Le Chef de File de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la République et la démocratie (Urd) a animé un point de presse le samedi 19 septembre 2015 à la Maison des Aînés de Bamako sur les deux ans du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) au pouvoir. Dans son diagnostic, le conférencier a fustigé la mauvaise gestion du pays sous l’ère IBK. De l’avis du leader de l’opposition, on ne change pas une société par des mots. La conférence a été une occasion pour le leader de l’opposition d’égrener sur les différents couacs du régime en place : l’insécurité à la surfacturation, le scandale d’engrais frelatés et la cherté de la vie…
Plusieurs personnalités ont pris part à ce point de presse dont les présidents du Pids, Daba Diawara, Amadou Abdoulaye Diallo du Pdes, Tiébilé Dramé du Parena, Amadou Koïta du Ps Yéelen Coura, Fatoumata Siré Diakité de l’Apdf, Mme Sy Kadiatou Sow de l’Association Adema, Mme Cissé Assitan Traoré, épouse de Soumaïla Cissé, des militants et sympathisants de l’Urd.
« Le 4 septembre 2013, l'armée malienne et l'administration étaient déployées sur toute l'étendue du territoire national. Tous les partenaires techniques et financiers étaient de retour et avaient déjà fait preuve d'une grande solidarité pour une relance durable de notre économie.
L'accord de Ouagadougou avait balisé le terrain en fixant un calendrier précis devant aboutir à une paix et une réconciliation durables dans des délais raisonnables. De cette date à nos jours, c'est à dire le 19 septembre 2015, un seul mot résume le bilan du régime actuel, désillusion : désillusion pour les populations qui vivent depuis en zone occupée notamment à Kidal; désillusion par rapport aux attentes des Maliennes et des Maliens de l’intérieur comme ceux de la diaspora.
Cette déception est aggravée par de gros scandales relatifs à l'achat de l'avion présidentiel, aux équipements de l'armée, aux engrais frelatés, aux marchés surfacturés, aux logements sociaux, à l'insécurité, à l'impunité, à la cherté de la vie, entre autres difficultés que vivent les populations », c’est par ces mots que le conférencier, l’honorable Soumaïla Cissé a commencé son allocution.
Avant d’ajouter que l’opposition, malgré le fait d'avoir été marginalisée, s’assume et jouera toujours son rôle républicain. Selon Soumaïla Cissé, l’interview télévisée du président IBK était en décalage total par rapport aux préoccupations des Maliens. Car, ajoute-il, les téléspectateurs attendaient des propos conciliants et objectifs face aux difficultés qu'ils vivent pour leur redonner de l'espoir à travers des mesures fermes, résolues et cohérentes avec des engagements précis.
Une situation sécuritaire préoccupante
Par la voix de son président, L'Urd rappelle que l'équipement de l'armée était une des promesses fortes de campagne du candidat aujourd'hui Président. Face à la situation sécuritaire qui se dégrade de jour en jour avec des attaques partout sur l'ensemble du territoire, le Président IBK avait dit dans son interview que "nulle part au monde il n'y a la sécurité absolue". Pour l'Urd, une telle déclaration n'est pas de nature à rassurer les citoyens maliens au regard de l'insécurité exacerbée et insupportable qui s'est installée dans leur quotidien.
Pour l’honorable Soumaïla Cissé, l'application de l'accord d’Alger sera ardue et chaotique. Selon lui, le grand commentaire fait par le régime sur le taux de 7,2% de croissance en 2014 est à relativiser car il ne s'agit pas d'une performance particulière. « De façon générale sur la période 2012-2014 le taux de croissance économique moyen a été de 3% contre un taux démographique de 3,6% sur la même période. Indiscutablement le taux affiché en 2014 est élevé mais pas extraordinaire. Il n'a pas infléchi le taux de pauvreté qui reste toujours de 46% en 2014. La vie reste toujours très chère et le chômage encore endémique.
Quid des 200 000 emplois promis aux jeunes lors de la campagne présidentielle? Non seulement le Président ne répond pas directement à la question ou du moins il y répond en disant qu'on fera plus tard le bilan et qu'en attendant, les jeunes devraient accepter de se former. Il ajoute que de toute façon tout le monde ne peut pas travailler dans les bureaux », a expliqué le conférencier.
L'Urd note que les jeunes ne demandent qu'à travailler et affirme que dans un pays comme le nôtre, de nombreuses opportunités existent. « Comme on peut donc le constater sur le plan économique, à part des incantations sur l'agriculture et l'affirmation d'un volontarisme verbal stérile aucune perspective sérieuse n'a été esquissée.
Tout cela s'explique aisément par l'absence de leadership, de programme et de vision. Résultat : cacophonie gouvernementale, improvisation et faux coups d’éclat à l’image des casses sélectives dans l’immobilier, des nominations intéressées et incohérentes ! Les déceptions et les conflits générés à cet effet sont l'illustration parfaite de la politique de mal gouvernance mise en place.
En résumé toutes les questions pertinentes de l'heure sont passées sous silence. Les dérives, les retro commissions, ce n'est pas important c'est du passé..... La délinquance financière, la corruption, cela n'est plus d'actualité pour le Président qui a répété avoir transmis le dossier à la justice en même temps que 200 autres depuis qu'il est arrivé à Koulouba.
L'insécurité, la cherté de la vie, ce n'est pas qu'au Mali qu'on les connaît nous dit le Président. Belle esquive, faible excuse! », a martelé le chef de file de l’opposition. L'Urd, par la voix de son leader Soumaïla Cissé, rappelle au Président de la République qu'on ne change pas une société par des mots. « Notre pays dispose d'énormes potentialités dans tous les domaines.
Il est promis comme beaucoup d'autres à un bel avenir. Mais au regard de l'amateurisme qui caractérise son administration, nous risquons de rater le rendez-vous de l'émergence...aussi longtemps que des incantations verbales tiendront lieu de remède ! Nos compatriotes attendent et méritent plus et mieux : nous en avons les moyens humains et les ressources naturelles.
Les pays qui se développent sont ceux dont les dirigeants anticipent et prennent des décisions fermes et appropriées », a-t-il dit. En réponse aux questions des journalistes, le conférencier a indiqué que tout le monde doit œuvrer pour la bonne marche de l’école malienne. Par ailleurs, il a souhaité le retour à une vie constitutionnelle normale au Burkina Faso.
Au cours de ce point de presse, le public a eu droit à un film de 39 minutes qui retrace la mal gouvernance du Mali. En outre, à l’occasion du 55ème anniversaire de l’accession du Mali à l’indépendance, une déclaration de l’Urd fut lue par Me Demba Traoré, chargé de communication du parti pour souhaiter aux Maliennes et Maliens une très bonne fête d’indépendance.
Aguibou Sogodogo