Le mercredi matin, 21 mai 2014, l’armée malienne engageait une offensive sur la ville de Kidal, fief des rebelles. Cette attaque faisait suite aux affrontements sanglants du 17 mai 2014, ayant fait plus d’une trentaine de morts dont plusieurs hauts responsables administratifs maliens, lâchement tués par le Mnla. Et ce, lors de la visite de l’ex-Premier ministre Moussa Mara qui, lui aussi, échappa de peu à un assassinat pur et simple. Cela conduisit, dans la foulée, à l’envoi de près de 1500 soldats maliens sur place en vue de mettre définitivement fin à «l’épisode Kidal» qui n’avait que trop duré.
Toute chose qui, cependant, donnera lieu à l’une des mésaventures les plus macabres qu’aient connues nos forces de défense et de sécurité. Une nouvelle défaite, aussi humiliante que meurtrière, ayant été soigneusement planifiée, depuis l’Elysée. Objectif : empêcher, à tout prix, la récupération de Kidal par l’armée malienne, quelle que soit l’ampleur du massacre qu’il fallût lui faire subir et cela, au profit d’une géostratégie française qui constitue, aujourd’hui, la source principale de tous nos malheurs.
Quel indécrottable cynisme de la France ! Une puissance aussi vorace qu’abominable, qui n’ait d’yeux que pour son funeste agenda. Quelques jours avant l’événement qui allait désormais être une des pages les plus épouvantables de notre Histoire, les renforts de l’armée malienne, arrivés sur les lieux, avaient officiellement reçu l’ordre de procéder à la sécurisation des personnes et de leurs biens.
La France qui observait, minutieusement tout le déroulement de la situation, voyait bien ce qui se profilait à l’horizon, d’où l’envoi précipité de plusieurs dizaines de ses soldats dans la région de Kidal afin de muscler davantage un dispositif militaire, déjà bien en place. L’offensive des Fama, engagée à l’arme lourde en début de matinée contre les combattants du Mnla, avait été d’une professionnelle réussite au point d’infliger, juste quelques heures après l’assaut, une des plus cuisantes défaites à la rébellion kidaloise. Déjà, à l’annonce des combats, c’était l’euphorie chez le peuple tout entier qui manifestait son bonheur et sa plus grande fierté, car la région de Kidal allait enfin être arrachée des mains d’une coalition d’apatrides, d’ignorants calfeutrés, n’ayant aucune vision réelle du pouvoir d’Etat et de revenir, sous peu, dans le giron de la République.
C’est ainsi qu’en fin de matinée, plus précisément vers 11 heures, qu’on commença à faire véhiculer la nouvelle d’une victoire éclatante des forces nationales sur les narco-séparatistes, à qui d’énormes pertes venaient d’être causées avec de nombreux combattants faits prisonniers. La fureur de l’offensive était si évidente que ce groupuscule armé, qui croyait détenir le monopole de la violence, avait fini par prendre la poudre d’escampette, à l’image d’un chien apeuré, fuyant à vive allure en prenant le soin de mieux serrer la queue entre les cuisses. Toutes les positions stratégiques des sécessionnistes venaient ainsi d’être conquises par les Fama qui les avaient totalement chassés du gouvernorat, dorénavant sous contrôle loyaliste.
C’est depuis ces lieux que l’heureuse nouvelle de la prise de la capitale de l’Adrar des Ifoghas provoqua une allégresse générale : les forces armées maliennes venaient donc de réaliser un exploit magistral ! Le fief des rebelles, ayant été déjà tombé entre les mains des Fama, il s’amorça, peu après, une vaste opération de ratissage sur toute l’étendue de la ville. Ce qui créa en même temps, des liesses spontanées chez des populations longtemps meurtries, à qui ce «tigre en papier» du Mnla n’avait jusque-là cessé de faire vivre des ignominies.
La «mystérieuse» défaite de l’armée malienne : une œuvre savamment organisée par les forces françaises
Soudain, comme par hallucination, les forces ennemies ont réapparu avec, cette fois, une puissance de feu que nul ne pouvait imaginer, broyant aussitôt toute la résistance de l’armée malienne qu’elle mit complètement en déroute : la voie venait ainsi d’être ouverte à une terreur inédite, une opération infernale visant à écraser les soldats maliens jusqu’à leur dernier retranchement.
Si d’aucuns expliquent cette subite défaite de notre armée par des erreurs tactiques, la divergence de vues entre chefs hiérarchiques ou encore l’inexpérience des troupes combattantes, pour des esprits mieux avertis, par contre, tout était suffisamment clair : la main empoissonnée de l’impérialisme français venait, une fois encore, de frapper le Mali, au regard des types d’armements ayant mené l’assaut contre nos forces et les moyens de communication délibérément mis en dysfonctionnement, ce qui ne serait point possible sans l’implication directe d’une superpuissance satellitaire.
Notre armée fut alors coupée du monde pour être ensuite combattue d’une des manières les plus sanglantes jusqu’à être entièrement chassée de la région de Kidal. L’euphorie collective occasionnée par une victoire, pourtant crue pérenne, venait douloureusement de s’abréger, faisant rapidement place au cauchemar et même à la révolte ; une abomination massive qui venait d’anéantir l’espoir de tout un Peuple, foudroyant, par la même veine, l’honneur de toute une Nation. Après d’impitoyables affrontements, les Famas ont fini par être chassées de leur QG traditionnel, le Camp I, et également délogés du gouvernorat, passé à nouveau, sous contrôle indépendantiste.
L’armée malienne venait ainsi de subir l’une des plus suicidaires humiliations de toute son existence. Les pertes étaient tellement lourdes du côté de nos militaires que le Mnla s’interdisait finalement de donner un bilan. C’était la toute première fois que la rébellion kidaloise, traditionnellement connue pour ses communications mensongères, ses propagandes vertigineuses, entretenait un silence de cimetière sur le bilan des affrontements qui l’opposaient aux forces loyalistes.
Il est à noter également que lorsque des soldats maliens s’étaient tactiquement repliés sur le camp de la Minusma à Kidal, celle-ci les avait catégoriquement empêchés de s’y introduire avec leurs véhicules en les contraignant à les abandonner hors du camp. Ces mêmes véhicules et armes de guerre de l’armée malienne seront par la suite récupérés sans problème par des unités combattantes du Mnla, sous le regard complice des soldats de la mission onusienne. La France et ses protégés du Mnla, en alliance avec des jihado-terroristes, devaient réussir une «mission de taille» : celle de «balayer» l’armée malienne de la ville de Kidal, la forçant ensuite à quitter toutes les autres localités de la région afin d’inverser, au maximum, les rapports de force.
L’on comprend alors aisément pourquoi, depuis la signature de l’accord de Ouaga, la France ne s’était jamais prononcée clairement sur l’opération de cantonnement des combattants du Mnla, comme prévu par ledit document. Si Hollande s’est dit «intraitable» sur la date de la présidentielle d’alors, pourquoi ne s’était-il pas montré intransigeant sur le processus de désarmement des rebelles, en dépit de toutes les atrocités que ces derniers n’hésitaient même plus à commettre sur de paisibles citoyens ?
Par ailleurs, pourquoi s’obstiner «impudiquement» à cantonner une armée légale, libre et souveraine, au bénéfice d’une horde de vandales ? La réponse est bien connue de tous : c’était de peur que le Mnla ne fût éventuellement chassé de Kidal, à nouveau, en cas d’offensive malienne, comme ce fut antérieurement l’œuvre d’islamistes radicaux qui, bien qu’obscurantistes, avaient fini par voir en lui (le Mnla), une véritable «punaise» à neutraliser sans autre forme de procès.
La prise de Kidal par l’armée malienne : un indigestible «affront» pour la France
La prise de Kidal par les Fama (Forces armées maliennes) le 21 mai 2014 après la visite officielle de l’ex-Premier ministre Mara, avait été immédiatement perçue par la France comme un «affront majeur». Que fallait-il donc diligenter ? Simplement, la mise en déroute systématique des forces nationales et la réinstallation des rebelles, manifestement terrassés par les combats, sur toutes les positions arrachées, et même au-delà.
Ainsi, après la débâcle des bandits armés, l’ordre fut aussitôt donné par l’Exécutif français aux troupes de Barkhane sur place de procéder à toutes formes d’alliances militaires favorables aux rebelles. Le complot qui allait ainsi s’ourdir contre notre pays, commença, d’abord, par le brouillage de toutes les lignes de communication, constituant un élément substantiel dans le fonctionnement de la coordination et des renseignements, procédés sans lesquels, aucune guerre du XXIème siècle ne peut se gagner. Des troupes jihadistes dotées de moyens offensifs impressionnants, stationnées depuis la frontière mauritanienne ainsi que des combattants libyens appelés en renfort, se sont très vite mobilisés pour débarquer sur place, à l’aide de moyens logistiques de l’armée française, tant aériens que terrestres, afin de prêter main forte aux séparatistes.
C’est pourquoi, après la déculottée du Mnla, entraînant la perte de toutes ses positions, les forces Barkhane, n’avaient jamais permis l’accès de l’aéroport de Kidal aux troupes de l’armée malienne pour des raisons qui allaient très tôt finir par se savoir après l’exploitation stratégique des lieux (l’aéroport) et autres sorties terrestres de la ville non encore entrées sous contrôle des Fama. Et ce, au profit d’une meilleure réorganisation des troupes ennemies dont la riposte sera fatale pour les forces régulières.
Au cours des affrontements visant la reprise de Kidal des mains de l’armée malienne, des appareils de type Apache de l’aviation française survolaient la ville, notamment les zones de combats, communicant régulièrement les positions des troupes maliennes au camp ennemi qui avançait, chaque fois, avec une allure étonnante. Des snipers français enturbannés, postés en «lieux sûrs» et engagés aux côtés de ces entités criminelles (rebelles et alliés terroristes), prenaient directement pour cibles, des éléments des Famas qu’ils tentaient de mettre, le plus souvent, hors d’état de combat en visant spécifiquement les épaules. «Consigne» qui n’était toujours pas respectée, car plusieurs victimes parmi nos soldats assassinés, avaient été retrouvées avec des balles en plein cœur ou en pleine tête. Des tireurs professionnels, dont les balles extraites des corps de militaires maliens, avaient été clairement identifiés par des spécialistes comme provenant de l’arsenal français.
L’anti-philanthropie d’une puissance «malade» dans sa conscience
Les combats furent si féroces que l’armée malienne avait fini, non seulement, par être chassée de la ville, mais également, contrainte à abandonner ses positions de toutes les autres localités de la région : la traîtrise française s’était cruellement abattue sur l’Etat souverain du Mali qu’il fallait, coûte que coûte, affaiblir politiquement en cherchant à humilier l’armée et le peuple afin de donner plus de «légitimité» à la présence française sur le terrain, pour enfin implémenter la scission programmée et planifiée de notre pays.
En effet, le Mnla ne doit son existence et ses «exploits» qu’à la France. Par conséquent, sa défaite équivaudrait automatiquement à l’échec de toute la stratégie française au Nord. Nul besoin de rappeler que la France n’est intervenue au Mali essentiellement que pour ses intérêts géostratégiques et économiques. Nonobstant ses déclarations démagogiques, la question de la souveraineté du Mali n’est d’aucune importance pour elle, à vrai dire. Mais malheureusement, très peu d’entre nous comprennent l’extrême complexité des enjeux et la profondeur des problèmes auxquels notre pays est confronté.
Des populations civiles et militaires et beaucoup d’autres innocents payent amplement le prix de l’anti-philanthropie d’une puissance qui est prête à sacrifier la vie de tout un peuple, s’il le faut, aux seules fins de sauver son économie de plus en plus agonisante et de mieux sauvegarder son hégémonie. L’acte hautement patriotique posé par Mara en se rendant à Kidal aura eu absolument pour mérite d’avoir levé toute équivoque sur la mainmise de la France sur la région ainsi que son étroite complicité avec les narco-séparatistes qu’elle sait instrumentaliser à souhait contre L’Etat malien.
C’est dès lors que même les plus sceptiques commencèrent à se faire une idée claire des vrais motifs de la présence française sur notre sol. Même si cet acte de grande bravoure avait et continue d’être saboté par des détracteurs véreux de l’homme (Moussa Mara), il est et continue d’être perçu par une bonne frange de l’opinion nationale comme un acte héroïque, digne de tout patriote sincère et tous demeurent convaincus que n’eût été une forfaiture «laide» de la France, Kidal serait jusqu’à nos jours sous contrôle total du Mali.
C’est pourquoi «l’énigmatique» déroute de l’armée à Kidal avait causé chez l’ensemble des Maliens, une colère noire, allant jusqu’à favoriser la naissance d’un sentiment anti-français. Pour ce faire, l’on se rappelle que des organes de la société civile avaient ouvertement appelé au boycott des produits français, car le peuple avait désespérément ras-le-bol du double visage de la France, un pays n’ayant autre destin que de nuire aux intérêts des plus faibles.
L’Histoire est, sans nul doute, impitoyable envers ceux qui sont incapables de tirer les meilleurs enseignements des erreurs ou faiblesses du passé. Notre indépendance et notre souveraineté nationales ne resteront que de vains concepts aussi longtemps que notre peuple ne sera pas en mesure de se responsabiliser pleinement face aux exigences de son Destin. La liberté ne s’octroie guère, mais plutôt se conquiert.
La Nation toute entière et ses élites doivent, enfin, savoir dire NON au double jeu de plus en plus insoutenable de la communauté (dite) internationale, particulièrement la France : cette «bête malfaisante» qui n’aura jamais fini de nous déshumaniser et dont l’indéniable responsabilité dans la tragédie de notre armée lors des événements du 21 mai 2014 demeure une de ces preuves irréfutables de sa duplicité et de sa grande monstruosité à l’encontre de ceux qu’elle appelle, ironiquement, ses «amis».
Citoyens du Mali, le respect de notre dignité n’est réellement qu’entre nos seules mains. Les irrévérences politiques les plus infâmes de la France envers notre Etat et notre Peuple, ne peuvent plus durer !
Modibo Kane DIALLO