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Communales et régionales : Quand les partis politiques jouent le jeu des rebelles
Publié le vendredi 18 septembre 2015  |  Le Pouce
Election
© aBamako.com par A S
Election de la Haute autorité de la communication
Bamako, le 24 Septembre 2014 a eu lieu l`élection des représentant de la presse pour la Haute autorité de la communication




Après avoir déposé la liste de leurs candidats aux élections communales et régionales prévues pour le mois d’octobre prochain, les partis politiques demandent le report de ces élections.

Les élections communales, régionales et du district de Bamako sont prévues pour le 25 octobre prochain. Dernier acte pour tourner définitivement la page aux différentes crises qu’a connues le Mali depuis 2012. Si le gouvernement s’active à organiser ces échéances électorales, la classe politique, de son côté, et comme d’habitude, joue à un jeu dangereux : le report de ces élections pour la énième fois. Comme le demande aussi la rébellion.

On savait cette classe politique actuelle irresponsable, dépassée, mais de là à jouer le jeu de la rébellion qui est d’empêcher la tenue de ces élections dans la partie septentrionale désormais considérée par elle comme son « territoire » (Azawad), il y a un grand pas que la classe politique malienne vient de franchir vers une autre crise.

Tout est fin prêt

Pourtant, les structures en charge de l’organisation de ces élections (CENI, DGE), se veulent rassurant. Le premier responsable de la Délégation Générale aux Elections (DGE), le Général Siaka Sangaré, interrogé par un confrère, est formel sur la tenue des élections : «Il faut que nous comprenions que nous devons nous adapter à ce contexte. Sinon quand est-ce que l’insécurité prendra fin dans le pays pour qu’on organise ces élections. Faut-il bloquer le fonctionnement normal des institutions à cause de cette situation ? » Pour lui donc, rien ne justifie un report. Même son de cloche pour la CENI.

Cependant, la classe politique, elle, demande le report à cause de l’insécurité qui prévaut dans certaines localités. Il faut se dire que la crise dite du nord du pays, est aujourd’hui plus politique que militaire.

La MINUSMA face à sa responsabilité

La mission onusienne présente sur le sol malien depuis la détérioration du climat sécuritaire dans les régions nord du Mali par le fait de la rébellion et des groupes armés qualifiés de narcotrafiquants, et de terroristes, a reçu comme mandat d’aider le gouvernement malien à restaurer la paix et la sécurité sur toute l’étendue du territoire national et dans l’organisation des différents scrutins. Depuis que cette mission est là, une grande partie de son mandat, n’est pas encore remplie. Il s’agit, notamment, du désarmement et le cantonnement des groupes armés pour garantir la sécurité, le retour des réfugiés, le redéploiement des forces de défense et de sécurité maliennes sur l’ensemble du territoire. Un calendrier toujours renvoyé aux calendes grecques pour des motifs difficilement acceptables pour la majorité des Maliens qui commence à douter de la bonne foi de ses « protecteurs ».

Pour avancer vers la paix, le gouvernement malien a signé un accord de paix avec les groupes armés. Il faut dire que la MINUSMA avait fait de cet accord un préalable de son soutien au processus de sortie de crise au Mali. Mais la signature de cet accord, n’a rien changé au climat d’insécurité qui règne malgré le mandat spécial de la force Barkhane. Cette force « française » a reçu mandat de l’ONU de combattre le terrorisme sous toutes ses formes. Son bilan est très mitigé. La MINUSMA, elle, devrait s’occuper de l’aspect politique de la crise. En somme, elle devrait être du côté du gouvernement du Mali, aujourd’hui, pour garantir la tenue des élections communales et régionales. Mais, elle semble emboiter le pas à la CMA, le groupe rebelle signataire de l’accord, qui, comme toujours, « interdit » au gouvernement d’organiser des élections sur son « territoire ».

Il n’y a pas longtemps, la CMA, présente à Bamako dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord, a rencontré la classe politique malienne. Quelques heures après ces séries de rencontres, des partis politiques s’étaient élevés pour demander que les élections soient reportées. Est-ce à dire qu’ils ont été convaincus par la CMA dont les motivations sont connues : préserver le territoire de l’Azawad.

Cependant, tous les partis politiques qui plaident aujourd’hui pour le report de ces élections, ont déjà déposées leurs listes de candidatures pour ces élections et ont même commencé à battre campagne. Ce que certaines personnes n’hésitent pas à qualifier de fuite en avant ou de jeu d’hypocrites. « Pourquoi demander le report d’une élection dans laquelle vous vous êtes déjà engagés ? » s’interroge-t-on. « Celui qui ne veut des élections, n’a pas à se porter candidat ».

Pour la DGE, «un report aujourd’hui de ces élections communales, régionales et du district de Bamako peut être préjudiciable pour la démocratie et le processus de décentralisation». Est-ce le vœu de la classe politique malienne ?

Tièmoko Traoré
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