Les jeunes Maliens sont sortis vainqueurs du duel les opposant à leurs camarades sénégalais, mais c’est l’Afrique qui gagne dans sa quête de démocratie et d’intégration
Nos champions qui ont remporté la première édition d’un concours de débat public dédié à l’intégration africaine sont rentrés mercredi. Il était 19h03 quand l’avion qui les a transportés de Dakar à Bamako, s’est immobilisé sur le tarmac de l’aéroport Bamako-Senou. A l’accueil des cracks, l’épouse du président de la République, Mme Keïta Aminata Maïga, le président de la Transition, le Pr Dioncounda Traoré, parrain de l’événement, et le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Me Mountaga Tall.
Outre les personnalités, beaucoup d’anonymes étaient venus à l’aéroport pour dire leur fierté pour la victoire de notre pays dans la première édition de ce trophée des Premières dames de la zone UEMOA, trophée dédié à l’intégration africaine et portant le nom de Mme Keïta Aminata Maïga.
C’est dans une atmosphère de fierté partagée que les vedettes du jour sortirent de l’avion brandissant les deux trophées remportés : le trophée de l’intégration et celui du meilleur orateur.
Il convient de rappeler que le coup d’envoi de la compétition avait été donné dans notre capitale. La phase-aller de cette première édition avait pour thème : « La Fédération du Mali aurait-elle été profitable aux deux pays ? ». Il s’agit d’un concours de débat public opposant des futurs leaders des universités et écoles de formation supérieure. L’initiative est venue de l’ONG « Agir » et de l’ACC (Association pour la conscience citoyenne). A sa naissance, elle était intitulée « Profil du citoyen », une émission diffusée sur l’ORTM.
Lors de cette émission, des jeunes leaders s’affrontaient par le biais de joutes oratoires sur des questions essentielles comme l’intégration africaine, la monnaie unique, les politiques sectorielles, l’environnement et le développement. Avec le succès rencontré par les précédentes émissions, l’ONG « AGIR » et son partenaire ACC ont jugé intéressant de porter ce grand événement sur la place de l’Afrique où des jeunes universitaires vont représenter leur pays et débattre de thèmes tels que le développement et l’émergence de l’Afrique.
Ainsi, «Profil du citoyen » a fait place à «Profil du citoyen panafricain ». Pour cette première édition du concours, l’honneur est revenu à notre pays et au Sénégal de croiser le verbe. Il s’agit d’une compétition annuelle qui va désormais opposer des étudiants post Bac représentant leur pays respectifs. Les candidats vont débattre d’un thème choisi par une personnalité politique, économique ou d’un autre domaine.
La règle du jeu est simple : une fois le thème connu, un pays, choisi par tirage au sort, défendra l’assertion tandis que l’autre niera sa pertinence. Le jury appréciera le niveau de chaque débateur (et de chaque pays) et désignera le vainqueur. L’objectif de ce grand débat citoyen qui touche à l’intégration africaine est, selon ses initiateurs, de permettre à la jeune génération de se situer par rapport à l’histoire.
Pour la première phase, l’équipe malienneavait la tâche de défendre le «oui» alors que l’équipe sénégalaise soutenait le «non»face au jury. Aprèsune heure de débat et d’échanges, c’est l’équipe malienne qui est sortie vainqueur de ce premier duel. Cependant, le meilleur orateur était le Sénégalais Sering Momar Sarr.
Comme prévu, l’équipe malienne s’est rendue à Dakar samedi dernier pour la manche retour. Le Grand théâtre de Dakar où se déroulait l’événement était aux couleurs de l’intégration africaine. Les jeunes universitaires maliens et sénégalais se sont de nouveau confrontés par le biais de joutes oratoires sur la question : « La CEDEAO doit-elle se doter d’une monnaie unique ? ».
Pour cette seconde manche, le Mali défendait le « non » et le Sénégal le « oui ». Si le Sénégal a remporté cette manche, le Mali a totalisé le plus grand nombre de points sur les deux « matches ». L’équipe malienne a ainsi remporté « Le trophée de l’intégration africaine Mme Keïta Aminata Maïga ». Elle s’octroie également « le trophée de la paix Marième Sall », trophée baptisé du nom de la Première dame du Sénégal.
La compétition s’est déroulée en présence du Premier ministre sénégalais, du parrain de l’édition, Dioncounda Traoré, du ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, Mahamane Baby, et des représentants de l’ONG « Agir » et de l’association ACC.
A l’accueil des champions, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Me Mountaga Tall, a exprimé la fierté de tout le pays, relevant que grâce à leur parcours, ces jeunes gens ont réussi à démentir pas mal d’images négatives sur notre enseignement supérieur. « Ils ont démontré que si l’on veut, l’on peut et que la formation est une question collective certes mais aussi d’engagement et de volonté personnelle », a ajouté le ministre.
Dioncounda Traoré a salué une belle victoire dont il y a tout lieu de se réjouir. Cependant, a-t-il estimé, c’est l’Afrique qui gagne dans sa quête de démocratie, d’intégration et d’unité. « Le cheval qui a été enfourché par la Première dame semble être le meilleur. On a tous intérêt à être beaucoup plus Africains. Ceux qui nous ont conduit à l’indépendance l’avaient compris très tôt. Il nous appartient de nos jours de remettre ces valeurs à l’ordre du jour si nous voulons que l’Afrique s’en sorte », a préconisé le parrain de l’évènement.
L’épouse du président de la République a salué la bravoure de nos champions. Mme Keïta Aminata a, par ailleurs, remercié les sponsors et le parrain de l’événement.
L’initiative de l’ONG « Agir» et de l’association ACC s’ouvrira à d’autres pays pour ses prochaines éditions. Elle vise à promouvoir la citoyenneté et le dialogue intergénérationnel ; à former les jeunes Africains à la culture du débat et à la recherche ; à promouvoir l’intégration africaine et renforcer les bases de la démocratie participative.
M. A. TRAORE