Au Mali, une frange importante de la population vulnérable n’arrive pas à couvrir convenablement ses besoins alimentaires, malgré les efforts importants consentis par le gouvernement pendant les deux dernières décennies. Pour mieux répondre à ces crises cycliques, les autorités ont décidé d’organiser du 18 au 21 janvier un forum visant particulièrement à adapter les outils de prévention et de gestion des crises alimentaires et nutritionnelles.
« Avoir faim ou souffrir de faim est la pire humiliation pour un homme », déclarait Bakary Semega, le maire adjoint du district de Bamako. Dans la salle du Centre international de conférence de Bamako où il tenait ces propos étaient réunis les participants au forum sur les « outils de prévention et de gestion des crises alimentaires et nutritionnelles au Mali ».
La rencontre arrive à point nommé, selon Fatma Saïd, la représentante de la FAO au Mali, parlant au nom des partenaires techniques et financiers du pays. En effet, le forum enrichit le processus en cours visant à réformer en profondeur le dispositif national de sécurité alimentaire et nutritionnelle du Mali sur la base des recommandations de l’audit réalisé avec l’appui de l’Union Européenne et l’accompagnement d’autres partenaires.
Les défis en matière de sécurité alimentaire restent nombreux et ils doivent être relevés très rapidement aux dires de la représentante de la FAO. En 2050, le Mali comptera entre 60 et 50 millions d’habitants, alors que la planète en comptera 9 milliards. Cette augmentation démographique exercera une pression sur les ressources naturelles et alimentaires que toute crise ou catastrophe intervenant dans ce contexte pourrait exacerber.
Régulièrement, le Mali est confronté à des crises alimentaires et nutritionnelles causées par des facteurs complexes. Ces crises, selon Fatma Saïd, détériorent les moyens d’existence des populations et portent gravement atteinte aux mécanismes endogènes qui président à l’organisation même de la communauté dont les droits humains fondamentaux (l’alimentation, l’éducation, la santé) sont menacés.
Il s’agit à présent de changer le cadre institutionnel et organisationnel de gestion de la sécurité alimentaire mis en place depuis les années des grandes sécheresses de 1974. Les organes de gestion doivent ainsi évoluer pour être à la hauteur des attentes légitimes des parties prenantes afin d’améliorer leur efficacité dans la prévention et gestion des crises alimentaires et nutritionnelles qui reviennent fréquemment.
Une nouvelle ère de collaboration renforcée est initiée entre le Mali et ses partenaires qui ont soutenu le forum. « Dans le cadre de cette confiance renouvelée entre les parties, l’UE a prévu un budget de 16 milliards de F CFA (25 millions d’euros) qui sera mis à la disposition du gouvernement pour appuyer la mise en œuvre de la reforme », a déclaré Andzej Bielecki, chargé d’affaires à la Délégation de l’UE à Bamako.
Soumaila T. Diarra