La communauté musulmane du Mali fêtera l’Aïd El Kébir ou la fête de tabaski ou encore celle du mouton, ce jeudi 24 Septembre 2015. Cette traditionnelle fête musulmane est la commémoration du sacrifice d’Abraham à Allah, qui dans sa clémence a épargné la vie d’Ismaël, fils aîné d’Abraham en faisant descendre un bélier blanc comme sacrifice. C’est pourquoi le mouton est devenu dans la religion musulmane l’un des animaux les plus importants. Moment de communion, de régal, de partage et de pardon, mais aussi et surtout un moment de dépenses pour les chefs de famille qui doivent combler la grande attente des membres de leur foyer respectif. Cette attente rituelle a pour nom « Mouton » et beaux habits pour femmes et enfants. La particularité de cette année 2015 est non seulement la cherté du mouton sur le marché mais aussi et surtout la conjoncture financière actuelle. Pays agro-sylvo-pastoral, le Mali est l’un des pays de la sous-région qui a le cheptel le plus riche en bovins, ovins et caprins. Il est en même temps l’un des pays où les petits ruminants se vendent à prix d’or à la veille de la fête de Tabaski. Les Maliens sont victimes du libéralisme sauvage du marché et les autorités n’imposent aucune restriction aux éleveurs qui ont l’entière liberté d’exporter les produits de leur élevage vers des destinations plus avantageuses. C’est pourquoi le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont deux destinations prisées par les commerçants maliens. Ainsi ni les tracasseries douanières en cours de route, encore moins les difficultés rencontrées sur les lieux d’accueil ne dissuadent les vendeurs à renoncer à ces destinations et c’est ce qui explique, entre autres, la rareté et du coup la cherté du mouton. Aujourd’hui, acquérir un mouton pour un chef de famille à revenus modestes devient un casse-tête chinois. En effet, la fête de Tabaski cette année se tiendra à moins d’une semaine de la rentrée des classes pour l’année scolaire 2015-2016 ; un autre rendez-vous important pour les parents d’élèves qui doivent débourser encore de l’argent pour les frais scolaires et autres kits. Pour soulager la souffrance des maliens, l’Etat doit prendre les mesures et décisions idoines parmi lesquelles, la fixation des prix des produits de grande consommation et l’interdiction pour les commerçants de sortir avec une si grande quantité de mouton à la veille de ces réjouissances populaires. Il doit aussi accompagner les parents d’élèves les plus défavorisés par l’octroi de kits scolaires comme ce fut le cas dans un passé pas trop lointain.
Vivement donc ces décisions politiques courageuses de la part de nos autorités afin de permettre aux citoyens à faibles revenus d’avoir accès au mouton pour accomplir cet important rituel pour tout bon musulman. AID MOUBARAK !
Youssouf Sissoko