conseil des ministres que ça se décide, c’est au niveau gouvernemental que ça se décide. Pour ma part, je reste dans mon champ, celui de la préparation matérielle et technique des élections. Nous ne devrions pas être surpris. Les engagements pris dans l’accord seront respectés. Nous espérons l’amélioration de la situation sécuritaire ».
Selon le ministre, il n’y a pas d’autre agenda que celui de la préparation des élections. Pour sa part, le directeur général de l’administration territoriale, Amadou Bily Soussoko a fait savoir que 3324 candidatures ont été enregistrées dans toutes les régions du Mali excepté Kidal et le cercle de Tombouctou pour l’élection des conseillers communaux et 35 candidatures pour les conseillers régionaux. Quant à Chiaka Sangaré de la DGE, il fera savoir que 7 141 857 électeurs voteront dans 2147 bureaux de vote avec 1853 centres. A l’en croire, il y a beaucoup d’électrices que d’électeurs. Mamadou Diamoutani a indiqué que la Ceni a pu superviser le dépôt des listes dans plusieurs localités du pays sauf Kidal et quelques localités de Tombouctou.
A signaler que cette rencontre intervient après celle du ministre avec la société civile hier sur le même sujet. Là aussi, les avis étaient partagés. Tandis que certains voulaient le report, d’autres souhaitaient le maintien des élections. Les jours à venir nous édifierons davantage.
Aguibou Sogodogo