Après la stabilisation, la consolidation des acquis économiques « Tous les signaux sont au vert », déclarait solennellement le ministre de l’Economie et des Finances, Mamadou Igor Diarra, à la faveur de l’émission télévisée « Le Forum de la presse » de l’ORTM. Et, aujourd’hui, toutes les conditions semblent réunies pour l’atteinte de l’objectif ultime du chef de l’Etat qui est l’émergence économique du Mali. Et, après un taux de croissance record de 7,2% en 2014 contre 1,7% une année plutôt, malgré la crise que connaît le pays, les bases d’un développement économique du Mali se solidifient. Pour le ministre de l’Economie et des Finances, « 2015 est l’année de la consolidation. »
Pour prendre en charge les priorités du pays telles que définies par la Déclaration de Politique Générale du chef du gouvernement et conformément au Projet de société du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, le Ministère de l’Economie et des Finances a organisé un collectif budgétaire.
Réduction de la dette intérieure du pays
Le ministre Diarra soutient en effet que l’Etat du Mali a « payé en mandats globaux au niveau du trésor en un semestre pratiquement 500 milliards F CFA, sur lesquels 152 milliards étaient des mandats de 2014. » Toute chose qui réjouit le Président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Mali (APBEF), Moussa Alassane Diallo.
L’Etat du Mali a consenti d’énormes efforts pour la réduction de la dette intérieure du pays à la fin de l'année 2014 et surtout au premier trimestre de l'année 2015, reconnaît Moussa Alassane Diallo. Selon le PDG de la Banque nationale de développement agricole (BNDA-SA), « le montant global de la dette intérieure réglée est de 200 milliards de nos francs au 1er trimestre 2015. A la date du 30 juin 2015, les emplois bancaires ont atteint 2800 milliards de F CFA ». Ces résultats encourageants l’ont été grâce à l’implication personnelle du chef de l’Etat et du ministre de l’Economie et des Finances.
Des exonérations pour soulager les consommateurs et appuyer les opérateurs
Au cours de cette année 2015, l’Etat a également pris en charge les exonérations des denrées de première nécessité dont le sucre et le riz en période de soudure et a procédé aux augmentations salariales possibles en accord avec les principales syndicales. Ces efforts du gouvernement ont considérablement amélioré ses relations avec ses partenaires dont ceux du secteur commercial, principaux acteurs de la relance de l’économie nationale et de la création d’emplois. Mamadou Igor Diarra s’en félicite d’ailleurs, car « toutes les conditions sont aujourd'hui réunies pour que les opérateurs économiques du Mali puissent faire du commerce, investir afin de créer de la richesse, mais surtout de créer des emplois. »
Les banques et établissements financiers ne sont pas en reste
Les banques maliennes et autres établissements financiers participent aussi à la relance de l’économie nationale via notamment le financement des petites et moyennes entreprises. Les banques et établissements financiers (au nombre respectivement 14 et 13 aujourd’hui) constituent, pour le ministre Diarra, un atout pour le pays. Et ce d’autant plus qu’ « en un semestre, les crédits à l'économie se sont élevés à 30 milliards. » Même constat au niveau des professionnels des banques et finances. Le président de l’ABPEF, qui promet que, les banques apporteront 400 milliards F CFA en besoins de bons du trésor à l’Etat, les son association forme un partenariat fécond avec l'Etat.
Un taux de croissance prometteur de 6% en 2016
Le retour de la paix, avec la signature de l’Accord d’Alger, augure de belles perspectives. Le ton pour l’émergence économique souhaitée par le chef de l’Etat est ainsi donné. Le ministre de l’Economie et des Finances est optimiste : « nous tablons sur un taux de croissance de 6% en 2016. Ce qui serait aussi un autre record après celui de 2014 (7,2%, ndlr). L'économie a vu accroître une multitude de financements. Ce sont par exemple presque 200 milliards de F CFA de projets et conventions signés avec les partenaires dans les domaines de l'autonomisation des femmes, du soutien au pastoralisme, de l’enseignement, de l'énergie, et des partenariats publics/privés pour des barrages, des centrales solaires. L'économie du Mali est en mouvement. Les obstacles que constituaient les instances de paiement ont pu être levés. »
Le développement économique du Mali passe par l’agriculture
Les projections de la campagne en cours en zone cotonnière sont de 650.000 tonnes, révèle le ministre Diarra, qui espère qu’avec les cours mondiaux du coton permettront de booster l’économie nationale. « Le secteur cotonnier créera en effet une grande richesse. », dira-t-il en substance. Des solutions en vue d’« améliorer certaines filières comme le sésame, le cajou, la gomme arabique, l’élevage et l’aviculture » sont envisagées. La mécanisation de l’agriculture est aussi au programme du gouvernement. Le gouvernement s'engage aussi à équiper les agriculteurs et à rendre disponibles les semences. L’objectif à long terme est de réussir à réaliser l’autosuffisance alimentaire et donc de passer d’une agriculture de survivance à une agriculture commerciale, c’est-à-dire, générant des richesses pour les paysans.
Les services de l’assiette au four et au moulin
Même si la situation politico-sécuritaire que vit le pays impacte négativement les activités des services de l’assiette, principalement les services des impôts et des douanes dans les régions septentrionales, les douanes notamment arrivent à tirer leur épingle du jeu. La hausse des recettes douanières en est une parfaite illustration. « Ces deux dernières années, les importations de marchandises connaissent une évolution en termes de recettes douanières. En 2014, les douanes ont réalisé une recette de 341 milliards F CFA. L'objectif pour 2015 est de 450 milliards. 265 milliards F CFA ont été déjà réalisés à mi-parcours. Il reste donc à réaliser 184 milliards d'ici à la fin de l'année. », se félicite le patron des gabelous.
Si les recettes douanières ont connu une certaine hausse, elles ne font pas que des heureux cependant dans les rangs des principaux concernés que sont les importateurs. Mais les services de douanes ont une explication rationnelle à ces changements : « en janvier 2015, le tarif extérieur commun de l'UEMOA a été mis en œuvre, qui correspond à une politique communautaire de protection des entreprises afin d'orienter les importations vers les produits dans la communauté. Certaines lignes ont ainsi connu des aggravations de fiscalités. Il s'agit notamment de la cinquième bande qui est taxée à 35% alors que dans le tarif UEMOA, le taux le plus élevé était de 20% pour les droits de douanes. »
« Depuis l'arrivée d'IBK, l'économie malienne s’est remise de la crise… »
Les rapports avec les partenaires techniques et financiers du Mali comme la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI) sont au beau fixe. "Le Mali entretient de bonnes relations avec la Banque Mondiale et le FMI. Et, depuis l'arrivée d'IBK, l'économie malienne s’est remise de la crise.", constate-t-on à la représentation de la Banque Mondiale et du FMI au Mali. Le soutien financier du FMI au Mali se chiffre à 23 milliards de F CFA sur trois ans. Soit un décaissement de 3 milliards par semestre. Il reste aujourd'hui à décaisser 12 milliards de nos francs.
Les institutions financières internationales s’emploieront aussi à démarcher les partenaires à venir investir au Mali. Le prochain Forum des investisseurs, prévu à Bruxelles, sera l’occasion de pour faire la promotion de la destination Mali auprès des investisseurs étrangers.
La reconstruction du nord et le financement des projets en ligne de mire
La coopération avec les bailleurs étrangers se poursuit et, il y a quelques semaines, le ministre de l’Economie et des Finances, en déplacement en Arabie Saoudite, a pu arracher un accord de prêt de plus 8 milliards de nos francs avec la Banque Islamique de Développement destinés au financement du Programme Développement des Ressources Animales et Aquatiques au Sahel Occidental.
Mamadou Igor Diarra a présenté également, au cours de son voyage, aux responsables du Fonds Saoudien de Développement plusieurs autres projets de développement au Mali dont certains sont en cours de réalisation. Il s’agit entre autres de l’adduction d'eau de Bamako à partir de Kabala, du Projet de développement agricole de Djenné, la réalisation des routes Sévaré-Gao, Sikasso-Zégoua et Goumbou-Nara, mais aussi du quatrième pont de Bamako et du barrage de Taoussa. Il a surtout été question de la reconstruction du nord du Mali avec les partenaires arabes.
Amadou Salif Guindo