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Le manque de volonté politique dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière au grand jour ! Sur les 200 dossiers transmis à IBK par la CASCA, la justice saisie pour moins de 10 seulement
Publié le lundi 21 septembre 2015  |  L’Indépendant
Remise
© aBamako.com par A S
Remise du rapport 2013-2014 du Vérificateur Général au Président de la république
Bamako, le 4 Mai 2015, le Vérificateur Général a remis son rapport 2013-2014 au Président de la République SEM Ibrahim Boubacar Keita




Sur les 200 dossiers transmis à IBK par la CASCA, la justice saisie pour moins de 10 seulement
Le manque à gagner pour l’Etat frôlant les 500 milliards FCFA

A cette allure de tortue, l’on se demande si IBK parviendra, au cours des trois années qui lui restent pour la fin de son mandat, à transmettre la moitié de ces dossiers à qui de droit. C’est dire combien le manque de volonté politique est criard s’agissant de la lutte contre ces fléaux que sont la corruption et la délinquance économique et financière qui ont pignon sur rue dans ce Mali. La loi sur l’enrichissement illicite, réclamée par les PTF et adoptée depuis mars 2014, n’a toujours pas connu son décret d’application. Qui freine l’application de cette loi ? Quel sort le chef de l’Etat entend-il réserver aux 200 dossiers qu’il dit avoir reçu de la CASCA ? En 2013, IBK avait souligné que ” l’argent du peuple sera restitué…et cela sans préjudice aucun des réparations et poursuites requises “. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Dans les dossiers de détournements de deniers publics, l’affaire de l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (APEJ), portant sur un détournement présumé de 5,6 milliards FCFA, n’est que la partie visible de l’iceberg. Cela, dans la mesure où les faits dénoncés par les différentes structures de contrôle se chiffrent, en réalité, à plusieurs centaines de milliards FCFA. Encore que les contrôles ne concernent que moins de 10% des administrations publiques ou parapubliques.

Déjà en novembre 2013, le président de la République, en recevant le rapport du Bureau du Vérificateur Général (BVG) au titre de l’exercice 2012 et les bulletins 2011 et 2012 de la CASCA (Cellule d’appui aux structures de contrôle de l’Administration), avait déclaré: “ces rapports ne connaîtront pas le même sort qui leur a été réservé il y a si peu”. IBK avait alors promis qu’il allait ” transmettre tous ces dossiers à qui de droit”. Récemment encore, lors d’une interview accordée à l’Ortm et Africable, le chef de l’Etat a déclaré qu’il a remis ” 200 dossiers à la justice “. Alors que selon nos investigations, la justice ne semble pas avoir été saisie de plus d’une dizaine de dossiers parmi les faits dénoncés par les structures de contrôle depuis l’arrivée au pouvoir d’IBK.

Des rapports pour amuser la galerie

Dans quel bureau ont alors atterri les 200 dossiers dont parle le président de la République ? Le constat étant qu’année après année, les dossiers de corruption et de détournements de deniers publics s’entassent sans qu’aucune suite ne leur soit jamais donnée.

Du règne d’ATT à celui d’IBK, les cérémonies de remises solennelles des rapports du BVG se succèdent au palais de Koulouba sans que celles-ci ne soient jamais suivies d’une saisine de la justice. D’où une impunité sans égale qui entoure ces crimes de détournement de deniers. Il s’agit là de l’absence d’une volonté politique sans nom enveloppant de sa lourde carapace les crimes et délits portant sur plus de 500 milliards FCFA de perte cumulée pour l’Etat au cours des dix dernières années. Cela, selon les estimations les plus modérées.

D’autre part, pourquoi l’Etat ne publie-t-il pas le montant des sommes recouvrées par la justice comme le fait le BVG concernant les détournements de deniers publics ? Encore, absence de volonté politique. En effet, après le cérémonial lors de la remise des rapports du Vérificateur Général, lesdits dossiers de malversations financières dénoncés par les différentes structures de contrôle restent paradoxalement dans les tiroirs. Alors qu’il s’agit, comme l’a, d’ailleurs, souligné le chef de l’Etat, de récupérer, des mains des prédateurs et dans la mesure du possible, une somme équivalant presqu’à la moitié du budget de l’Etat afin de la reverser au Trésor public. Quel est, en la matière, le montant que l’Etat lui-même a-t-il jusque-là pu récupérer ? Presque rien.

A se demander maintenant à quoi servent les Pôles économiques et financiers de Bamako, Mopti et Kayes ? Qui coûtent, de surcroit, des centaines de millions FCFA par an au contribuable malien. Ne parlons pas du Bureau du Vérificateur Général avec un budget de plusieurs milliards FCFA alors même que ses rapports ne font que meubler en quelque sorte la galerie. D’où cette impression des PTF qui pensent que “la justice est le ventre mou de la lutte contre la délinquance financière et la corruption “.

Le Pôle économique et financier de Bamako qui est compétent notamment pour les régions de Koulikoro, Sikasso et Ségou n’aurait presque pas de dossiers à traiter. Cela dans un pays pourtant rongé par la délinquance financière et la corruption. En voici un paradoxe qui interpelle au plus haut niveau de l’Etat. C’est dire combien il est temps de passer réellement des paroles aux actes.

Mamadou FOFANA
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