Le Mali d’IBK commence à faire peur même à ses irréductibles et fervents supporteurs. Nombreux étaient les maliens qui s’étaient mobilisés lors de deux tours des élections présidentielles en 2013 pour voter IBK. Les langues commencent à se délier. La plupart des électeurs qui avaient glissé leur bulletin pour lui s’interrogent aujourd’hui sur l’avenir du Mali. Ni les scandales qui sont devenus la marque du régime, ni les dépenses somptuaires, encore moins les multiples voyages, n’ont entamé le moral de ses partisans. Mais, le manque de visibilité et de lisibilité du régime font douter plus d’un sur la capacité du Président de la République à redresser la barre du Mali où tout est aujourd’hui prioritaire. Qui ne se rappelle pas des injures proférées par les partisans d’IBK à l’endroit des autres candidats sur les ondes des radios de la place en 2013 ? Qui ne se rappelle pas des consignes ouvertement données dans des lieux de culte et dans les garnisons militaires en faveur de celui qu’on faisait passer pour le « messie » ? Qui ne se rappelle pas des actes posés par certaines hautes autorités de la République, en l’occurrence des ministres qui ont mobilisé des fonds et battu campagne pour IBK au détriment de leurs candidats ? Qui n’a pas été séduit par les slogans de campagne et les portraits géants du candidat IBK ? Des slogans qui avaient valeur de projet de société. Deux ans et cinq mois de gouvernance, le Mali est toujours à la case départ. La crise du nord s’est empirée, les attaques sont devenues quotidiennes. Huit mois après la signature de l’accord de paix et de réconciliation, les lignes n’ont pas bougé comme annoncé. Le sud aussi est en proie à une insécurité de plus en plus grandissante. La gouvernance est de loin la plus vertueuse. La corruption, la gabegie, la concussion, le népotisme avec leurs lots de scandales à répétition, sont devenus le mode de gestion du régime. Les conséquences de cette gouvernance en manque de rigueur, de vision et d’inspiration sont la dégradation constante des conditions de vie de la population, le banditisme résiduel, le chômage croissant des jeunes.
Le doute est plus que jamais permis car les fruits n’ont pas jusque là tenu la promesse des fleurs. Alors si un tant soit peu le président de la République a l’ambition de rempiler pour un second mandat, il lui reste tout au plus un an pour redresser sa gouvernance aux antipodes des aspirations du peuple. Dans le cas contraire, il pourrait être désagréablement surpris par la sanction du peuple en 2018. IBK peut encore changer, attendons de voir.
Youssouf Sissoko