Les membres du conseil de sécurité ont reconnu la pertinence des actions engagées par le gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de paix
« Le Mali et l’Onu sont parfaitement en phase », a résumé le ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord, Hamadoun Konaté à l’issue d’une rencontre hier avec les membres du Conseil de sécurité de l’Onu à la Cité administrative. Après une visite de terrain « très instructive » à Mopti et à Tombouctou, les membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont rencontré les membres du gouvernement pour livrer leurs analyses et leurs sentiments. Les deux parties ont essentiellement parlé de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et de la lutte contre le terrorisme. La rencontre à huis-clos a duré plus de deux heures d’horloge.
Pour le ministre Konaté qui présidait la réunion, les messages du gouvernement ont été parfaitement entendus. Ces messages sont clairs et s’articulent autour de quatre points essentiels, a-t-il assuré en précisant que le premier était de poursuivre la mise en œuvre de l’accord d’une manière diligente, intelligente et inclusive. Tout en gardant à l’esprit le nécessaire leadership du gouvernement. Le deuxième message a consisté à indiquer clairement que le gouvernement n’a pas accusé de retard dans la tenue de ses engagements. Même s’il faut noter un long démarrage dans la mise en place de certaines instances de suivi et d’évaluation.
Le troisième point, a expliqué Hamadoun Konaté, portait sur la nécessité de repenser la gestion de la sécurité dans notre pays. A ce niveau, il fera remarquer que les forces armées et de sécurité font leur travail avec courage, mais le défi dépasse quelques fois les capacités nationales. Il convient alors d’envisager un schéma international permettant de fédérer les efforts internationaux pour arriver au bout de la menace terroriste. Le quatrième et dernier point évoqué par le gouvernement avait trait au besoin urgent d’envisager des actions intenses de développement et de reconstruction des régions du Nord qui passent de trois à cinq. Hamadoun Konaté a précisé au passage que le Mali a déjà débloqué sa part d’engagement financier pour faire face à ce grand chantier.
Le ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord a balayé d’un revers de la main l’idée selon laquelle l’Etat du Mali traîne les pieds dans la mise en œuvre de l’accord. En appui à son propos, il citera la création de deux nouvelles entités régionales, la mise en place de la Commission vérité, justice et réconciliation, les foras de dialogues intercommunautaires, la relecture en cours du Code électoral… Il a annoncé aussi la création de collèges intérimaires en attendant le moment propice pour l’organisation d’élections sur toute l’étendue du territoire national.
Rien de toute cette batterie d’actions ne sera consolidé sans l’accompagnement soutenu de la communauté internationale, a soutenu le ministre Konaté, qui a salué la qualité de l’appui des Nations unies dans la gestion de la crise. Pour lui, l’accord pour la paix et la réconciliation est une opportunité de refondation de notre pays au grand bénéfice de tous ses enfants. C’est pourquoi, il a estimé qu’il faut aller vite en mettant en place les conditions nécessaires au retour des déplacés et de l’administration ainsi que l’armée dans les localités jusqu’ici sevrées de tout.
Le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop a lui aussi trouvé « franches » les discussions avec les membres du Conseil de sécurité. Pour lui, le mandat de la Minusma semble obsolète compte tenu de la montée en puissance de la nuisance des ennemis de la paix. Le chef de la diplomatie a alors suggéré à l’Onu de revoir sa copie pour permettre à sa force établie en territoire hostile de supprimer le danger en amont. « Prévenir vaut mieux que guérir. Il y a trop de morts », a déploré Abdoulaye Diop.
Côté onusien, le diplomate sénégalais Fodé Seck a reconnu que des imperfections sont constatées avant de promettre une amélioration substantielle des opérations. Il a surtout félicité et encouragé le gouvernement pour les initiatives entamées et les actions réalisées dans le cadre de la mise en confiance entre les parties. Le forum de Kidal a rencontré l’adhésion totale du Conseil de sécurité, selon le représentant français François Delattre qui a invité le gouvernement à aller plus vite dans la mise en œuvre de la décentralisation. Le cantonnement et le désarmement sont conditionnés à un certain nombre de facteurs, notamment la réintégration des ex-rebelles, a prévenu le diplomate français qui a reconnu, comme son homologue sénégalais, les efforts courageux de l’Etat.
« Les échanges étaient francs et je crois que les missionnaires ont bien compris les positions du gouvernement et ont apprécié ce qui a été fait », a estimé le ministre de la Réconciliation Zahabi Ould Sidi Mohamed qui est sorti « satisfait » d’une rencontre « importante ».
A. M. CISSE