La tension est toujours très vive dans les régions septentrionales du Mali. En effet, bien que le retrait de la Plateforme d’Anefis soit effectif depuis hier, des mouvements ont été signalés de part et d’autre. La MINUSMA forte de près d’une centaine de casques bleus à Anefis, a déclaré qu’elle maintenait ses positions autour de la ville pour veiller au grain. Tout en exprimant sa préoccupation, la mission onusienne rappelle que chaque déplacement effectué par un groupe en dehors de ses positions va à l’encontre de ses engagements pris dans le cadre de l’Accord de paix “.
Ainsi, des mouvements d’éléments de la Plateforme auraient été observés plus au nord d’Anefis en direction d’Aguelhok. Au même moment, des mouvements de la CMA ont aussi été signalés au nord-ouest de Goundam. En fait, ce que demande la mission onusienne, c’est que chaque mouvement signataire de l’accord de paix revienne à ses positions d’avant la signature du 20 juin 2015. Ce, pour permettre un rétablissement de la confiance afin que les parties prenantes à l’accord puissent se remettre à travailler ensemble dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions dudit document.
Sur le terrain, la situation reste très tendue et les mouvements s’accusent mutuellement de violation des accords de cessez-le-feu. Chose qui fait dire à certains que le risque d’affrontement est réel. Et la MINUSMA affirme qu’elle conservera ses positions autour d’Anefis afin de surveiller la situation sur place et d’assurer la protection des populations.
Joint au téléphone, un cadre de la Plateforme a déclaré que les mouvements observés sur le terrain ne sont pas du tout hostiles. Pour lui, il s’agit de combattants de la Plateforme ayant des parents sur place et qui désirent les revoir. Il dénonce la démarche de la Communauté internationale, notamment la MNUSMA visant à attribuer un territoire à un mouvement alors qu’il s’agit d’un Etat où tous les citoyens doivent librement circuler.
Du côté des ex-rebelles, cet argument des unionistes est battu en brèche. Selon eux, non seulement les combattants de la Plateforme ne sont pas encore entièrement retirés d’Anefis, mais avancent vers d’autres positions contrôlées par la CMA. Ainsi, ils disent avoir constaté des progressions de la Plateforme sur la localité de Khalid en direction d’Infaraq et sur la ville de Kidal. D’où de légers accrochages opposant les deux camps à environ 30 kilomètres au-delà d’Anefis. Ce que dément la Plateforme qui affirme que les positions que la CMA prétend contrôler sont inexistantes. Un leader de ce regroupement, en l’occurrence le député de Bourem, Mohamed Ould Mataly propose la mise en place d’une mission indépendante composée de toutes les parties pour vérifier que les populations de ces zones sont largement acquises à la cause des unionistes qui sont chez eux après tout. En tout état de cause, la tension est très vive même après le retrait de la Plateforme d’Anefis. Donc rien n’est encore joué dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de paix.
Massiré Diop