A croire qu’il y a réellement un capitaine dans le bateau Mali, lequel navigue à vue dans les eaux agitées d’un océan de problèmes On ne va plus revenir sur le bilan des deux ans de pouvoir du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, mais on est juste étonné de l’air d’auto-satisfaction et de l’auto-célébration affiché par l’intéressé lui-même lors d’une grande interview ad hoc chez nos confrères de l’ORTM et Africable. Un président qui se réjouit et se glorifie de son armée pour lui avoir donné des tenues correctes pour le défilé militaire et non des armes idoines pour faire face à la menace qui pèse sur le pays !
Un confrère écrivait que si IBK n’avait rien à dire, il n’avait qu’à se taire. Il a peut-être raison parce qu’en la matière, vaut mieux garder profil bas que de trop parler. IBK a beaucoup parlé sans parler de ce qui peut encore convaincre les Maliens dans sa conduite des affaires. Les Maliens se rendent compte que le pouvoir est complètement dépassé par les évènements. Il ne contrôle pratiquement pas grand-chose.
Et lorsqu’on ne contrôle rien, on parle sans rien dire. C’est ce qui a été le cas du ministre des Affaires religieuses et du Culte, Thierno Amadou Oumar Hass Diallo, quand il a dit aux Maliens qu’aucun Malien n’est parmi les victimes de l’accident de la Mecque et qu’un jour après il a été démenti par la mort de Issa Sacko alias Karamoko Bèfo. Sur la base de quoi le ministre Diallo s’était donc prononcé ?
Mais Thierno Amadou Oumar Hass Diallo n’est pas le seul ministre qui mélange les pinceaux. Son homologue de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Abdoulaye Idrissa Maïga a tellement mélangé les pinceaux qu’il est en passe de perdre définitivement le Nord. Alors que tout le monde convient de la nécessité de reporter les élections communales et régionales, le ministre de l’Administration persiste et signe.
Même quand il se sait au pied du mur, il ne lâche pas prise. Le jour où les rebelles de la CMA se sont fendus d’un communiqué interdisant la tenue de ces élections dans tout le Nord du Mali, appelé par eux l’Azawad, ce même jour le ministre de l’Administration territoriale rappelait dans un communiqué que la date de clôture des dépôts de listes reste le 10 septembre 2015. Il tient tellement à cette date que finalement le gouvernement se retrouve seul contre tous.
Pendant que tout le monde lui chante que les conditions sécuritaires et inhérentes à l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale ne s’y prêtent pas, le gouvernement s’entête. Quitte à organiser des élections perlées ! Le pétrin dans lequel il s’est donc lui-même laissé glisser risque encore de nous conduire vers des lendemains encore compliqués, s’il ne revient pas rapidement sur terre.
L’insécurité partout
Nous disions tantôt conditions sécuritaires. Ha !! On ne sait pas quand est-ce que les Maliens vont voir le bout du tunnel. Notre confrère de ‘’22 Septembre’’ dans sa livraison du lundi dernier exhortait à aller aux élections parce que les conditions sécuritaires restent les mêmes que lors de la présidentielle d’août 2013 et des législatives qui ont suivi. Nous n’avons rien contre le confrère, mais nous ne sommes pas sûr que les conditions sécuritaires soient aujourd’hui les mêmes que lors de la présidentielle. Et pour preuve, les forces maliennes étaient déployées sur toute l’étendue du territoire et participaient activement à la sécurisation des personnes et de leurs biens.
Aujourd’hui, ce sont ces forces armées et de sécurité même, qui sont en insécurité puisque devenues cible permanente des vrais acteurs de l’insécurité : les jihadistes. On ne peut pas se permettre encore un décompte macabre de militaires maliens péris, depuis un certain 17 mai 2014. Du Nord au Sud en passant par le Centre, chaque jour un soldat, un gendarme ou un garde national est tué. Et le gouvernement impuissant se limite à condamner et présenter ses condoléances aux familles des victimes.
Ça nous rappelle la période de transition quand le gouvernement de Cheick Modibo Diarra se livrait au même exercice. Aujourd’hui, des pans entiers du territoire national, échappent au contrôle gouvernemental où les rebelles narco-trafiquants et narco-terroristes règnent en maitres absolus. Et c’est dans ce no man’s land qu’on prétend tenir des élections dites de surcroit de proximité où les acteurs doivent aller à la rencontre des populations dans les coins les plus reculés du pays.
A cause de cette crise qui est en train de s’installer insidieusement dans la durée, tout le pays est bloqué, tout le monde tousse et éternue avec les bourdonnements qui vont avec. Aujourd’hui, tous les Maliens crient à la galère. On dit que les femmes n’ont plus de panier mais de sachet de la ménagère. Tout va mal et rien ne semble présager le bout du tunnel. Le gouvernement est donc totalement dépassé.
A. V. S. D.