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Cabale judiciaire contre l’association ‘’Yélimané Dagakaane’’ : • 17 membres de l’association en prison • 16 membres placés en résidence surveillée • Les activités de l’association interdites
Publié le vendredi 18 septembre 2015  |  Le Républicain
Session
© aBamako.com par mouhamar
Session de Formation sur le Droit Pénal International (DPI)
Bamako, le 23 février 2015. Ecole de maintien de la paix ABB. La fondation Freiederich Naumann en partenariat avec la MINUSMA et l` IIDH en collaboration avec la COMADE et l` INFJ organisent du 23 au 28 février une session de Fromation sur le DPI.




La tension reste vive entre les autorités locales et une partie de la population de Yélimané, des membres de Dagakaane, une association créée par des ressortissants de la localité vivant à l’étranger, demeurant en prison depuis le 18 août dernier. Pour avoir osé dénoncer la mauvaise gestion des affaires publiques à travers une marche non autorisée, cette association fait l’objet d’une cabale judiciaire selon ses représentants locaux. Une quinzaine de membres sont en prison et 17 sont placés en résidence surveillée et les activités de l’association sont interdites, compromettant un projet entamé pour sauver les jeunes du drame de la migration clandestine.

Les villages de Yélimané, d’ordinaire tranquilles, sont désormais en ébullition, après l’arrestation des membres de cette association créée par des expatriés. Ces mêmes ressortissants de la localité vivant à l’extérieur du Mali sont les principaux bailleurs de fonds des projets de développement. «Les centres de santé, les écoles, les mosquées, les projets de développement… C’est nous qui finançons tout. L’Etat n’a rien fait », a déclaré Maciré Kébé, le chef du village de Kersigané.

Et le vieil homme de 53 ans de continuer à décrire comment la poursuite des membres de l’association est injuste. Il a estimé que l’association est poursuivie sur la base de fausses accusations. «Nous n’avons jamais demandé aux gens de refuser de payer les impôts. Comment aurions nous voulu demander cela ? Tout ce qu’on veut est la diminution de la Taxe pour le développement régional et local(TDRL). Nous payons la taxe la plus élevée au Mali », a poursuivi le chef du village de Kersigané.

Les ennuis des membres de l’association ont commencé après une marche pacifique organisée le 18 août dernier dans la ville de Yélimané. Ce jour-là, les maires des 12 communes du cercle et les députés s’étaient donné rendez-vous pour une réunion au chef-lieu de cercle. A l’occasion, étaient également présents les chefs de village qui servent d’intermédiaires entre la population et les élus censés rendre des comptes lors de la réunion.



L’augmentation de la taxe, une souscription volontaire

Parallèlement à cette réunion, les jeunes qui représentent l’association dans la localité ont organisé une manifestation pacifique pour dénoncer la gestion des ressources locales. «Les jeunes ont marché sans rien casser, ils sont partis donner une lettre au préfet. C’est ce même jour qu’ils ont été arrêtés dans l’après midi », a affirmé Tama Diawara, 66 ans, chef du village de Sambaga.

Ce dernier se dit surpris par la proportion qu’a prise cette affaire, alors que depuis novembre 2014 les membres de l’association ont entamé des démarches pour demander la diminution de la taxe en question. Pour l’association ‘’Dagakaane’’, cette taxe s’élève à 2135 francs à Yélimané au lieu de 1000 francs comme dans beaucoup d’autres localités maliennes.

Selon Checkna Sylla, un notable du quartier Djadji à Yélimané, l’augmentation de la taxe est partie d’une souscription volontaire de la population qui voulait financer l’achat d’un véhicule et la construction d’un bâtiment sous le règne de Moussa Traoré. Ces buts ont été atteints, mais la taxe n’est pas revenue à son tarif normal après la réalisation des objectifs fixés.



Désinformation

Ce qui est révoltant pour Checkna Sylla est que les 16 personnes arrêtées étaient toujours en prison au moment où il parlait (le 13 septembre). Il s’est dit très déçu d’autant plus que les maires et les députés auraient fait croire aux autorités judiciaires de la localité que ‘’Dagakaane’’ pousse les populations à refuser de payer les impôts.

Les représentants de ‘’Yélimané Dagakaane’’ sont persuadés que si les jeunes qui ont manifesté ont été arrêtés, c’est parce que les élus locaux ont menti aux autorités judiciaires et administratives. «Aucun maire ou député ne peut démontrer que nous avons refusé de payer les impôts. Sur les 1586 imposables dans mon village, tous ont payé pour l’année 2015 sauf 47 personnes. Et parmi ces dernières, certains ont payé une partie », a témoigné le chef du village de Kersigané, en exhibant le reliquat des quittances comme preuve du paiement régulier des impôts.



Le piège du juge d’instruction

Sadio Niagaté, le leader local de ‘’Yélimané Dagakaane’’ a été le premier à être arrêté par les autorités judiciaires. Son jeune frère, Fadjigui Niagaté, 33 ans, a indiqué que les autres membres de l’association s’étaient rendus au palais de la justice pour savoir ce qui était advenu de leur leader. « C’est sur place que le juge les a fait entrer un à un, en faisant semblant de les écouter seulement, pour ensuite les mettre tous en prison », a raconté Fadjigui Niakaté.

Le préfet, Ali Guindo, a fait savoir qu’il faudrait éviter de faire des amalgames dans cette affaire. Contrairement aux rumeurs, a-t-il dit, les autorités administratives ne sont impliquées ni de près ni de loin. «La marche était pacifique, ils n’ont rien cassé. Après avoir pris connaissance du contenu de la lettre que trois représentants des marcheurs m’ont remise, je l’ai transmise à qui de droit. Mon rôle s’est arrêté là », s’est justifié le préfet.

Pour le préfet, il s’agit d’un combat politique entre la population et les élus locaux, surtout à la veille des élections de proximité. C’est pour cela que l’administration aurait refusé de prendre position même si les élus auraient demandé au préfet de sévir contre ‘’Yélimané Dagakaane’’. Mais les élus seraient allés plus loin pour que l’association soit poursuivie.

Bandiougou Dembélé, le président de l’association des municipalités s’inscrit en faux contre l’argument selon lequel la Taxe pour le développement régional et local que payent les habitants du cercle de Yélimané soit la plus élevée du Mali. Par ailleurs, il a affirmé que même avec les 2135 francs, les mairies ne s’en sortent pas.

Ainsi, plusieurs municipalités enregistrent des arriérés de salaire de 5 à 6 mois. Les travailleurs de la commune de Guidimaga seraient allés en grève pour réclamer leurs dus, selon le président de l’Association des municipalités. Quant à la commune de Fanga, elle serait à 8 mois d’arriérés de salaires.



Entrave à la liberté d’association

Mais c’est pour freiner la menace d’un boycott des impôts que les maires ont saisi le sous-préfet de Tambakara pour se plaindre de l’association, à en croire Bandiougou Dembélé. C’est sur la base de cette plainte que le juge d’instruction a poursuivi ‘’Yélimané Dagakaane’’ dont certains militants ont été arrêtés, et l’association est finalement interdite d’activité jusqu’à nouvel ordre.

Hors, les expatriés comptaient combattre la migration clandestine à travers cette association. Le décompte des victimes de la migration clandestine est effroyable dans la localité. En 2015, les victimes se comptent par dizaines dans le cercle de Yélimané ; à Kersigane, il y a eu deux morts, trois à Diogaga, Sept à Sambaga, sept à Fongo pour ne citer que ces cas.

Pour les responsables de l’Association ‘’Yélimané Dagakaane’’, afin que la lumière soit faite sur la vérité, il faut que les hautes autorités aillent constater ce qui se passe sur le terrain. En tout cas, la suspension des activités de l’association pourrait être un coup dur pour le développement local dans les 100 villages du cercle. Le chantier du centre de formation visant à former les jeunes à des métiers est également menacé du fait de l’interdiction de l’association.

Soumaila T. Diarra

Envoyé spécial à Yélimané



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17 Personnes à la Maison D’arrêt de Yelimane
depuis le 18 Août 2015 à 16h

1 Sadio Hinda Niakhaté , Yélimané Sébé
2 Boubacary Niakhaté, Yelimane Cebe
3 Galaye Doucouré Yelimane Cebe
4 Moussa Konaté Yelimane Cebe
5 Demba Dembélé Dougoubara 
6 Diadié Sissoko Farakidy
7 Hamady Thiam Yarakha
8 Amadou Gegui Diadie
9 Demba Sacko Dioganga
10 Djibril Assa Marega Koméoulou
11 Kaka Dramé Koméoulou 
12 Djibril Kébé Konéoulou Urgent
13 Hamedy Tandia Diongaaga
14 Dieydani Dicko Salakha
15 Moussa Khasso Sacko , Dionkhouné
16 Mahamodou Magou Doucouré Gory
17 Ladji Sacko Diongaaga
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